Les défauts de vision des couleurs, quelle que soit leur origine et leur intensité, s’appellent des dyschromatopsies. La plus connue des dyschromatopsies est le daltonisme, qui est un trouble de la vision héréditaire et congénital. Des tests ophtalmologiques spécifiques permettent de détecter les défauts de vision des couleurs. Aucun traitement ne permet actuellement de corriger le daltonisme.
Comment l’œil voit les couleurs ?
Parmi tous les phénomènes biologiques associés à la vision, figure la vision des couleurs. Un être humain, avec des capacités visuelles normales, est capable de distinguer 15 000 nuances de couleurs différentes. Cette vision des couleurs est assurée au niveau biologique par des cellules de la rétine, les cônes. D’autres cellules de la rétine, les bâtonnets, assurent la vision en noir et blanc.
Dans la rétine, il existe trois types de cônes :
- Des cônes pour la vision du rouge ;
- Des cônes pour la vision du vert ;
- Des cônes pour la vision du bleu.
Que sont les dyschromatopsies ?
Parfois, un ou plusieurs types de cônes ne fonctionnent pas normalement. La vision des couleurs est altérée. Les spécialistes parlent alors de dyschromatopsies. Il en existe deux catégories principales :
- Les dyschromatopsies congénitales, présentes dès la naissance, plus communément appelées le daltonisme ;
- Les dyschromatopsies acquises, qui apparaissent au cours de la vie.
À savoir ! L’achromatopsie désigne l’absence totale de vision des couleurs, associée à l’absence de cônes. Les patients concernés voient uniquement en noir et blanc, grâce aux bâtonnets. Il s’agit d’une forme de malvoyance, généralement associée à un nystagmus (tremblement des yeux) et un éblouissement (photophobie).
Le daltonisme et les dyschromatopsies congénitales
Les dyschromatopsies congénitales sont plus connues sous le nom de daltonisme, un trouble visuel congénital, qui affecte essentiellement les hommes. Le mode de transmission de cette dyschromatopsie est héréditaire, et liée au chromosome X, ce qui explique que la grande majorité des cas sont masculins. Ainsi, en France, 8 % des hommes sont concernés par le daltonisme, contre seulement 0,45 % des femmes.
Le daltonisme est associé à un dysfonctionnement de certains cônes de la rétine, altérant la vision des couleurs. Selon le ou les types de cône touché, le patient ne voit pas les couleurs de la même façon. Les spécialistes distinguent :
- La protanomalie, quand le patient ne voit pas correctement le rouge ;
- La protanopie, quand le patient ne voit pas du tout le rouge ;
- La deutéranomalie, quand le patient ne voit pas correctement le vert. C’est l’anomalie la plus courante dans le daltonisme ;
- La deutéranopie, quand le patient ne voit pas du tout le vert ;
- La tritanomalie, quand le patient ne voit pas correctement le bleu ;
- La tritanopie, quand le patient ne voit pas du tout le bleu.
Il n’existe donc pas une forme de daltonisme, mais différentes formes de daltonisme, en fonction des types de cônes déficients. Soit le patient ne voient pas certaines couleurs, soit il ne parvient pas à distinguer certaines nuances de couleurs.
Les dyschromatopsies acquises
Il existe par ailleurs des dyschromatopsies acquises, qui apparaissent à différents âges de la vie, en lien avec différentes affections ou contextes :
- Une neuropathie optique liée à la prise de médicaments contre la tuberculose ;
- Les traumatismes du nerf optique ;
- Une névrite optique rétro-bulbaire (inflammation du nerf optique) ;
- Des glaucomes de stade avancé ;
- Les rétinopathies diabétiques ou non ;
- Le décollement de la rétine ;
- L’exposition à des produits toxiques ;
- Des tumeurs de l’œil ;
- La sclérose en plaques ;
Tant que la cause de la dyschromatopsie n’est pas traitée, elle peut évoluer et est souvent associée à une diminution de l’acuité visuelle et/ou du champ visuel. Selon la cause, la vision des couleurs est altérée de manière différente. Les spécialistes évoquent notamment des déficits bleu-jaune ou des déficits rouge-vert.
Comment diagnostiquer le daltonisme et les dyschromatopsies ?
Parmi les examens et tests réalisés en routine par les ophtalmologistes et les orthoptistes, figurent plusieurs tests pour évaluer la vision des couleurs. Il est déterminant de dépister le plus tôt possible les dyschromatopsies, dès l’enfance pour le daltonisme, et en cas de facteur de risque pour les dyschromatopsies acquises.
Différents tests permettent d’évaluer la vision des couleurs :
- Le test d’Ishihara : le patient doit nommer le chiffre perçu sur des planches avec des points colorés qui délimitent des chiffres ou des nombres. Le patient atteint de daltonisme ne sera pas capable de percevoir le chiffre sur certaines planches ;
- Le test 15 Hue de Farnsworth: le patient dispose de 15 pions de couleurs différentes à placer pour former un dégradé de couleur, à partir d’un pion de départ indiqué par l’orthoptiste.
Peut-on soigner le daltonisme ?
Le daltonisme est une maladie génétique héréditaire, et il n’existe actuellement pas de traitement pour corriger le défaut des cônes et donc pour restaurer la vision des couleurs. Le diagnostic de daltonisme est essentiel, car il permet d’accompagner au mieux le patient dans sa vie quotidienne. Certains métiers (transport, sécurité publique, …) exigent une parfaite vision des couleurs et sont donc interdits aux patients atteints de daltonisme. Une orientation adaptée est nécessaire pour permettre au patient de construire son projet de vie avec le daltonisme.
À savoir ! Au quotidien, des astuces et conseils simples permettent d’aider les patients atteints de daltonisme, par exemple indiquer les couleurs des objets au moyen d’une étiquette, éviter l’usage de certaines couleurs ou encore renforcer les contrastes pour pallier au défaut de vision des couleurs
Pour les dyschromatopsies acquises, la prise en charge repose principalement sur le traitement adapté de la cause.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Les Dyschromatopsies congénitales également appelées « Daltonisme ». www.cnrlapepiniere.fr. Consulté le 21 mai 2024.