Moins connu que le cancer du col de l’utérus, le cancer de l’endomètre est pourtant la 4ème cause de cancer chez les femmes en France, avec plus de 8 000 nouveaux cas en 2018. Il se positionne ainsi derrière le cancer du sein en ce qui concerne les cancers gynécologiques. Le plus souvent, il est diagnostiqué après la ménopause et sa prise en charge associe la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et l’hormonothérapie. Plus récemment, l’immunothérapie est apparue dans les alternatives thérapeutiques possibles.
Qu’est-ce que le cancer de l’endomètre ?
Quand on évoque l’utérus et le cancer, on pense instinctivement au cancer du col de l’utérus. Et pourtant, il est moins fréquent qu’un autre cancer qui touche une autre partie de l’utérus, l’endomètre.
L’utérus est un organe creux en forme de poire. Il est situé dans la partie inférieure de l’abdomen féminin, entre la vessie et le rectum. La partie inférieure de l’utérus s’ouvre sur le vagin : c’est le col de l’utérus. La partie supérieure qui est plus large est le corps de l’utérus. Ce dernier communique avec les ovaires via les trompes de Fallope. Le corps utérin est constitué de deux couches de tissus : la couche interne appelée endomètre, et la couche externe, le myomètre. Dans la majorité des cas, les cancers de l’endomètre se développent à partir d’une cellule localisée au niveau de l’épithélium de l’endomètre.
Le cancer de l’endomètre est le second cancer gynécologique après le cancer du sein. Il se manifeste généralement chez les femmes après la ménopause, avec un âge moyen au diagnostic de 68 ans.
D’où vient le cancer de l’endomètre ?
Les causes des cancers de l’endomètre sont multiples :
- Des facteurs hormonaux, par exemple l’âge de la ménopause et de la puberté ou encore les changements hormonaux de la grossesse ;
- Une prédisposition génétique;
- Des facteurs environnementaux, notamment la prise de certains médicaments, comme le tamoxifène, utilisé dans le traitement du cancer du sein ;
- Des facteurs métaboliques: certaines pathologies chroniques, comme le diabète de type 2 ou le surpoids et l’obésité sont associées à une augmentation du risque de ce cancer.
À savoir ! A côté de ces facteurs de risque avérés de cancer de l’endomètre, d’autres facteurs de risque sont suspectés et font l’objet d’études, par exemple le tabagisme, le manque d’activité physique, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ou encore l’exposition au cadmium.
Quels sont les signes d’un cancer de l’endomètre ?
Le plus souvent, le cancer de l’endomètre passe inaperçu pendant les premiers stades de développement de la tumeur. Puis, il peut se traduire par divers signes cliniques, parmi lesquels :
- Des saignements vaginaux chez les femmes ménopausées ou des saignements en dehors des menstruations chez les femmes non ménopausées. On parle de métrorragies ;
- Des saignements plus abondants pendant les menstruations, avec du sang rouge ou des caillots. Ceux sont des ménorragies. Elles peuvent être isolées ou associées à des métrorragies ;
- Des pertes vaginales blanches (ou leucorrhées) souvent associées à des pertes de sang, avec une coloration rosée des pertes vaginales ;
- Des signes infectieux, par exemple des douleurs abdominales, de la fièvre ou des cystites à répétition.
Cependant, ces symptômes ne sont pas spécifiques du cancer de l’endomètre, ils peuvent témoigner d’une autre pathologie parfois bénigne. En cas de doute, il est important de signaler tout symptôme suspect au médecin, à la sage-femme ou au gynécologue.
À savoir ! Contrairement au cancer du col de l’utérus, il n’existe pour le cancer de l’endomètre aucun test de dépistage.
Comment reconnaître le cancer de l’endomètre ? Le diagnostic
Un cancer de l’endomètre peut être recherché devant la présence de certains symptômes, notamment des saignements vaginaux après la ménopause ou en dehors des menstruations. Pour déterminer la cause de ces symptômes, le médecin prescrit des examens complémentaires :
- Une échographie abdomino-pelvienne pour mettre en évidence un éventuel épaississement de l’endomètre (hypertrophie de l’endomètre) ;
- Une biopsie de l’endomètre en cas d’hypertrophie à l’échographie, avec des analyses anatomo-pathologiques ;
- Des examens d’imagerie (scanner, IRM).
L’ensemble de ces examens permettent de confirmer ou d’écarter le diagnostic de cancer de l’endomètre. Ils permettent également de préciser la nature de la tumeur, son agressivité et son éventuelle extension à des tissus voisins voire la présence de métastases.
