Violences conjugales, violences sexuelles, violences gynécologiques


Rédigé par Estelle B. et publié le 23 janvier 2024

violence conjugale

En 2022 en France, plus de 240 000 victimes de violences conjugales ont été enregistrées par les forces de sécurité. Un chiffre en augmentation de 15 % par rapport à l’année 2021. Dans 86 % des cas, les victimes sont des femmes. Mais les violences conjugales ne sont pas la seule illustration des violences faites aux femmes, s’y retrouvent également les violences sexuelles ou sexistes et les violences gynécologiques. Et les femmes ne sont pas toujours les seules victimes !

Les violences conjugales

Les violences conjugales regroupent l’ensemble des violences commises au sein d’un couple, par le conjoint ou le partenaire :

  • Des violences physiques (des gestes violents, des blessures) ;
  • Des violences sexuelles (des gestes à caractère sexuel sans le consentement de la victime ou à la suite d’un chantage ou d’une menace) ;
  • Des violences psychologiques (des propos dénigrants ou dévalorisants, des insultes) ;
  • Des violences économiques (mettre la victime sous dépendance financière et contrôle, la priver de biens).

D’après les dernières données publiées par les autorités publiques, 86 % des victimes de violences conjugales sont des femmes. Les hommes peuvent aussi parfois être victimes. Dans 87 % des cas, les auteurs des violences conjugales sont des hommes. Ces violences peuvent avoir un impact majeur sur la santé physique et mentale et sur la qualité de vie des victimes et de leur entourage. Les enfants du couple sont également des victimes. Dans les cas les plus graves, il existe un risque réel de féminicide ou d’homicide, voire d’infanticide. En 2023, selon le Ministère de la Justice, 94 féminicides auraient été commis en France, contre 118 pour l’année 2022.

Les violences conjugales peuvent s’exercer pendant de longs mois voire de longues années, sans que la victime ne demande de l’aide ou que l’entourage ne donne l’alerte. Les conséquences sur la santé physique et mentale dépendent de la nature des violences, de leur répétition et de leur durée :

  • Des ecchymoses et des hématomes ;
  • Des brûlures ;
  • Des fractures ;
  • Des plaies ;
  • Des troubles du sommeil ;
  • Des problèmes gastro-intestinaux ;
  • Une perte d’appétit ;
  • Des maux de tête ;
  • Des dorsalgies ;
  • Une perte de l’estime de soi ;
  • Des troubles anxieux et dépressifs ;
  • Un stress ;
  • Des crises d’angoisse ;
  • Des conduites suicidaires.

À savoir ! Les numéros d’appel d’urgence, le 17 pour les services de police et de gendarmerie ou le 15 pour les services d’urgence (112 pour le numéro d’urgence). Le 3919 est le numéro d’écoute, d’information et d’orientation pour les violences faites aux femmes. Il est destiné aux femmes victimes, mais aussi aux proches ou aux témoins de ces violences

Les violences conjugales sont punies par la loi française et les victimes peuvent porter plainte auprès des services de police ou de gendarmerie. Les victimes peuvent également demander de l’aide auprès des professionnels de santé (médecin, pharmacien, infirmier, sage-femme). En cas de violence physique et/ou sexuelle, il est conseillé de faire constater les blessures par un médecin, dans l’idéal au sein d’une unité médico-judiciaire. Les unités médico-judiciaires sont des unités spécialisées, présentes au sein d’établissements hospitaliers. Elles regroupent des médecins, des médecins légistes, des infirmières, des psychologues, des psychiatres, des aides-soignantes, des agents médico- administratifs, des juristes et des représentants d’associations d’aide aux victimes. Enfin, il existe des associations qui viennent en aide aux victimes de violences conjugales, comme les associations du réseau France Victimes, dont le numéro est 116 006.

Les violences sexuelles et sexistes

Les violences sexuelles et sexistes regroupent l’ensemble des actes et des propos à caractère sexuel, commis sans consentement dans l’un des contextes suivants :

  • Avec violence ;
  • Sous la contrainte ;
  • Sous la menace ;
  • Par surprise.

Ces violences constituent une atteinte aux droits fondamentaux de la personne, en particulier à son intégrité physique et psychologique. Elles peuvent toucher des hommes comme des femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle. Elles peuvent avoir lieu au sein du couple (et sont alors considérées comme des violences conjugales) ou en dehors du couple (par un individu connu ou inconnu, dans le cadre privé ou dans l’espace publique). La notion de consentement occupe une place centrale dans ces violences. En effet, le consentement doit être mutuel et réciproque. Et il existe pour la victime de multiples manières de montrer qu’elle n’est pas consentante : des écrits, des paroles, des attitudes et même des silences.

Les violences sexuelles ou sexistes peuvent se matérialiser sous différentes formes, toutes répréhensibles :

  • Une agression sexuelle ;
  • Des attouchements ;
  • Un viol ;
  • Du voyeurisme ;
  • Du harcèlement sexuel ;
  • Des mariages forcés ;
  • Des mutilations sexuelles ;
  • L’exploitation sexuelle.

