Acouphènes : pas toujours bénins, quand faut-il s’inquiéter ?
Bourdonnements, sifflements, grésillements dans l’oreille… Dans la majorité des cas, les acouphènes sont bénins. Mais certains signaux doivent alerter. Explications avec le Dr Anna Zisi, ORL à la Polyclinique Saint Odilon (Elsan), à Moulins.

Ils surgissent sans prévenir, dans une oreille ou dans les deux, et s’invitent dans le quotidien comme un bruit de fond parasite. Ces sons perçus sans qu’aucun bruit réel ne soit émis peuvent prendre des formes variées – sifflement aigu, bourdonnement sourd, cliquetis régulier – et toucher un large public. « Il ne s’agit pas d’une maladie, mais d’un symptôme. La plupart du temps, ils sont bénins, mais peuvent parfois traduire une pathologie plus sérieuse », explique le Dr Anna Zisi.
Deux types d’acouphènes à distinguer
On distingue deux types d’acouphènes. Les plus fréquents sont dits subjectifs : seuls les patients les entendent. Ils sont souvent liés à une atteinte de l’oreille interne ou à des facteurs comme le stress ou la fatigue. Les acouphènes dits objectifs, eux, sont rares et peuvent aussi être perçus par un professionnel de santé, notamment en cas de troubles vasculaires ou musculaires. « Certains patients entendent un bruit à chaque mouvement de mâchoire. Dans ces cas, il peut s’agir d’un dysfonctionnement articulaire audible à l’examen clinique », précise le Dr Zisi.
Des causes souvent bénignes… mais gênantes
La plupart du temps, les causes des acouphènes sont sans gravité. Un bouchon de cérumen, un traumatisme sonore ou une presbyacousie – perte auditive liée à l’âge – sont des origines fréquentes. Le stress joue aussi un rôle important. « De nombreux jeunes adultes consultent pour des acouphènes sans cause organique identifiable. Leur profil est souvent le même : personnes stressées, exigeantes envers elles-mêmes, qui ont du mal à lâcher prise », observe la spécialiste.
Les signes à ne pas ignorer
Certains signes doivent inciter à consulter rapidement. C’est le cas quand l’acouphène est unilatéral, perçu dans une seule oreille. Cela peut révéler un neurinome de l’acoustique, une tumeur bénigne. D’autres pathologies plus rares peuvent être en cause, comme la maladie de Ménière – qui associe acouphènes, vertiges et perte auditive – ou encore la sclérose en plaques. « Un acouphène unilatéral, persistant, surtout s’il s’accompagne de vertiges ou de troubles auditifs, doit faire l’objet d’un bilan complet », insiste le Dr Zisi.
Une perte auditive brutale accompagnée d’un acouphène constitue une urgence médicale. « L’hypertension ou certaines malformations vasculaires peuvent aussi en être responsables. Ces acouphènes, dits pulsatiles, se synchronisent avec le rythme cardiaque et nécessitent un bilan vasculaire approfondi. »
Une gêne parfois invalidante
La gêne peut justifier à elle seule une consultation. Certaines personnes ne parviennent plus à dormir, se concentrer ou supporter les bruits du quotidien. « Quand un patient est handicapé dans sa vie quotidienne, il ne faut pas banaliser. Même sans pathologie grave, une solution adaptée doit être proposée », rappelle le Dr Zisi. Une première consultation chez le médecin généraliste permet d’être orienté si besoin vers un ORL.
Un diagnostic précis et personnalisé
Le diagnostic repose d’abord sur une écoute attentive : date d’apparition, facteur déclencheur (bruit, stress…). Le médecin procède à un examen des oreilles et à un test auditif. « Si nécessaire, on peut demander une IRM pour écarter une pathologie de l’oreille interne ou une atteinte neurologique », précise l’ORL.
Quelles solutions en cas de gêne persistante ?
Les traitements varient selon la cause. Un bouchon de cérumen se traite par simple nettoyage. Une maladie de Ménière demande un traitement spécifique. En cas de perte auditive, un appareil peut atténuer les acouphènes. Lorsqu’aucune cause médicale n’est trouvée, une approche globale est recommandée. « Je propose parfois la sophrologie, ou des applications de bruits blancs – pluie, vent – pour détourner l’attention », indique le Dr Zisi. Certaines personnes trouvent aussi du soulagement avec la mélatonine ou le magnésium, qui améliorent le sommeil. « La nuit est souvent le moment le plus difficile. Quand tout est silencieux, le sifflement devient omniprésent. »
Dans tous les cas, le message est clair : un acouphène ne doit pas être négligé. S’il vous gêne, persiste ou s’accompagne d’autres signes, parlez-en à un professionnel.
Peggy Cardin-Changizi
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