La mort fœtale in utero est un drame qui peut avoir des origines très diverses. Parfois, aucune cause ne peut être identifiée pour expliquer le décès du fœtus. Pour les parents, une question cruciale peut se poser après un tel évènement : quel délai faut-il raisonnablement attendre avant de concevoir un autre enfant ? Une vaste étude a tenté récemment de répondre à cette délicate question.
Qu’est-ce que la mort fœtale in utero ?
La mort fœtale in utero correspond au décès du fœtus après 20 semaines de grossesse. Si la cause du décès peut rester inconnue, plusieurs causes ont pu être identifiées, parmi lesquelles :
- Un décollement placentaire ;
- Un diabète gestationnel mal contrôlé ou non diagnostiqué ;
- Une prééclampsie ;
- Une infection du liquide amniotique ;
- Une pathologie de la thyroïde ;
- Une anomalie du fœtus.
Au-delà de l’immense tragédie que représente un tel évènement, se pose une question essentielle pour les parents et les médecins : combien de temps faut-il attendre avant de retomber enceinte ? S’il existe des recommandations concernant les fausses couches précoces et les interruptions volontaires de grossesse, aucune préconisation n’a été faite sur la mort fœtale in utero.
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Un suivi des naissances sur près de 37 ans
Pour répondre à cette question délicate, des chercheurs ont récemment mené une vaste étude observationnelle en Australie, en Finlande et en Norvège sur 14 452 naissances survenues après une mort fœtale in utero au cours d’une précédente grossesse. Les données ont été comparées avec celles de plus d’1,6 millions de naissances, sans antécédents de mort fœtale in utero. L’objectif de l’étude, menée entre 1980 et 2016, était de déterminer si le délai entre les deux grossesses pouvait représenter un risque pour la grossesse suivante.
Sur l’ensemble des naissances étudiées, 98 % étaient des naissances d’un enfant vivant, parmi lesquelles 18 % étaient des naissances prématurées et 9 % des naissances d’enfants présentant un petit poids de naissance (signe d’un retard de croissance in utero). Au total, 2 % de l’ensemble des naissances étaient des morts fœtales in utero, 88 % d’entre elles survenant avant le terme de la grossesse.
En analysant les données, des intervalles entre deux grossesses inférieurs à une année n’apparaissaient pas associés à un risque accru de :
- Une seconde mort fœtale in utero;
- Une naissance prématurée ;
- Une naissance d’un enfant de petit poids.
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Il est possible de concevoir très rapidement
Les chercheurs ont également observé que les femmes vivant une mort fœtale in utero avaient tendance à débuter une nouvelle grossesse assez rapidement, en moyenne 9 mois après le décès du fœtus, contre 25 mois chez les femmes ayant accouché d’un enfant vivant. Au final, 63 % des femmes concernées étaient à nouveau enceintes moins d’une année après.
Compte tenu des résultats de cette grande étude, rien ne semble indiquer que les femmes doivent attendre plusieurs mois ou années, avant de concevoir à nouveau. Aucune recommandation particulière n’apparait nécessaire après un tel évènement. Toutefois, il est important de prendre le temps d’explorer les éventuelles causes de survenue de cette mort fœtale, pour écarter au maximum tout risque qu’elle se reproduise. Les conséquences psychologiques d’un tel drame sont également essentielles à prendre en compte.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie