Des levures incriminées dans le cancer du sein

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Rédigé par Livie Dufay et publié le 27 novembre 2024

Avec 61 214 nouveaux cas en 2023 et 12 600 décès en 2021, le cancer du sein reste le premier cancer féminin en France, et la première cause de décès par cancer chez les femmes. Si les deux principaux facteurs de risque connus sont l’âge et le sexe, les chercheurs continuent à rechercher des facteurs favorisant l’apparition de ce cancer. Et certains d’entre eux ont récemment pointé du doigt des champignons microscopiques. Explications.

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Quels sont les facteurs de risque du cancer du sein ?

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes, puisqu’il représente un cancer féminin sur trois. Maladie multifactorielle, le cancer du sein est associé à plusieurs facteurs de risque identifiés :

  • L’âge : près de 80 % des cancers du sein se développent après l’âge de 50 ans ;
  • Le sexe: les cas masculins ne représentent qu’1 % des cancers du sein ;
  • Les antécédents familiaux de cancer du sein, liés à des mutations génétiques sur les gènes BRCA1 et BRCA2 ;
  • Les antécédents personnels (cancer du sein, hyperplasie, irradiation du thorax, …) ;
  • La consommation d’alcool;
  • Le surpoids et l’obésité ;
  • Le tabagisme;
  • Une alimentation déséquilibrée;
  • La sédentarité et le manque d’activité physique.

Mais les chercheurs continuent de s’intéresser à d’autres facteurs qui pourraient potentiellement augmenter le risque de développer un cancer du sein. De récentes études ont ainsi permis de révéler l’impact de la pollution atmosphérique. Une étude de 2021 a estimé que chaque année en France 1 700 cas de cancers du sein seraient attribuables aux polluants atmosphériques.

Des levures impliquées dans le cancer du sein ?

Plus récemment, des chercheurs se sont intéressés à un autre facteur, des champignons microscopiques : les levures du genre Malassezia. Ces levures, naturellement présentes dans la flore cutanée, sont déjà connues pour être impliquées dans plusieurs maladies cutanées :

Mais les chercheurs soupçonnent également son rôle dans le développement d’affections plus sévères, dont le cancer du sein. Des premières études ont suggéré que les levures du genre Malassezia pourraient influencer le microenvironnement autour de la tumeur dans le tissu mammaire (tissu fortement lipidique) et ainsi favoriser la progression de la tumeur.

Vers de nouvelles cibles thérapeutiques contre le cancer du sein

Dans une nouvelle étude, des chercheurs ont exploré le rôle de ces levures dans la progression du cancer du sein, à l’aide d’un modèle murin. Ils ont étudié l’influence de la levure sur le métabolisme lipidique et sur les voies du système immunitaire. Ils ont effectivement mis en évidence que la présence des levures au niveau de la tumeur pouvait modifier le métabolisme des lipides, le recrutement des cellules immunitaires et la synthèse des médiateurs immunitaires, en faveur d’une progression de la tumeur. Les levures participent notamment à réduire l’efficacité du système immunitaire dans l’environnement immédiat de la tumeur, facilitant ainsi la multiplication des cellules tumorales.

De telles données doivent désormais être confirmées chez l’homme, à la fois pour démontrer l’implication des levures dans le développement et la progression du cancer du sein et pour mettre en évidence de nouvelles cibles thérapeutiques.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Breast cancer colonization by Malassezia globosa accelerates tumor growth. https://journals.asm.org/doi/10.1128/mbio.01993-24″ target= »_blank »>journals.asm.org. Consulté le 22 novembre 2024.
– Assurance maladie. www.ameli.fr. Consulté le 22 novembre 2024.
– Pollution de l’air et cancers. www.ligue-cancer.net. Consulté le 22 novembre 2024.