L’UNICEF, l’OMS et la Banque mondiale viennent de publier leur dernier rapport sur la mortalité infantile : « Niveaux et tendances de la mortalité infantile ». Au cours des dernières décennies, cet indice n’a cessé de chuter, mais 15 000 enfants de moins de 5 ans décèdent encore chaque jour dans le monde. Un chiffre toujours intolérable, selon les auteurs du rapport.
Une mortalité infantile en baisse … mais encore trop forte
En 1990, 35 000 décès quotidiens d’enfants de moins de 5 ans étaient déplorés à travers le monde. Dans leur rapport sur la mortalité infantile publié en octobre, l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance), l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la Banque mondiale indiquent une chute importante de cette mortalité au fil des années. Pourtant, elle reste encore élevée, avec 5,6 millions d’enfants décédés au cours de l’année 2016.
Parmi ces décès d’enfants, près de la moitié surviennent durant les 28 premiers jours de vie, soit 7 000 nouveaux nés qui décèdent chaque jour ! A ce rythme, entre 2017 et 2030, 30 millions de nouveau-nés mourront avant d’atteindre l’âge d’un mois. Des chiffres difficilement soutenables …
Si les efforts menés par les organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales, ont permis de sauver environ 50 millions d’enfants depuis 2000, les spécialistes s’inquiètent d’une augmentation de la proportion des décès chez les nouveau-nés. Ils plaident pour un renforcement des programmes sanitaires internationaux.
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Des inégalités mondiales
La mortalité infantile n’est pas homogène dans le monde. La majorité des décès de nourrissons surviennent en effet dans deux régions du monde :
- L’Asie du Sud (39 %) ;
- L’Afrique subsaharienne (38 %).
Cinq pays regroupent à eux seuls la moitié des décès infantiles comptabilisés :
- L’Inde (24 %) ;
- Le Pakistan (10 %) ;
- Le Nigéria (9 %) ;
- La République Démocratique du Congo (4 %) ;
- L’Ethiopie (3 %).
Permettre et favoriser l’accès à des soins de qualité dans l’ensemble des pays du monde constitue un enjeu capital pour réduire la mortalité infantile. Si tous les pays présentaient le même taux de mortalité que les pays développés, 87 % des décès de jeunes enfants, soit 5 millions de vies, auraient pu être sauvés, rien que pour l’année 2016.
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Des décès potentiellement « évitables »
La pneumonie et les diarrhées figurent en tête de liste des causes de ces décès, avec respectivement 16 et 8 % des décès. Viennent ensuite le paludisme et d’autres maladies pour lesquelles des traitements existent. Parallèlement, la malnutrition, la mauvaise hygiène et l’absence d’accès à l’eau potable contribuent fortement à cette mortalité. Concernant les nourrissons, les décès sont principalement liés à des naissances prématurées ou à des complications lors de l’accouchement.
Comment mettre fin à ces millions de décès chaque année ? Les spécialistes considèrent que la plupart de ces décès pourraient être « évitables », en apportant les moyens financiers nécessaires pour prendre en charge les femmes et les enfants. Plusieurs aspects apparaissent cruciaux pour réduire la mortalité infantile :
- Le suivi de grossesse et la prise en charge de l’accouchement par des professionnels de santé qualifiés ;
- L’accès à la vaccination ;
- La promotion de l’allaitement maternel ;
- La disponibilité de médicaments, généralement peu onéreux ;
- L’accès à l’eau potable et à l’assainissement ;
- Une alimentation suffisante et équilibrée.
Trop de populations à travers le monde restent encore privées de ces aspects essentiels.
A savoir ! Auparavant, ce rapport ne concernait que les enfants de moins de 5 ans. Pour la première fois, des données sur la mortalité infantile entre 5 et 14 ans y ont été incluses, ce qui représente près d’un millions d’enfants décédés en 2016. Ces données révèlent d’autres causes de mortalité, comme les accidents et les blessures.
L’Organisation des Nations Unies a fixé un objectif de mettre fin aux décès évitables de nouveau-nés à l’horizon 2030. Un chiffre qui, en l’état actuel des choses, ne pourra pas être atteint dans au moins 60 pays à travers le monde !
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie