Ménorragie (hyperménorrhée)


Rédigé par Estelle B. et publié le 30 décembre 2020

une fleur devant une femme en sous-vêtement

La ménorragie, encore appelée l’hyperménorrhée, est la survenue d’une hémorragie utérine (saignements utérins) anormale au cours de la période normale des menstruations (règles). Le caractère anormal de l’hémorragie concerne l’abondance et/ou la durée des saignements. Souvent difficiles à diagnostiquer en raison de leur confusion possible avec les règles, les ménorragies peuvent être traitées par différents types de médicaments, voire par chirurgie. La détermination de leur origine doit faire l’objet d’un bilan médical complet.

Définitions et symptômes d’une ménorragie (hyperménorrhée)

Que sont les ménorragies ou l’hyperménorrhée ?

Les ménorragies correspondent à la survenue de saignements utérins anormaux, au cours de la période des règles (menstruations), une étape du cycle menstruel. Le cycle menstruel représente l’ensemble des phénomènes physiologiques qui préparent l’organisme féminin à une éventuelle fécondation. Le cycle menstruel dure en moyenne 28 jours et débute par la période des règles. En temps normal, les règles durent entre trois et six jours, et leur abondance varie entre 50 et 80 mL. Les trois premiers jours de règles sont marqués par une abondance plus importante, qui diminue par la suite. Le sang émis par l’utérus au cours des menstruations est incoagulable en temps normal.

Dans les ménorragies, les saignements utérins sont anormaux par rapport aux règles habituelles sur un ou deux aspects :

  • Une abondance trop importante des règles (ménorragie) ;
  • Des règles trop longues (hyperménorrhée).

À savoir ! En parallèle des ménorragies, il existe d’autres saignements utérins anormaux, tels que :

  • Les métrorragies sont des saignements utérins survenant en dehors de la période des règles.
  • Les spotting correspondent à la perte d’une petite quantité de sang chaque jour.

Les ménorragies concernent par définition des femmes en âge de procréer et réglées (ayant un cycle menstruel ponctué de menstruations mensuelles). Les études épidémiologiques ont révélé que 10 à 35 % des femmes présentent à un moment ou à un autre des ménorragies.

Les ménorragies peuvent avoir plusieurs origines, certaines femmes pouvant présenter simultanément plusieurs affections entraînant des ménorragies :

  • Une anomalie de la sécrétion de progestérone par le corps jaune, entraînant un déséquilibre entre progestérone et œstrogènes, ou un excès de sécrétion d’œstrogènes: ce déséquilibre entre les hormones féminines peut provoquer un développement exagéré de la muqueuse utérine, à l’origine de saignements trop abondants et/ou trop longs ;
  • Une congestion pelvienne liée à une insuffisance vasculaire dans la région pelvienne : cette stase circulatoire augmente la durée et l’abondance des règles. Elle se rencontre chez les femmes souffrant de douleurs pelviennes, de varices pelviennes, ou ayant de lourds antécédents gynécologiques ou obstétricaux ;
  • L’existence de tumeurs utérines bénignes (polypes, fibromes) ;
  • Une adénomyose (maladie caractérisée par un développement anormal des cellules de l’endomètre à l’intérieur du muscle utérin).

À savoir ! Le corps jaune se forme temporairement dans l’ovaire, par transformation du follicule ovarien après expulsion de l’ovocyte lors de l’ovulation. Le corps jaune se constitue dans la seconde phase du cycle menstruel et sécrète de la progestérone. En cas de non-fécondation de l’ovule, le corps jaune dégénère progressivement, permettant la survenue des règles. En cas de fécondation de l’ovule, le corps jaune continue à produire de la progestérone pendant les 3 à 4 premiers mois de la grossesse.

Quels symptômes ?

dessin d'une femme avec une tache de menstruation sur sa culotte

Les ménorragies et l’hyperménorrhée sont facilement confondues avec les règles normales, puisqu’elles se produisent au même moment du cycle menstruel. Néanmoins, elles se caractérisent par quelques signes distinctifs :

  • Des règles plus abondantes, ce qui nécessite généralement un plus grand nombre de protections périodiques qu’habituellement ;
  • Des saignements plus longs, qui se prolongent parfois bien au-delà de la durée normale des règles ;
  • Un changement de couleur des règles, avec un écoulement plus rouge ;
  • La présence de caillots sanguins parfois nombreux dans les pertes menstruelles.

