Huiles essentielles : vraies infos et fausses croyances
À la fois naturelles et puissantes, les huiles essentielles (HE) séduisent de plus en plus de personnes en quête de solutions naturelles pour prendre soin de leur santé ou de leur bien-être. Mais leur usage reste encore souvent mal compris. Pour démêler le vrai du faux, nous avons interrogé Éléonore Delpierre, fondatrice de La Nature a tout prévu et membre de Médoucine.

Certaines huiles essentielles sont contre-indiquées pendant la grossesse
VRAI – Certaines huiles essentielles sont compatibles avec la grossesse, à condition de respecter des règles strictes. « La lavande vraie ou le citron peuvent être utilisés dès le 2ᵉ trimestre, mais jamais sans avis », précise Éléonore Delpierre. D’autres, comme la menthe poivrée, la sauge officinale ou le romarin à bornéone, sont formellement contre-indiquées. L’accompagnement par un professionnel est indispensable, car une mauvaise utilisation peut entraîner des contractions, des troubles hormonaux ou des effets néfastes sur le développement du fœtus.
Les huiles essentielles doivent toujours être diluées avant une application sur la peau
VRAI– Une huile essentielle s’utilise presque toujours diluée dans une huile végétale. « On utilise une huile végétale neutre comme base. Cela permet d’éviter les brûlures ou les allergies », souligne Éléonore Delpierre. Une application directe, notamment sur des peaux sensibles ou abîmées, peut provoquer rougeurs, démangeaisons ou irritations sévères. Seules quelques exceptions existent, comme le tea tree, utilisé ponctuellement à l’état pur sur une petite zone.
Elles peuvent interagir avec certains médicaments
VRAI– Les huiles essentielles étant très concentrées, elles peuvent interagir avec des traitements médicaux, notamment les anticoagulants, les antidépresseurs ou les traitements pour l’hypertension. « Certaines sont hépatotoxiques ou neurotoxiques, ce qui peut amplifier ou contrecarrer l’effet d’un médicament, précise la thérapeute. Un avis médical est donc toujours recommandé en cas de traitement ou de pathologie sous-jacente ».
L’usage par voie orale doit toujours être encadré par un professionnel
VRAI– « Certaines huiles sont hépatotoxiques ou neurotoxiques si mal dosées. On ne les ingère jamais sans l’avis d’un médecin ou d’un aromathérapeute qualifié », insiste-t-elle. L’auto-médication par voie orale peut entraîner des troubles digestifs, des allergies graves, voire des intoxications. De plus, les dosages sont très précis et nécessitent souvent une base huileuse ou autre, pour éviter toute irritation des muqueuses.
Les enfants de moins de 3 ans ne doivent jamais être exposés à certaines huiles essentielles
VRAI– La diffusion en présence de jeunes enfants doit être évitée. Certaines huiles, comme l’eucalyptus globulus ou le thym à thymol, sont trop agressives et peuvent provoquer des spasmes respiratoires. Éléonore Delpierre recommande de privilégier des synergies douces, comme la lavande ou l’orange douce, et toujours à très faible dose, après avis professionnel. L’exposition doit être brève, jamais continue, et en l’absence de l’enfant dans la pièce.
Ce qui est naturel est forcément sans danger
FAUX– Ce n’est pas parce qu’un produit est naturel qu’il est inoffensif. Les huiles essentielles sont très concentrées en principes actifs. « Une huile essentielle peut être irritante, sensibilisante ou même toxique à forte dose », prévient Éléonore Delpierre. Certaines molécules, comme les cétones ou les phénols, nécessitent une vigilance particulière. Le naturel n’exclut pas le danger.
On peut diffuser toutes les huiles essentielles en toute sécurité dans une chambre d’enfant
FAUX– Certaines huiles sont contre-indiquées pour les jeunes enfants, même en diffusion. Il faut adapter les choix et dosages, et veiller à bien aérer les pièces. La diffusion doit être ponctuelle (quelques minutes), jamais pendant le sommeil, et avec des huiles adaptées à l’âge. Une mauvaise diffusion peut irriter les voies respiratoires ou provoquer des réactions allergiques.
Plus on en met, plus c’est efficace
FAUX – Avec les huiles essentielles, l’efficacité repose sur la juste dose, de petites quantités, bien ciblées. Un surdosage peut provoquer des effets indésirables ou une saturation olfactive. En aromathérapie, l’objectif est de stimuler l’organisme, pas de le saturer : une goutte suffit souvent.
On peut se soigner uniquement avec des huiles essentielles
FAUX– Les huiles essentielles sont des compléments précieux, mais ne remplacent pas un traitement médical. « Elles peuvent soulager des symptômes légers, mais ne guérissent pas les maladies graves », rappelle Éléonore Delpierre. Elles ne doivent jamais retarder ou se substituer à une prise en charge médicale adaptée, notamment en cas de pathologie chronique ou infectieuse.
Elles sont toutes interchangeables si elles ont une odeur proche
FAUX– Chaque huile a un chémotype unique. Deux huiles au même parfun peuvent avoir des effets et des contre-indications très différentes. Il ne faut jamais les substituer sans vérifier leur composition exacte. Par exemple, la lavande fine et le lavandin super ont des propriétés très différentes, malgré leur parfum proche. Cette distinction est cruciale pour un usage sécurisé.
Peggy Cardin-Changizi
Les huiles essentielles sont de véritables concentrés de principes actifs, extraits par distillation à la vapeur d’eau ou expression à froid. « Leur puissance réside dans leur richesse moléculaire : chaque goutte contient des dizaines de composants biochimiques aux effets ciblés. Mais cette concentration implique prudence et rigueur », explique Éléonore Delpierre.
Une notion clé à connaître : le chémotype. Il désigne le profil biochimique dominant d’une huile essentielle, qui peut varier selon le climat, le sol ou la période de récolte. Une même plante peut ainsi produire plusieurs huiles aux effets et précautions très différents. Cette « carte d’identité » doit être indiquée sur l’étiquette pour garantir un usage sécurisé. « Une huile essentielle, c’est un concentré vivant : elle n’est pas figée dans le temps ni dans l’espace, et c’est ce qui fait sa richesse… et sa complexité. »
La science s’intéresse de plus en plus aux HE, menant des études pour valider leurs mécanismes d’action. En attendant, il est recommandé d’en faire un usage court, ciblé, et accompagné par un professionnel.
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