Sismothérapie (électroconvulsivothérapie)


Rédigé par Estelle B. et publié le 22 novembre 2019

Sismothérapie - ondes

La sismothérapie, encore appelée l’électroconvulsivothérapie, est la méthode thérapeutique actuelle, équivalente de l’ancienne méthode dite des électrochocs. De nos jours, la sismothérapie n’est pratiquée que sous anesthésie générale et permet une amélioration de l’état de santé des patients souffrant de divers troubles psychiques et psychiatriques. Elle se montre particulièrement efficace chez les patients ne répondant pas ou peu aux traitements médicamenteux, avec moins d’effets secondaires que les médicaments.

Définition et indications

Qu’est-ce que la sismothérapie ?

La sismothérapie ou électroconvulsivothérapie, autrefois appelée les électrochocs, a beaucoup évolué depuis sa découverte et ses premières applications notamment dans le cadre de la schizophrénie. Dans les années 1940, elle a connu un essor thérapeutique important, grâce à deux améliorations majeures :

  • Le recours à l’anesthésie générale, qui supprime l’anxiété, la douleur liée au traitement et les effets immédiats de la crise convulsive ;
  • La curarisation des patients, pour atténuer les contractions musculaires et ainsi prévenir certaines complications.

La découverte de nombreux médicaments antipsychotiques a entraîné dans les années 1970 une nette diminution de la sismothérapie, mais actuellement elle connaît un regain d’intérêt, en particulier chez les patients répondant mal ou peu aux médicaments.

La sismothérapie consiste à provoquer chez le patient, sous anesthésie générale, une crise convulsive, grâce à l’application d’un courant électrique très faible et très bref au niveau de la surface du crâne. La sismothérapie peut s’avérer très bénéfique chez les patients, qui ne répondent pas ou peu aux traitements médicamenteux. Les principaux avantages de cette approche thérapeutique sont :

  • La rapidité d’action ;
  • Son efficacité importante sur les symptômes aigus des troubles psychiques ;
  • Des effets secondaires moins importants que les médicaments.

 

Les indications thérapeutiques de la sismothérapie

La sismothérapie fait partie des alternatives thérapeutiques possibles pour de multiples troubles psychiques ou psychiatriques, tels que :

  • La dépression majeure, notamment en cas d’idées suicidaires importantes ou de résistance aux traitements antidépresseurs ;
  • Les troubles bipolaires;
  • Les psychoses ;
  • La catatonie (syndrome psychiatrique associant des symptômes moteurs et psychiques) ;
  • Les démences ;
  • Le syndrome malin des neuroleptiques, effet secondaire grave lié au traitement par des neuroleptiques ;
  • La maladie de Parkinson;
  • L’épilepsie sévère ou l’état de mal épileptique;
  • Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ;
  • Le syndrome de Gilles de la Tourette.

À noter ! La sismothérapie n’est pas indiquée dans le traitement des troubles des conduites alimentaires (anorexie, boulimie), les troubles du contrôle des impulsions, les symptômes psychosomatiques ou encore les troubles de personnalité.

La sismothérapie peut être utilisée en fonction des besoins chez :

  • Les adultes ;
  • Les enfants et les adolescents ;
  • Les femmes enceintes ;
  • Les personnes âgées.

La sismothérapie n’est généralement pas le traitement proposé en première intention. Mais dans certaines circonstances particulières, elle peut être indiquée d’emblée :

  • Un risque vital à court terme, avec des symptômes psychiatriques sévères ;
  • Un état de santé incompatible avec d’autres traitements ;
  • Des antécédents de résistance aux médicaments ;
  • Une bonne réponse antérieure à la sismothérapie ;
  • La grossesse, en raison des effets tératogènes de certains médicaments ;
  • Le choix du patient.

Plus généralement, la sismothérapie est choisie dans un second temps, après échec d’un traitement médicamenteux ou suite à l’aggravation brutale des symptômes psychiatriques.

 

 

Les risques et la pratique

Quels sont les risques de la sismothérapie ?

La sismothérapie est aujourd’hui considérée comme un traitement sûr, entraînant moins d’effets secondaires que bon nombre de médicaments. Néanmoins, des effets secondaires peuvent survenir de plusieurs ordres :

  • Cardiovasculaires et respiratoires, en lien avec le risque de toute anesthésie générale ;
  • Neurologiques ;
  • Cognitifs (troubles de la mémoire à court terme, le plus souvent réversibles en quelques jours) ;
  • Dentaires (lésions dentaires rares) ;
  • Mécaniques (rares cas de fractures ou de luxation) ;
  • Généraux (maux de tête, douleurs musculaires, nausées, raideur de la mâchoire, confusion).

Lorsque la sismothérapie est utilisée chez la femme enceinte, les complications fœtales et néonatales sont rares et peuvent être un décès du fœtus, des anomalies congénitales ou un infarctus cérébral. Les complications maternelles peuvent être le déclenchement de contractions utérines et une menace d’accouchement prématuré.

La seule contre-indication médicale à la sismothérapie est l’hypertension intracrânienne.

 

La sismothérapie en pratique

anesthesie-sismotherapieAvant toute séance de sismothérapie, une consultation d’anesthésie est nécessaire. En fonction de l’état de santé du patient, le médecin anesthésiste peut demander des examens complémentaires, notamment sanguins.

Le traitement de sismothérapie se déroule sur plusieurs séances, dont le nombre est déterminé par l’équipe médicale en fonction de la maladie du patient, de ses symptômes et de l’efficacité des séances. Le rythme des séances est le plus souvent de 2 à 3 séances hebdomadaires, pour minimiser le risque d’effets secondaires.

La sismothérapie peut être prescrite dans un cadre thérapeutique ou préventif. Les traitements de sismothérapie se décomposent généralement en trois parties :

  1. Un traitement d’attaque pour diminuer voire faire disparaître les symptômes ;
  2. Un traitement de consolidation de 4 à 6 mois pour prévenir les rechutes ;
  3. Un traitement de maintenance, préventif, sur le long cours.

Chaque séance dure environ 10 minutes, et se déroule en présence de plusieurs professionnels de santé :

  • Un médecin psychiatre ;
  • Un médecin anesthésiste ;
  • Un infirmier.

L’anesthésie générale ne dure que quelques minutes, pendant lesquelles sont surveillées en permanence la tension artérielle, l’électrocardiogramme et parfois l’électroencéphalogramme. Anesthésié, le patient ne ressent absolument rien de ce qui se passe pendant la séance. A son réveil, il peut se sentir confus, une sensation qui disparaît dans l’heure qui suit.

Selon les contextes, les séances de sismothérapie peuvent être pratiquées en ambulatoire (le patient rentre à son domicile après les séances) ou dans le cadre d’une hospitalisation.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– La sismothérapie en 2017. Agathe Godin. Thèse de doctorat en médecine. Consulté le 5 mars 2019.

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