Vers une meilleure compréhension de la polyarthrite rhumatoïde ?

Actualités Rhumatologie

Rédigé par Deborah L. et publié le 17 septembre 2024

En France, on estime que 200 000 personnes souffrent de polyarthrite rhumatoïde, une maladie inflammatoire chronique des articulations. Et si les caractéristiques de cette maladie étaient différentes selon l’âge du patient au moment de son apparition ?  C’est ce que suggère une récente étude turque selon laquelle les choix thérapeutiques pourraient ainsi différer. On fait le point.  

polyarthrite rhumatoides

La polyarthrite rhumatoïde : une maladie hétérogène 

La polyarthrite rhumatoïde désigne une maladie inflammatoire chronique des articulations d’origine auto-immune. Cette maladie se caractérise par la fabrication par le patient lui-même d’auto-anticorps qui endommagent la membrane synoviale de ses propres articulations. S’ensuivent une inflammation, la destruction progressive du cartilage ainsi que la déformation des articulations des mains et des pieds principalement.  

À savoir ! La membrane synoviale recouvre les articulations et fabrique un liquide appelé « synovie » chargé de lubrifier les articulations.

En France, on estime que la polyarthrite rhumatoïde touche près de 200 000 personnes, principalement des femmes. Mais vu que cette maladie reste très hétérogène, des scientifiques turques ont entrepris de mener une étude pour analyser les différences dans les caractéristiques démographiques, les comorbidités associées et les choix des traitements selon l’âge du patient au moment de son apparition.  

Des comorbidités qui varient selon l’âge d’apparition de la maladie 

Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs ont exploité des données issues du système « E-Pulse » entre janvier 2016 et décembre 2022. Ils ont ainsi pu identifier 347 902 patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde et d’âge médian 56 ans. 79,5 % de ces patients étaient des femmes. 

À savoir ! Depuis 2016, le système « E-Pulse » stocke les dossiers cliniques de plus de 80 millions de personnes en Turquie.

Ces patients ont été répartis en deux groupes :  

  • Un groupe « polyarthrite rhumatoïde à début tardif » : composé de patients âgés de plus de 65 ans (âge médian 71 ans) au moment de la première mention du diagnostic dans la base de données « E-Pulse » (soit 26,1 % des patients). 
  • Un groupe « polyarthrite rhumatoïde à début précoce » : composé de patients âgés de moins de 65 ans au moment de la première mention du diagnostic dans la base de données « E-Pulse » (âge médian 51 ans).  

Après analyse des données, il en ressort que les maladies auto-immunes associées à la polyarthrite rhumatoïde s’avèrent moins fréquentes chez les patients âgés de plus de 65 ans que chez les patients de moins de 65 ans. Pour exemples, la maladie de Sjögren (3,9 % chez les plus de 65 ans contre 5,8 % chez les moins de 65 ans), le lupus (1 % chez les plus de 65 ans contre 3,6 % chez les moins de 65 ans et la sclérodermie systémique 0,9 % chez les plus de 65 ans contre 1,3 % chez les moins de 65 ans).  

En revanche, les autres comorbidités telles que le cancer, le diabète, l’hypertension artérielle, l’hyperlipidémie, ou l’insuffisance rénale chronique se sont révélées plus fréquentes chez les patients plus âgés.  

S’agissant des traitements proposés aux patients, ils diffèrent en fonction de l’âge. C’est ainsi que parmi les traitements conventionnels (les csDMARDs), trois médicaments ont été moins proposés au groupe de patients souffrant de « polyarthrite rhumatoïde à début tardif ». Il s’agit du méthotrexate, de la sulfasalazine et de l’hydroxychloroquine. Seul le léflunomide a été utilisé un peu plus fréquemment (37,7 %  chez les plus de 65 ans contre 32 % chez les moins de 65 ans). 

À savoir ! Les traitements de fond dans les rhumatismes inflammatoires chroniques sont appelés DMARDs (pour Disease-modifying antirheumatic drugs). 
Quant aux traitements biologiques (appelés bDMARDs), leur prescription s’est révélée nettement moindre chez les plus de 65 ans. C’est ainsi que l’abatacept et le rituximab ont été privilégiés chez ces patients, pour des raisons pouvant être liées à la simplicité d’administration ou au profil de sécurité. 

A travers ces résultats, cette nouvelle étude permet ainsi de mieux cerner les différentes caractéristiques de la polyarthrite rhumatoïde  selon l’âge des patients au moment de son apparition ainsi que les choix thérapeutiques qui en découlent. 

Déborah L., Dr en Pharmacie 

Sources :  

Sources
– PR à début précoce ou tardif, même combat ? rhumatologie.lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 9 septembre 2024.