À savoir ! Les ménorragies peuvent être isolées, mais parfois les ménorragies sont associées à des métrorragies, les spécialistes parlent alors de ménométrorragies. Il est alors difficile pour les femmes de déterminer combien de temps durent exactement leurs règles.

Si les ménorragies se répètent sur plusieurs cycles menstruels, une anémie, liée à une carence en fer, peut se développer et altérer la santé des femmes concernées. Plus généralement, les ménorragies peuvent avoir des conséquences importantes sur la qualité de vie à plusieurs niveaux :

  • Une baisse de la libido ;
  • Un absentéisme scolaire ;
  • Des arrêts de travail répétés ;
  • Un isolement social ;
  • Des troubles psychologiques.

Plus rarement, des ménorragies très abondantes peuvent constituer une situation d’urgence, nécessitant une consultation médicale et une prise en charge adaptée en urgence.

Diagnostic et traitements d’une Ménorragie (hyperménorrhée)

Quel diagnostic ?

une femme tenant une horloge

Lorsqu’une femme constate des ménorragies, et plus largement toute anomalie dans ses menstruations ou son cycle menstruel, il lui est conseillé de consulter son médecin gynécologue. Parfois, les ménorragies passent inaperçues pendant plusieurs mois et les femmes ne sont diagnostiquées qu’au cours d’un examen de contrôle ou lors de la recherche d’une cause d’anémie par carence en fer.

Après un interrogatoire et une auscultation de la patiente, le médecin gynécologue peut prescrire des examens complémentaires pour déterminer l’origine des ménorragies :

  • Des examens sanguins (dosage des hormones féminines, recherche d’une éventuelle grossesse) ;
  • Des examens d’imagerie (échographie, hystérographie, IRM) ;
  • Une biopsie de l’endomètre.

Avant de confirmer le diagnostic des ménorragies, le médecin gynécologue doit écarter plusieurs autres diagnostics :

  • Une grossesse extra-utérine ;
  • Des saignements provoqués par un dispositif intra-utérin (stérilet) ;
  • Une inflammation aiguë de l’endomètre ;
  • Des troubles de la coagulation sanguine, liés à une pathologie du sang ou à la prise de médicaments ;
  • La prise de certains médicaments, et en particulier la prise de traitements hormonaux (progestatifs, traitement hormonal de substitution) ;
  • Un cancer de l’endomètre.

Certains de ces diagnostics nécessitent de nouveaux examens complémentaires et une prise en charge adaptée immédiate. Toute anomalie dans le flux et la durée des règles doit donc amener à consulter rapidement un médecin gynécologue.

Quels traitements ?

La prise en charge médicale des ménorragies repose principalement sur des traitements médicamenteux. Plusieurs classes médicamenteuses peuvent être prescrites, notamment par ordre d’intention :

  • La pose d’un stérilet au lévonorgestrel (stérilet hormonal) pour réguler les sécrétions hormonales ;
  • Un anti-inflammatoire non stéroïdien pour calmer l’inflammation de l’endomètre ;
  • Un médicament anti-fibrinolytique pour stopper la formation de caillots dans les saignements utérins ;
  • Une contraception orale associant un œstrogène et un progestatif ;
  • Un progestatif à longue durée d’action ou un autre progestatif sur une période du cycle menstruel (phase post-ovulation) pour compenser un éventuel déficit en progestérone.

Si ces traitements ne parviennent pas à réguler le flux menstruel et que les ménorragies résultent de lésions utérines, une intervention chirurgicale peut être proposée à la patiente. C’est le cas par exemple des fibromes de grande taille, lorsque les pertes sanguines deviennent difficiles à contrôler.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– MENORRAGIES. Esculape. Consulté le 16 décembre 2020.
– Hémorragie génitale chez la femme. Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français. Consulté le 16 décembre 2020.