Chute historique des naissances et de la prématurité depuis la crise Covid-19

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Rédigé par Dina H. et publié le 10 novembre 2021

Le centre d’épidémiologie périnatale (CEpiP), a étudié les effets de la crise de la Covid-19 sur les naissances de 2020 en régions bruxelloise et wallonne. Le principal constat a été une chute des naissances et de la prématurité.

Chute des naissances

Un déclin des naissances

D’après ce rapport épidémiologique, le nombre de naissances a fortement décliné de 3.6% entre 2019 et 2020. Il est à noter que durant les 8 années précédentes, la baisse analysée entre 2012 et 2019 était de 7.3%. En d’autres termes, en 1 an, il y a eu deux fois moins de naissances que en 8 ans !

Par ailleurs, d’après les chiffres de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques), nous assistons à une baisse des naissances de 2.4% en France entre 2019 et 2020 avec 735 200 bébés nés en France en 2020.

À savoir ! L’épidémiologie est une discipline scientifique qui étudie les données de santé des populations (fréquence, répartition dans l’espace et le temps), et les facteurs et les déterminants qui les impactent.

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Une chute des naissances prématurées

Parallèlement à la baisse générale des naissances, on observe par ailleurs une diminution plus particulière des naissances prématurées Entre le 1er et le dernier jour du 1er confinement (mars-décembre 2020), une variation de -8.9% de la proportion des prématurés, a été enregistrée, parmi le nombre total de naissances issues de grossesses uniques. Cette chute des naissances prématurées, concernant majoritairement la prématurité tardive (accouchement entre la 34 et la 36ème semaine d’aménorrhée (SA)) peut être expliquée par la baisse, voire l’arrêt des activités professionnelles pendant cette période, engendrant une diminution du stress et du rythme de vie. Les pistes d’une diminution de l’exposition de la femme à la pollution et aux infections pendant le confinement sont aussi évoquées par les médecins.

À savoir ! La prématurité est définie comme un accouchement ayant lieu avant la 37ème SA, soit avant 8 mois et demi de grossesse. Une grossesse normale dure normalement 41 SA, soit 9 mois et demi.

À savoir ! L’aménorrhée correspond à l’absence de règles. Une semaine d’aménorrhée correspond donc à une semaine après la date des dernières règles.

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Une corrélation surprenante entre ces variations et la crise de la Covid-19

D’après l’INSEE, entre le 15 décembre 2020 et le 15 février 2021, il a été enregistré une chute historique de 10.2% des naissances par rapport à la même période l’année précédente. Cette période, située entre la 2ème (septembre-novembre 2020) et la 3ème vague (mars-avril 2021), correspond à une fécondation 9 mois plus tôt, mois-pour-mois, à la première vague (mars-mai 2020).

Neuf mois après le début de la crise, nous remarquons donc une baisse significative des naissances. Nous observons également des rebonds correspondant aux sorties des confinements, mais le taux de naissance reste inférieur aux années précédentes. Cette baisse est d’autant plus forte que la région était touchée par la Covid-19, avec des baisses dépassant les 10% dans les 4 régions ayant eu une augmentation de 20% des décès 9 mois plus tôt (Île-de-France, Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est). Les régions avec le moins de décès ont eu le moins de baisse des naissances : − 6 % en Normandie et en Bretagne, et − 7 % en Nouvelle-Aquitaine.

Un autre phénomène vient en appui à cette corrélation. Les femmes les plus jeunes sont celles qui ont la baisse la plus prononcée. Moins 21.3% de naissances a été enregistré, entre le 15 décembre 2020 et le 15 février 2021, pour les femmes de moins de 20 ans, par rapport à la même période l’année précédente. Les femmes âgées de 40 ans ou plus, se placent en 2ème place avec une baisse de -16.5%. Nous pouvons expliquer ce phénomène par plusieurs raisons :

  • L’incertitude sur le marché du travail
  • La distanciation physique et géographique entre les couples
  • La fermeture des centres médicaux de procréation médicalement assistée (PMA) destinés aux couples ayant des problèmes d’infertilité.

La baisse la moins importante est ainsi enregistrée pour la catégorie des 25-39 ans (avec -12% de naissances), correspondant à des femmes ayant le plus souvent une situation économique stable et cohabitant avec leur conjoint.

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Dina H., Pharmacienne

Sources
– Chute des naissances et de la prématurité tardive durant la crise de la COVID-19. cepip.be. Consulté le 5 novembre 2021.
– Baisse des naissances neuf mois après le premier confinement : plus marquée pour les femmes les plus jeunes et les plus âgées. insee.fr. Consulté le 5 novembre 2021.