La dysarthrie est une pathologie caractérisée par une perte de contrôle, ou à minima une faiblesse, des muscles respiratoires et de l’ensemble de la cavité buccale. Le discours du patient peut alors devenir plus lent, plus saccadé et rendre sa communication avec les autres individus difficile. Les causes de dysarthrie sont diverses : traumatismes, tumeurs, infections, maladies dégénératives et AVC. La prise en charge d’une dysarthrie consiste à traiter la cause sous-jacente lorsque cela est possible. Des séances avec un orthophoniste peuvent également améliorer la qualité de communication du patient.
Définition et symptômes
Qu’est-ce que la dysarthrie ?
Le terme « dysarthrie » est employé pour qualifier une difficulté d’élocution ne provenant pas d’une atteinte des organes de la phonation (langue, lèvres, etc.) ou de la commande nerveuse.
À savoir ! Le terme dysarthrie provient du mot grec « arthrie » qui signifie articulation.
On distingue deux grands types de dysarthrie :
- Paralytique qui se traduit par une réduction des possibilités de contraction musculaire au niveau des organes de la phonation ;
- Non paralytique qui est expliqué par un manque de coordination entres les divers organes de la phonation.
À savoir ! En cas de dysarthrie en lien avec la maladie de Parkinson, on parle de « dysarthrie hypokinétique ».
Qu’elle est la cause d’une dysarthrie ?
Les dysarthries peuvent être causées par des lésions au niveau :
- Des zones cérébrales en charge du mouvement musculaire ;
- Du cervelet (localisé juste au-dessus du tronc cérébral) qui coordonne les mouvements du corps ;
- Des noyaux basaux (regroupement de cellules nerveuses dans les couches profondes du cerveau) qui assurent la coordination et la fluidité des mouvements ;
- Du tronc cérébral qui contrôle les muscles de la respiration et ceux sollicités pour la production des sons ;
- Des nerfs qui relient le cortex cérébral au tronc cérébral. Ils sont utiles au contrôle et à la coordination des muscles utilisés pour parler ;
- De la jonction neuromusculaire.
Toutes les structures citées peuvent être lésées à l’occasion de certaines pathologies dégénératives comme la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson, de traumatismes crâniens, de tumeurs cérébrales, d’AVC ou d’infections comme la maladie de Lyme.
- Les dysarthries paralytiques
Les dysarthries paralytiques peuvent être causées par une atteinte directe des muscles, on parle de myasthénie, par une atteinte du bulbe rachidien (en cas de sclérose latérale amyotrophique) ou par des lésions au niveau des nerfs communiquant entre le cortex cérébral et le tronc cérébral. Dans ce dernier cas, on parle de syndrome pseudobulbaire qui survient généralement à la suite d’un AVC ou de la sclérose en plaques. - Les dysarthries non paralytiques
Les dysarthries non paralytiques, dues à des atteintes de l’encéphale, surviennent au décours de certaines maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson, la Chorée de Huntington, etc.
Quels symptômes ?
Les symptômes de la dysarthrie dépendent de la maladie en cause.
Les patients qui souffrent de cette maladie produisent, généralement, des sons proches de ceux qu’ils voudraient émettre. Cependant, leur langage peut être saccadé, haché, imprécis, voire monotone selon la partie cérébrale affectée.
En effet, lorsque le cervelet est atteint, le débit de paroles va être plus lent et saccadé, tandis qu’avec la maladie de Parkinson, la voix des patients à tendance à être de faible intensité et monotone. Dans la Chorée de Huntington, la voix est rauque avec d’importantes variations d’intensité.
Outre les difficultés techniques à s’exprimer, une dysarthrie peut aussi affecter la confiance en soi des personnes qui en sont atteintes et les isoler socialement, même si les symptômes peuvent parfois être perçus comme légers par l’entourage.
À noter que les patients atteints de dysarthrie ne présentent pas de troubles de la pensée ou du souvenir, et utilisent les bons mots pour s’exprimer.
Diagnostic et traitement
Quel diagnostic ?
Dans un premier temps, le diagnostic est clinique, autrement dit basé sur les symptômes. Ainsi, un médecin ou un orthophoniste peut interroger le patient à propos de ses symptômes et effectuer son examen clinique.
Le praticien peut parfois demander au patient d’accomplir des gestes simples, par exemple souffler une bougie, tirer la langue ou se mordre la lèvre afin d’évaluer la force des muscles en cause dans le langage ou dans leur mouvement.
Il peut également être demandé au patient de répéter des mots ou des phrases, de chanter, ou de compter afin de détecter un éventuel trouble de l’élocution.
Dans un second temps, des examens neuropsychologiques qui visent à évaluer la fonction cérébrale peuvent être effectués par un neuropsychologue ou un orthophoniste. Ces examens permettent de mieux appréhender le traitement à mettre en place et l’amélioration possible des symptômes.
En cas de mise en évidence d’une dysarthrie par l’examen clinique et les premiers tests, le bilan orthophoniste s’impose. Il vise à évaluer les troubles en réalisant :
- L’anamnèse, autrement dit déterminer comment les difficultés ont commencé ;
- L’examen des praxies bucco-faciales par la stimulation des joues, de la langue et des lèvres (par exemple en imitant le geste et le bruit du baiser, gonflant et aspirant les joues, ouvrant et fermant la bouche pour imiter un poisson, etc.) ;
- L’intelligibilité de la parole par le calcul du pourcentage de consonnes audibles ;
- L’évaluation de la voix ;
- L’évaluation de la déglutition.
Enfin, des examens d’imagerie (TDM ou Tomodensitométrie et IRM ou Imagerie par Résonance Magnétique) sont réalisés dans le but d’identifier la cause de la dysarthrie.
Selon la cause, d’autres examens peuvent être nécessaires : analyses de sang, analyses d’urines, ponction lombaire, électroencéphalogramme ou EEG, etc.
Quel traitement ?
Le traitement des dysarthries est avant tout celui de la cause quand cela est possible.
Généralement, la prise en charge des dysarthries repose essentiellement sur l’orthophonie. Cette dernière implique la réalisation d’exercices respiratoires et musculaires associés à la répétition de phrases ou de mots. A noter que la prise en charge orthophonique doit être initié le plus rapidement possible après la survenue des premiers symptômes afin de garantir de meilleurs résultats.
Dans les cas de dysarthries sévères, l’utilisation d’un dispositif de communications (tableau à lettres ou à images, ordinateur) est recommandée.
Chez certains patients ataxiques, des troubles de la déglutition peuvent être associés. Ils sont essentiellement de type fausse-route et peuvent avoir lieu à n’importe qu’elle occasion, avec des solides, des liquides ou même la salive. Ce type de difficulté est souvent à l’origine d’anxiété et peut parfois entraîner une peur de s’alimenter. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire d’associer à la prise en charge par un orthophoniste, celle d’un diététicien. En effet, tandis que l’orthophoniste déterminera la nature du problème, l’existence ou non de fausses routes, la texture des aliments indiqués et la meilleure position du patient, le diététicien pourra, lui, évaluer le mode alimentaire du patient ainsi que l’apport d’aliments avec une texture adéquate.
– Dysarthrie. Le manuel MSD. Consulté le 11 juillet 2019.