Pourquoi tombe-t-on malade… quand on est enfin en vacances ?

Par |Publié le : 19 juillet 2025|Dernière mise à jour : 15 juillet 2025|5 min de lecture|

Fatigue, angines, maux de dos ou migraines… Pour certains, les vacances riment paradoxalement avec malaise, voire maladie. Comment expliquer ce phénomène ? Le corps aurait-il lui aussi besoin de relâcher la pression – mais à sa manière ? Éclairage croisé avec le Dr Adrien Dereix, médecin généraliste, et Aude Blanc-Brude, thérapeute psycho-corporel.

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C’est une scène que le Dr Adrien Dereix connaît bien : « Des patients viennent nous voir quelques jours avant les congés en disant qu’ils tombent systématiquement malades au début des vacances. Parfois, ils demandent même un traitement “préventif” pour ce moment-là. » Ce médecin généraliste, directeur médical du Centre Médical Elsan, voit défiler chaque année les mêmes profils : des personnes perfectionnistes, stressées, surinvesties dans leur travail, qui stoppent net leur activité. Et tombent.

Du côté des symptômes, la liste est éloquente : « Ce sont souvent les mêmes : angine, nez qui coule, migraines, troubles digestifs, fatigue intense ou douleurs musculaires. Des syndromes pseudo-grippaux qui apparaissent soudainement dès que le rythme ralentit », précise-t-il.

Un phénomène physiologique… et psychologique

Aude Blanc-Brude, thérapeute psycho-corporel (réseau Médoucine), confirme que cette « maladie des vacances » est loin d’être rare. « C’est même une part importante de mes consultations. Le corps, après avoir été maintenu en tension permanente, finit par s’exprimer dès qu’on lui laisse un peu de place. » Elle explique ce phénomène par le déséquilibre entre deux branches de notre système nerveux autonome : la branche sympathique, chargée de l’action, et la branche parasympathique, liée à la régénération.

« Pendant des mois, on fonctionne sous adrénaline et cortisol. On ne ressent ni douleur, ni fatigue, car ces hormones bloquent les signaux corporels. Dès que le stress retombe, le parasympathique reprend la main… et tout ce qu’on avait “anesthésié” refait surface : douleurs, inflammations, infections, problèmes de digestion… ».

Attention à la reprise d’activité physique

Autre piège fréquent : vouloir profiter des vacances pour se (re)mettre au sport… brutalement. « Les personnes très actives veulent tout de suite compenser, en courant 10 km ou en reprenant une activité intense sans préparation », constate le Dr Dereix. Résultat : blessures, contractures, lumbagos. « Le corps est encore en train de s’adapter au changement de rythme. Il faut une phase de transition. »

Aude Blanc-Brude en témoigne également : « Le corps veut se reposer, mais l’esprit veut profiter. Ce décalage mène souvent à des blocages ou des tensions. » Elle rappelle que l’immunité, la digestion ou la réparation musculaire ne se réactivent pas en 24h après des mois de surmenage. « Il faut laisser au corps le temps de reprendre ses fonctions. »

Ce n’est pas dans la tête, c’est dans le corps

Loin d’être « psychosomatiques », ces troubles sont réels. « Ce n’est pas une vue de l’esprit, insiste le Dr Dereix. Ce sont de vrais symptômes, provoqués par un mode de vie déséquilibré. » Selon lui, la prévention passe par une meilleure gestion du stress tout au long de l’année. « Il faut éviter de fonctionner en surrégime puis de tout couper d’un coup. »

Même constat pour Aude Blanc-Brude : « C’est souvent chez les profils perfectionnistes, aidants, hypersensibles… des personnes qui mettent leurs besoins de côté toute l’année. » Elle rappelle que le corps accumule une forme de dette physiologique et émotionnelle. Et quand l’espace se libère enfin, il se manifeste avec force.

Que faire pour l’éviter ?

La clé : anticiper. « Il ne faut pas attendre les congés pour s’occuper de soi. Il est essentiel d’intégrer des temps de pause, de respiration et de récupération dans le quotidien », conseille Aude Blanc-Brude. Elle recommande des pratiques comme la cohérence cardiaque (trois fois par jour), des étirements inspirés de la yoga-thérapie ou même des exercices de “pandiculation” – ces mouvements d’étirement que font spontanément les animaux.

Le Dr Dereix suggère quant à lui d’instaurer une vraie hygiène de vie : sommeil régulier, activité physique douce, équilibre alimentaire, moments de détente. « Ces mesures simples permettent d’éviter les effets de rupture brutale de rythme. »

Et si c’est déjà trop tard ?

Lorsque les symptômes sont installés, le traitement reste essentiellement de confort : paracétamol en cas de fièvre ou douleurs, antispasmodiques en cas de troubles digestifs, hydratation, repos. « Mais l’important, c’est surtout de s’écouter », insiste le Dr Dereix. Dormir, ralentir, s’autoriser à ne rien faire – voilà les vrais remèdes.

Aude Blanc-Brude propose aussi des outils concrets aux personnes qu’elle accompagne : EFT (technique d’acupression pour apaiser les émotions), respiration guidée, travail corporel pour libérer les tensions, en complément d’un suivi médical si besoin. « Le but est de rendre les personnes autonomes dans la gestion de leur stress. »

Un message du corps… à ne pas ignorer

Finalement, tomber malade pendant les vacances n’est pas un bug, mais un signal. « C’est le seul moment de l’année où le corps a le droit de s’exprimer », résume Aude Blanc-Brude. Apprendre à reconnaître ces signes et à prévenir le trop-plein, c’est éviter la rechute.

Comme le souligne le Dr Dereix : « Le mieux, c’est de ne pas attendre que le corps crie pour commencer à l’écouter. »

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.