La vaccination apparait comme la solution ultime pour endiguer le flot de contaminations et la propagation du coronavirus. Mais avec l’émergence continue de nouveaux variants, comment savoir si notre réponse immunitaire nous assure une protection suffisante pour lutter contre une nouvelle infection ? Des chercheurs suisses viennent de mettre au point un test qui permettrait de déterminer notre niveau de protection face à la Covid-19.
Des anticorps, oui, mais sont-ils efficaces ?
La présence d’anticorps spécifiques au virus SARS-COV-2 dans le sang d’un individu est la preuve qu’une réaction immunitaire a été développée suite à une infection à la Covid-19 ou à l’injection d’un vaccin. L’épidémie de Covid-19 a d’ailleurs entrainé le développement de nombreux outils de diagnostic visant à aider la gestion de l’épidémie, comme les tests de détection virales et les tests sérologiques. Cependant, la recherche d’anticorps seule ne permet pas d’estimer l’efficacité réelle de cette réaction immunitaire. Comment savoir si nous sommes correctement protégés contre une nouvelle infection au coronavirus ou à l’un de ses variants ? La recherche d’anticorps neutralisants, qui reconnaissent la protéine spike du virus, permet d’avoir une idée du niveau de protection. Mais ce type d’analyses, effectuées actuellement dans des laboratoires sécurisés, est couteux, prend beaucoup de temps et est techniquement difficile à mettre en œuvre.
Or, la situation sanitaire et économique actuelle demande une capacité d’adaptation rapide. Dans ce contexte, des chercheurs suisses proposent une nouvelle technique d’analyse dont l’avantage est de pouvoir être mise en œuvre à grande échelle et très rapidement. Cette méthode permet de déterminer notre niveau de protection face à la Covid-19 et notamment de savoir si les anticorps développés lors d’une première infection par la forme originelle du virus sont efficaces contre les nouveaux variants.
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Les personnes symptomatiques gardent une meilleure réponse immunitaire
L’équipe de chercheurs a ainsi réalisé des tests sur 206 patients ayant été précédemment infectés à la Covid-19. Certains d’entre eux avaient clairement développé les symptômes de la maladie, tandis que d’autres présentaient des anticorps sans avoir eu aucun symptôme. Les résultats des tests montrent dans un premier temps que les personnes ayant été symptomatiques lors de l’infection au SARS-COV-2 bénéficient par la suite d’une réponse immunitaire humorale (présence d’anticorps) plus forte que les personnes n’ayant pas eu de symptômes.
Il apparait également que si la plupart des personnes précédemment infectées par le virus sont capables de se défendre efficacement contre le variant Alpha, seulement 58% des personnes porteuses d’anticorps présentent une défense efficace contre le variant Beta. La plupart des personnes ayant été précédemment infectées par la souche originelle du virus ne sont donc pas totalement protégées contre une nouvelle infection à ce variant. Il s’agit en particulier des personnes n’ayant pas eu de complications ou ayant été peu atteintes pas la maladie.
D’après certaines autres études, le variant Beta, dit Sud-Africain, ainsi que le variant Brésilien, semblent d’ailleurs également échapper à l’immunité humorale induite par certains vaccins anti-covid.
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Un test pour déterminer le niveau de protection
Connaître le degré de protection induite par une première infection ou par une vaccination est donc très important dans le schéma actuel car cela permettrait à chaque individu de connaitre sa vulnérabilité par rapport au virus. Cela permettrait également aux autorités sanitaires d’adapter rapidement les mesures et précautions à prendre afin d’endiguer la circulation du virus et de contrôler la pandémie de Covid-19.
Cette technique permettrait d’observer le degré de protection de la population face à l’émergence de nouveaux variants et ainsi de rapidement mettre en place des mesures ciblées, comme le développement d’un vaccin adapté aux nouvelles caractéristiques du virus en circulation.
À terme, cette technique d’analyse pourrait également être utilisée pour d’autres virus. Il est à noter qu’aucun test pour déterminer le niveau de protection face à la Covid-19 n’a pour l’instant été réalisé sur des personnes précédemment vaccinées. Dans l’état actuel, cette technique d’analyse ne permet donc pas de conclure sur l’efficacité des vaccins face aux différents variants. De même, aucune étude utilisant cette technique de test n’a été réalisée sur des enfants et il n’y a pas eu de suivi sur le long terme des patients testés, ce qui ne permet pas d’avoir une idée de l’évolution de l’immunité au cours du temps.
Cependant, la simplicité d’utilisation et de mise en œuvre de la technique permettra certainement de complémenter cette première étude assez rapidement.
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Morgane Gillard, rédactrice scientifique