Toutes les violences sexuelles ou sexistes peuvent impacter la santé physique et mentale des victimes, avec de multiples conséquences :

  • Des troubles du sommeil ;
  • Des troubles de l’alimentation ;
  • Des peurs incontrôlées ;
  • De l’angoisse ;
  • Une anxiété ou une dépression ;
  • Un isolement social ;
  • Un sentiment de culpabilité ;
  • Des addictions ou autres conduites à risque ;
  • Des troubles du comportement ;
  • Des conduites suicidaires.

 

angoisse

 

Les violences sexuelles et sexistes sont punies par la loi française et sanctionnées pénalement. Quel que soit le contexte, quelle que soit la nature de la violence ou quel que soit le lien avec l’auteur de la violence, il est déterminant de parler de cette situation à une personne de confiance, à un professionnel et/ou à une association spécialisée (le 3919 est là aussi le numéro à connaître pour demander de l’aide). Les faits doivent également être signalés aux services de police et de gendarmerie. Des dispositifs d’accueil et d’aide aux victimes sont mis en place dans de nombreux commissariats et gendarmeries.

Les violences gynécologiques et obstétricales

Les violences gynécologiques et obstétricales sont restées longtemps cachées. La libération de la parole sur les violences faites aux femmes permet depuis quelques années de parler plus ouvertement de ce sujet sensible, qui implique les professionnels de santé. Les violences gynécologiques et obstétricales font référence à des pratiques violentes dans l’intimité d’une consultation médicale ou lors d’un accouchement. A nouveau, ces actes sont non consentis par la victime.

Les violences gynécologiques et obstétricales sont par exemple :

  • Des touchers vaginaux brutaux ou inexpérimentés ;
  • Des épisiotomies non consenties ;
  • Des expressions abdominales ;
  • Un décollement des membranes
  • Des propos infantilisants ;
  • Un déni du projet de naissance ;
  • Etc.

Compte-tenu de la variabilité de ces violences, il n’existe pas aujourd’hui de chiffres précis sur le nombre de victimes et sur les conséquences sur leur santé physique et mentale.

Ce sujet, qui a fait récemment l’objet de plusieurs rapports et enquêtes au niveau national et européen, suscite le débat. En effet, dans certains contextes, notamment d’accouchements, l’équipe médicale doit prendre des décisions rapides, sans avoir le temps de recueillir le consentement de la patiente. Généralement, ces situations surviennent lorsque le pronostic vital de l’enfant et/ou de la mère est engagé, par exemple en cas d’hémorragie utérine. Pour autant, les plaintes de plus en plus nombreuses de femmes ne concernent pas uniquement ces situations d’urgence, mais des situations plus routinières, où elles estiment que leur consentement est nécessaire avant tout geste ou tout acte. Des violences que peinent à reconnaître les organisations représentatives des professionnels de santé.

Depuis 2021, le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) se penche régulièrement sur ce sujet et formule des avis sur le consentement et le respect de la personne dans la pratique des examens gynécologiques et touchant à l’intimité. Sans créer de fossé entre le soignant et la patiente, il faut pouvoir définir des recommandations de bonnes pratiques, qui permettent de soigner au mieux tout en respectant les droits et l’intimité de la patiente.

Face aux violences, l’éducation dès le plus jeune âge

Depuis quelques années, les violences conjugales, sexuelles, sexistes ou gynécologiques font régulièrement la une de l’actualité et occupent le devant de la scène politique. Elles sont notamment au cœur de l’action du ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.

 

consentement

Pour lutter contre toutes ces violences, la loi punit et sanctionne pénalement les propos et les actes violents. Mais il est aussi capital de prévenir ces violences, et ce dès l’enfance. Cet enjeu est justement le sujet de l’éducation à la sexualité, inscrit désormais dans les programmes de l’éducation nationale dès l’école élémentaire. Les objectifs sont multiples :

  • développer la connaissance de soi et de l’autre, le respect de soi et de l’autre,
  • développer un comportement responsable, respectueux de soi et des autres,
  • apprendre et accepter la différence,
  • identifier les différentes dimensions de la sexualité,
  • apprendre la notion de consentement pour soi et pour les autres.

Si à l’école primaire, l’éducation à la sexualité est incluse dans les enseignements, au collège et au lycée, elle se matérialise par trois séances annuelles dédiées.

Pour les violences gynécologiques et obstétricales, l’information et la formation des professionnels de santé constituent un levier pour réduire ces violences et permettre aux femmes de recevoir des soins de qualité, tout en respectant leurs choix et leur intimité.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Violences conjugales.www.service-public.fr. Consulté le 18 janvier 2024.
– Les violences conjugales enregistrées par les services de sécurité en 2022. www.interieur.gouv.fr. Consulté le 18 janvier 2024.
– VIOLENCES SEXUELLES. Arrêtons les violences. arretonslesviolences.gouv.fr. Consulté le 18 janvier 2024.
– Combattre toutes les violences sexistes et sexuelles. www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr. Consulté le 18 janvier 2024.
– Violences obstétricales et gynécologiques. www.senat.fr. Consulté le 18 janvier 2024.
– Education à la sexualité. www.education.gouv.fr. Consulté le 18 janvier 2024.