Dans le monde, près de 50 millions d’états septiques ou septicémies sont recensés. Ils provoquent 20 % des décès au niveau mondial. Et la France n’est pas épargnée, avec chaque année environ 60 000 décès. Le 13 septembre est consacré à la journée mondiale contre la septicémie. Elle est l’occasion de sensibiliser le grand public à cet enjeu majeur de santé publique.
Infection et sepsis
Connu et décrit depuis plusieurs siècles, le sepsis ou la septicémie est défini depuis 2016, comme « un dysfonctionnement d’organes potentiellement mortel, résultant d’une réponse dérégulée de l’hôte à l’infection, et dont la forme la plus grave est le choc septique ». La septicémie correspond donc à l’état critique faisant suite à une infection, et mettant en jeu le pronostic vital du patient.
Tous les agents pathogènes (bactéries, virus, parasites) peuvent en théorie entraîner une septicémie. Cependant, le plus souvent, les chocs septiques sont associés aux infections bactériennes, mal ou non contrôlées par des traitements antibiotiques. Encore aujourd’hui, malgré les progrès diagnostiques et thérapeutiques, la mortalité du sepsis dans les pays industrialisés avoisine encore les 50 %. Et parmi les patients qui survivent à la septicémie, un quart d’entre eux présentent des séquelles durables plusieurs mois après l’infection.
Septicémie et antibiorésistance
Historiquement, avant le développement des antibiotiques, la septicémie pouvait toucher tous les âges de la vie et toutes les catégories de personnes. De nos jours, les données épidémiologiques mettent en évidence des catégories de population plus exposées à ce risque, en particulier :
- Dans les pays développés, les âges extrêmes de la vie, les nouveaux nés et les personnes âgées, en particulier les personnes âgées hospitalisées ;
- Dans les pays en voie de développement, les femmes juste après l’accouchement (en cas d’infection au moment de la naissance) et les enfants entre 0 et 5 ans. Dans le monde, la moitié des cas de sepsis concerne des enfants.
Les spécialistes s’inquiètent d’un doublement possible des cas de septicémies sur les cinquante prochaines années, impliquant la conjonction de deux phénomènes :
- Le vieillissement de la population : la moitié des chocs septiques surviennent suite à une infection nosocomiale, c’est-à-dire contractée lors de soins. Plus la population vieillit, plus elle nécessite des soins et donc plus elle risque de contracter une infection nosocomiale.
- Le développement de l’antibiorésistance: le mésusage des antibiotiques en santé humaine et l’usage intensif des antibiotiques en santé animale favorisent le développement de la résistance aux antibiotiques. Certaines infections bactériennes ne peuvent plus être contrôlées et traitées par les antibiotiques disponibles et évoluent vers une septicémie.
Journée mondiale contre la septicémie
Autant de décès que l’infarctus du myocarde !
La journée mondiale contre la septicémie est l’occasion de rappeler au plus grand nombre que le sepsis touche tous les pays du monde, avec une mortalité très élevée malgré les progrès thérapeutiques. Le développement de nouveaux antibiotiques et surtout un usage contrôlé et raisonné des antibiotiques existants sont essentiels pour conserver des moyens de lutte efficaces contre les infections bactériennes potentiellement invasives. La vaccination représente également un moyen de lutte contre certaines infections à l’origine de septicémies.
Du côté de la recherche, les scientifiques tentent de développer des traitements spécifiques contre le sepsis Ces traitements interviendraient lorsque le système immunitaire s’emballe après une infection. C’est le cas par exemple de l’orage cytokinique provoqué par l’infection par le SARS-Cov2. Une meilleure connaissance des mécanismes physiopathologiques est capitale pour :
- permettre un diagnostic plus précoce (chaque heure compte) ;
- améliorer le pronostic vital du patient (des médicaments spécifiques sont nécessaires).
Pourtant moins médiatisé, le sepsis provoque autant de décès dans les pays industrialisés que l’infarctus du myocarde.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Journée mondiale contre la septicémie. pasteur.fr. Consulté le 12 septembre 2022.