Le cancer de l’endomètre est classé en quatre stades de sévérité croissante selon des critères histologiques (études des tissus atteints) et la capacité du cancer à s’étendre (l’extension est évaluée selon la profondeur des atteintes, l’atteinte cervicale et la présence de métastases extra-utérines). La détermination du stade permet de définir la prise en charge la plus adaptée pour la patiente et d’estimer le pronostic de la tumeur.
Quels sont les traitements du cancer de l’endomètre ?
La prise en charge du cancer de l’endomètre est pluridisciplinaire et prend en compte les caractéristiques de la tumeur, mais aussi le profil de la patiente et son état de santé. Afin de prendre la meilleure décision possible pour le patient, une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) est organisée. Elle regroupe un ensemble de professionnels de santé de spécialités différentes afin de proposer à la patiente le protocole personnalisé de soins le plus adapté à sa situation.
Il existe 4 types de traitement pour un cancer de l’endomètre :
- La chirurgie ;
- La radiothérapie ;
- La chimiothérapie ;
- L’hormonothérapie.
Tous les traitements ne sont pas systématiquement mis en place. Depuis peu, les patientes peuvent également bénéficier de nouvelles thérapies ciblées, des médicaments d’immunothérapie. Le premier médicament d’immunothérapie disponible dans le cancer de l’endomètre est le dostarlimab.
La chirurgie
La chirurgie est le traitement principal du cancer de l’endomètre, en particulier pour les tumeurs localisées ou localement avancées (c’est-à-dire limitées au corps de l’utérus, à l’utérus ou aux organes à proximité). La chirurgie du cancer de l’endomètre implique une ablation de l’utérus, des ovaires et des trompes. On parle d’hystérectomie totale avec salpingo-ovariectomie bilatérale.
À savoir ! L’hystérectomie est associée sur le long terme à un risque d’incontinence urinaire et de prolapsus (ou descente) génito-urinaire. Par ailleurs, le retrait des ovaires chez une femme non ménopausée entraînera les manifestations de la ménopause (bouffées de chaleur, sautes d’humeur, sueurs nocturnes, sécheresse vaginale, etc.). La chirurgie du cancer de l’endomètre entraîne une stérilité définitive de la patiente.
La radiothérapie
Le plus souvent, la radiothérapie est utilisée en complément de la chirurgie (généralement après). Elle est employée seule lorsque la patiente ne peut pas être opérée ou pour certaines tumeurs plus étendues. Par ailleurs, la radiothérapie est utilisée selon deux techniques associées ou non : la curiethérapie (radiothérapie interne) ou la radiothérapie externe. Une curiethérapie peut être réalisée à l’occasion d’une hospitalisation d’environ 1 semaine ou en ambulatoire à raison de plusieurs fois par semaine. Elle consiste à placer la source radioactive au plus près de la tumeur via l’installation préalable de cathéter. La radiothérapie externe consiste à irradier la région concernée grâce à un appareil qui émet des rayons X. Cette dernière nécessite plusieurs séances quotidiennes réparties sur plusieurs semaines en ambulatoire. La radiothérapie externe peut entraîner divers effets indésirables à court terme (mictions douloureuses, diarrhée, brûlures) et à long terme (fragilité intestinale, besoins d’uriner plus fréquents, libido diminuée).
La chimiothérapie
Dans certains cas, la chimiothérapie peut être proposée pour compléter le traitement de certaines tumeurs localisées ou localement avancées. C’est, en effet, le traitement de référence des tumeurs avancées, particulièrement en cas de métastases. Elle peut être associée avec la radiothérapie ou l’hormonothérapie. Les effets indésirables les plus fréquents sont : la chute des cheveux, les nausées et vomissements, la fatigue, la diminution des cellules sanguines.
L’hormonothérapie
Une hormonothérapie repose sur le blocage des hormones qui stimulent la croissance tumorale. Cette dernière peut engendrer des bouffées de chaleur, des nausées, des troubles vaginaux, etc.
En complément des traitements anticancéreux, la prise en charge associe également un suivi diététique et nutritionnel pour surveiller la couverture des besoins nutritionnels, un accompagnement à l’arrêt du tabac si nécessaire, l’incitation à la pratique d’une activité physique régulière et des soins de support adaptés aux besoins de la patiente.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Cancer de l’endomètre. Cancer et environnement. www.cancer-environnement.fr. Consulté le 16 juillet 2024.
– Qu’est-ce que le cancer de l’endomètre ? www.esmo.org. Consulté le 16 juillet 2024.