Formes sévères de Covid : des anomalies génétiques ?

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Rédigé par Morgane G. et publié le 25 août 2021

Depuis le début de la pandémie en décembre 2019, au moins 4 millions de personnes sont mortes d’une infection par le virus SARS-COV-2. Les signes cliniques des personnes atteintes sont extrêmement variables : si 90% des personnes infectées sont asymptomatiques ou font une forme bénigne de la maladie, 10% sont néanmoins touchées par des formes sévères de Covid nécessitant une hospitalisation. Si l’âge semble être le facteur de risque le plus important, plusieurs études mettent également en avant le facteur génétique.

Formes sévères de Covid : des anomalies génétiques

Présence d’auto-anticorps chez les patients atteints de formes sévères de Covid

Plusieurs études récentes font état d’une découverte intéressante. Elles montrent que chez de nombreux patients, les formes sévères de Covid pourraient être liées à une déficience du système immunitaire d’origine génétique. Des auto-anticorps ont en effet été retrouvés chez 13% des patients admis en soins critiques pour infection à la Covid-19 et en particulier chez 21% des patients de plus de 80 ans. Les auto-anticorps ont la capacité de neutraliser de grandes quantités d’interférons. Les interférons, protéines aidant à réguler l’activité du système immunitaire, sont en effet essentiels pour la protection contre les infections respiratoires par le virus SARS-COV-2. Chez 13% des patients atteints d’une forme sévère de Covid, la présence de ces auto-anticorps tend à neutraliser massivement les interférons agissant contre le virus SARS-COV-2, ce qui empêche une réaction immunitaire adéquate. 18% des patients décédés de la Covid-19 en était porteurs. Les études montrent également qu’ils sont retrouvés à 95% chez des hommes, le plus souvent âgés de plus de 65 ans. A contrario, aucun patient asymptomatique n’est porteur de ces auto-anticorps, suggérant un rôle évident dans le risque de contracter une forme sévère de Covid.

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Une origine génétique

Le fait que des auto-anticorps soient présents chez des personnes non infectées ou avant leur infection par le virus de la Covid-19 montre qu’ils sont liés à une anomalie génétique et non causés par l’infection. Les personnes porteuses de ces auto-anticorps peuvent être atteintes par une maladie auto-immune, mais pas nécessairement. La présence de ces auto-anticorps est souvent silencieuse, jusqu’à l’infection au SARS-COV-2. À l’inverse, quasiment tous les patients atteints de polyendocrinopathie, une maladie génétique auto-immune, en sont porteurs. Ces personnes sont d’ailleurs particulièrement à risque de développer une forme sévère de Covid. D’autres maladies semblent associées à la présence de ces auto-anticorps, tous ayant comme origine la mutation d’un gène.

Dans la population non infectée, en général, la présence de ce genre d’auto-anticorps ne se rencontre que chez 0,18% des personnes entre 18 et 69 ans, 1,1% des personnes entre 70 et 79 ans, et chez 3,4% des plus de 80 ans. Une augmentation avec l’âge qui corrèle avec le risque de développer une forme sévère de Covid chez les personnes âgées.

Cependant, tous les cas de formes sévères de Covid ne sont pas liés à la présence d’auto-anticorps. Avec une nette dominance de la population masculine dans les patients atteints d’une forme grave, certaines équipes de recherche se sont penchées sur l’idée d’un lien avec une mutation rare portant sur le chromosome X. En effet, 1% des hommes de moins de 60 ans atteints d’une forme sévère de Covid seraient porteurs d’une anomalie génétique touchant le chromosome X. Cette anomalie pourtant très rare en temps normal pourrait expliquer une part des formes grave chez des hommes plus jeunes et à priori en bonne santé.

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Dépister la présence d’auto-anticorps pour repérer les personnes à risques

Les auto-anticorps donnent donc une explication sur l’augmentation du risque de faire une forme sévère de Covid avec l’âge.

Tester la présence d’auto-anticorps chez les patients atteints de la Covid, ou dans la population en général, permettrait d’identifier les personnes les plus à risque de faire une forme sévère de Covid et de les vacciner en priorité. Cependant, les personnes présentant des auto-anticorps sont plus à même de développer des effets indésirables face à certains vaccins utilisant des virus vivants atténués de la fièvre jaune. Or, des vaccins anti-covid utilisant ce virus comme vecteur sont actuellement en développement. Ce genre de vaccin ne doit donc pas être administré aux personnes porteuses d’auto-anticorps.

Dans le cas d’une infection à la Covid-19, les personnes présentant des auto-anticorps doivent être prises en charge le plus rapidement possible et recevoir des interférons afin d’aider leur organisme à lutter efficacement.

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Morgane Gillard, rédactrice scientifique

Sources
– Autoantibodies neutralizing type I IFNs are present in ~4% of uninfected individuals over 70 years old and account for ~20% of COVID-19 deaths. immunology.sciencemag.org. Consulté le 25 août 2021.
– X-linked recessive TLR7 deficiency in ~1% of men under 60 years old with life-threatening COVID-19. immunology.sciencemag.org. Consulté le 25 août 2021.
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