Depuis le 31 janvier 2024, les patients bénéficient d’un nouveau traitement d’immunothérapie contre le vitiligo, disponible sous la forme d’une crème. Une formidable avancée pour les patients atteints de cette maladie cutanée, qui touche entre 0,5 et 1 % de la population mondiale.
Une crème qui cible le mécanisme de dépigmentation de la peau
En 2023, un médicament obtient la première autorisation de mise sur le marché contre le vitiligo en Europe, le ruxolitinib. Il s’agit d’un médicament d’immunothérapie, disponible sous la forme d’une crème. Il s’applique deux fois par jour sur les zones cutanées dépigmentées. Le vitiligo est une maladie dermatologique chronique d’origine auto-immune, fréquemment associée à des troubles thyroïdiens auto-immuns, hypothyroïdie ou hyperthyroïdie.
L’apparition de tâches blanches dépigmentées, caractéristique de la maladie, est liée à la destruction des mélanocytes, ces cellules de la peau qui sécrètent la mélanine, le pigment de la peau. Avec le nouveau traitement d’immunothérapie, le processus de destruction des mélanocytes est directement ciblé. Il limite donc la dépigmentation de la peau.
Le ruxolitinib, un médicament efficace et bien toléré
Le vitiligo est considéré comme une maladie bénigne, mais se montre particulièrement handicapante, avec un impact considérable sur la qualité de vie et la santé psychologique des patients.
À savoir ! Contrairement aux idées reçues, le vitiligo n’augmente pas le risque de développer un mélanome. Au contraire, des études épidémiologiques ont montré que le risque de développer un mélanome était réduit chez les patients atteints de vitiligo, par rapport à la population générale.
Jusque-là, les traitements du vitiligo associaient deux types de thérapies : les traitements de la phase active au moment des poussées de vitiligo et les traitements de repigmentation. Le plus souvent, les traitements des poussées associent des corticoïdes et une photothérapie UVB. Une fois la poussée calmée, la repigmentation de la peau n’est possible qu’avec une exposition aux UVB.
Le ruxolitinib a montré dans les essais cliniques une bonne efficacité et une bonne tolérance. Son efficacité est particulièrement importante sur les lésions du visage, et dans une moindre mesure sur les lésions du corps. Des études cliniques sont actuellement en cours pour évaluer l’intérêt d’associer le ruxolitinib avec les UVB, avec des premiers résultats plutôt prometteurs. Parallèlement, des médicaments ayant le même mécanisme d’action que le ruxolitinib mais administrés par voie orale, sont en cours de développement et d’évaluation clinique.
Un médicament en accès direct
Après l’autorisation de mise sur le marché en avril 2023, la HAS s’est prononcé en faveur du remboursement de la crème contre le vitiligo en novembre 2023. En attendant que le médicament soit disponible dans les pharmacies de ville, il est accessible pour les patients dans le cadre de la procédure dite d’accès direct, dans les pharmacies hospitalières, où il est remboursé à 100 % par l’Assurance maladie.
Le ruxolitinib est prescrit par les dermatologues pour les patients, adultes et adolescents de plus de 12 ans, atteints de vitiligo non segmentaire, c’est-à-dire d’un vitiligo touchant les deux côtés du corps, y compris le visage. La crème est à appliquer deux fois par jour, sur 10 % du corps au maximum au cours d’une même application. Une innovation thérapeutique qui constitue une formidable avancée pour les patients atteints de cette pathologie stigmatisante.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– OPZELURA : crème de ruxolitinib pour traiter le vitiligo. www.vidal.fr. Consulté le 8 avril 2024.
