La cryptococcose est une infection grave provoquée par une contamination fongique (c’est-à-dire due à un champignon). Elle se manifeste volontiers chez les patients immunodéprimés, notamment ceux atteints du sida. Dans la majorité des cas, la cryptococcose se traduit par une méningo-encéphalite, parfois par une pneumopathie. Sans traitement, la cryptococcose est fatale.
Définition et symptômes
Qu’est-ce que la cryptococcose ?
La cryptococcose est une maladie infectieuse due au champignon Cryptococcus neoformans présent dans les sols et les déchets organiques du monde entier.
Le champignon est essentiellement transmis par voie aérienne. En effet, c’est lors d’une inhalation qu’un individu peut se contaminer. Une inoculation directe peut être à l’origine de lésions cutanées, type panaris, et se disséminer dans l’ensemble de l’organisme en cas d’immunodépression (affaiblissement du système immunitaire à cause d’une pathologie ou d’un traitement). Beaucoup plus rarement, la contamination peut avoir lieu à l’occasion d’un nettoyage de fientes de pigeon par des individus immunodéprimés. En revanche, jamais un individu porteur du champignon ne peut contaminer un autre individu (sauf cas des greffes).
La cryptococcose se manifeste chez 2 à 20% des individus infectés par le VIH. La fragilité immunitaire de ces patients est le facteur favorisant principal de l’infection. On parle d’infection « opportuniste » puisqu’elle survient à un stade où les patients souffrent d’un déficit immunitaire sévère. Cependant, le développement des trithérapies a diminué la fréquence de survenue de la cryptococcose.
En France, la cryptococcose se manifeste essentiellement chez des individus en échappement virologique (patient dont la charge virologique augmente alors qu’elle était stable voire indétectable, échec du traitement) ou chez des patients qui ignorent leur séropositivité. On estime le nombre de cas de cryptococcose à 100 par an.
Dans certains pays, la trithérapie est utilisée de manière insuffisante et laisse les patients vulnérables faces aux infections opportunistes, Ainsi, la cryptococcose atteint plus d’un million d’individus par an dans le monde dont près de 600 000 décès.
Concernant les individus non concernés par le VIH, l’infection peut être favorisée par différents facteurs dont :
- Une corticothérapie au long cours ;
- Des hémopathies lymphoïdes ;
- Des transplantations d’organe ;
- La sarcoïdose ;
- L’insuffisance rénale chronique ;
- Une cirrhose.
Quels sont les symptômes ?
Dans la grande majorité des cas, à savoir près de 60% voire 80% chez les patients porteurs du VIH, la cryptococcose s’exprime en méningo-encéphalite disséminée. Celle-ci se traduit par divers symptômes dont :
- Des maux de tête ;
- Une fièvre modérée ;
- Des vertiges ;
- Une irritabilité ;
- Des crises convulsives ;
- Des troubles de la conscience, voire coma ;
- Une paralysie d’un nerf crânien ;
- Un déficit moteur.
Le fait que les symptômes soient brefs, et que des signes d’hypertension intracrânienne soient associés indique un mauvais pronostic. Sans traitement, le décès du patient est inévitable. Cependant, même avec un traitement, le taux de mortalité reste important : 20%.
À savoir ! Chez les immunocompétents, l’infection est le plus souvent asymptomatique et limitée.
Dans certains cas, l’infection touche les poumons. On parle alors de pneumopathie qui se traduit par divers symptômes comme une toux, une douleur thoracique discrète et une fièvre modérée.
Des lésions cutanées à type de papules non douloureuses peuvent se manifester lorsque le champignon s’est disséminé dans le sang.
Diagnostic et traitement
Quel diagnostic ?
Le diagnostic de la cryptococcose nécessite la mise en évidence du champignon par :
- Examen direct dans les tissus ou liquides prélevés ;
- Identification de Cryptococcus neoformans ;
- Détection de l’antigène spécifique dans le sang ou le liquide céphalorachidien.
Quel traitement ?
La cryptococcose nécessite la mise en place d’un traitement antifongique dans les plus brefs délais. Ce dernier est composé d’amphotéricine B et de 5-fluorocytosine pendant 15 jours pour les méningo-encéphalites et les pneumopathies sévères, suivi de 10 semaines de fluconazole.
En cas d’hypertension intracrânienne, des ponctions évacuatrices peuvent compléter la prise en charge.
L’amélioration clinique est lente. Elle nécessite généralement une voire deux semaines. La guérison demande, quant à elle, au minimum 6 semaines de traitement. A noter que des séquelles (cécité, surdité) peuvent persister après la guérison lorsqu’un nerf crânien a été touché.
Chez un patient atteint du sida, un traitement prophylactique est systématique tant que son état immunitaire n’est pas amélioré.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Cryptococcose. MSD Manuel. Consulté le 20 juin 2019.
– Cryptococcose. Orphanet. Consulté le 20 juin 2019.