TOC de l’enfant et de l’adolescent


Rédigé par Estelle B. et publié le 17 avril 2024

Toc enfant et adolescent

Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) peuvent débuter à l’âge adulte, mais aussi plus tôt au cours de la vie, dès l’enfance ou l’adolescence. Découvrons ici les caractéristiques et les particularités des TOC de l’enfant et de l’adolescent. Des troubles qu’il faut diagnostiquer et prendre en charge dès que possible pour en limiter l’impact sur la qualité de vie et le développement de l’enfant et de l’adolescent.

Qu’est-ce que le TOC de l’enfant et de l’adolescent ?

Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) chez l’enfant et l’adolescent est un trouble fréquent, dont l’expression clinique est similaire à celui de l’adulte. Son évolution peut être fluctuante avec des périodes d’accentuation et d’atténuation des symptômes, mais le TOC de l’enfant et de l’adolescent tend spontanément vers la chronicité, c’est-à-dire vers un TOC persistant à l’âge adulte.

Le TOC de l’enfant et de l’adolescent débute généralement entre 6 et 11 ans, avec un pic d’apparition durant la petite enfance et un autre durant la préadolescence. Les enfants dont le TOC a débuté avant l’âge de 7 ans sont le plus souvent de sexe masculin, avec des antécédents familiaux de TOC et l’association de tics. Des facteurs génétiques pourraient être impliqués dans le développement de ces formes à début précoce.

Chez les adolescents comme chez les adultes, on retrouve autant de femmes que d’hommes atteints.

Obsessions et compulsions chez l’enfant

Comme chez les adultes, les TOC se manifestent par des obsessions et des compulsions.

Les obsessions les plus fréquentes sont :

  • Chez l’enfant :
    • La peur de la contamination ;
    • Les obsessions agressives (peur de violences contre soi ou contre ses proches) ;
  • Chez les adolescents :
    • Les obsessions sexuelles ;
    • Les obsessions religieuses.

Les compulsions les plus fréquentes chez l’enfant sont :

  • le lavage ;
  • le nettoyage ;
  • les rituels de vérification, de comptage, de répétition et de toucher.

Les compulsions d’accumulation et de collectionnisme s’observent également avant 18 ans.

Comment savoir si mon enfant a un TOC ?

Par rapport aux adultes, les jeunes enfants ont davantage de difficultés à reconnaître le caractère pathologique de leurs conduites obsessionnelles et compulsives. Comme les adultes, ils peuvent les dissimuler à leur entourage proche.

Les enfants sont le plus souvent amenés en consultation après un laps de temps assez long, durant lequel ils ont caché à leur entourage leurs rituels contraignants, et les parents mettent souvent au premier plan des comportements inadaptés divers tels que des crises de colère, une lenteur excessive, des gestes répétitifs ou un repli sur soi avec une chute des résultats scolaires.

Avant 8 ans, l’évaluation diagnostique repose dans un premier temps sur les observations faites par l’entourage proche familial ou scolaire. Chez les enfants plus âgés et les adolescents, les patients peuvent eux-mêmes exprimer plus directement la gêne et la souffrance liées au TOC.

Comment faire la différence entre un TOC et d’autres troubles psychiques ?

Le TOC isolé est rare chez l’enfant et l’adolescent. Ainsi 50 à 75 % des enfants ont au moins un autre trouble mental associé. Il s’agit le plus souvent d’autres trouble anxieux et dépressifs, comme :

  • Une anxiété de séparation ;
  • Des troubles anxieux généralisés ;
  • Un trouble dépressif majeur.

Le TOC à début précoce est fréquemment associé aux tics, ceux-ci se développant 2 à 3 ans avant l’apparition du TOC.

Néanmoins, il est important de distinguer les TOC d’autres troubles psychiques, qui peuvent être rencontrés chez l’enfant et l’adolescent, tels que :

  • Les rituels développementauxtrès fréquents entre 3 et 5 ans (jeux répétitifs, rituels du coucher) qui n’entraînent pas de handicap particulier et visent à favoriser l’adaptation maturative du jeune enfant. Ces rituels se distinguent facilement des symptômes obsessionnels et compulsifs, source de gêne et de souffrance, entravant l’adaptation sociale, scolaire et relationnelle de l’enfant.
  • Les troubles du spectre autistique (TSA) : les enfants atteints de TSA ont fréquemment des comportements stéréotypés, répétitifs qui pourraient évoquer des compulsions. Cependant, les troubles majeurs des interactions sociales et de la communication, installés avant l’âge de 3 ans sont spécifiques et n’existent pas dans le TOC.
  • Le syndrome de Gilles de la Tourette : Les enfants présentent des tics moteurs (mouvements involontaires et répétés comme sautiller…) ou vocaux (langage grossier…) complexes souvent caractéristiques. Cependant, certains tics moteurs complexes peuvent prendre l’aspect d’une compulsion et peuvent être difficiles à identifier. Néanmoins, les tics sont classiquement indépendants d’une pensée obsédante et sont source d’une gêne et non d’anxiété.
  • La schizophrénie ;
  • Les troubles du comportement alimentaire.

Quels sont les traitements du TOC de l’enfant ou de l’adolescent ?

Dans un premier temps, une information détaillée du trouble doit être donnée au patient ainsi qu’à sa famille, permettant de mieux comprendre les troubles comportementaux associés. Il est également souhaitable que les équipes pédagogiques puissent être informées afin d’aménager au mieux la scolarité des enfants les plus sévèrement atteints. Si besoin, un projet d’accueil individualisé (PAI) peut être établi avec l’école, en concertation avec le médecin scolaire.

Du fait de l’impact majeur d’un tel trouble sur le fonctionnement familial, l’implication des parents dans le projet de soins est indispensable. Ils doivent être aidés à mieux percevoir les comportements liés ou non au TOC, permettant ainsi de réduire les conflits parents-enfant et de préserver l’équilibre affectif entre les différents membres de la famille.

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est considérée de manière consensuelle comme le traitement de première intention à privilégier chez les enfants prépubères et chez les adolescents ayant des formes légères de TOC. L’exposition avec prévention de la réponse (EPR) est le traitement de choix et repose sur des modalités extrêmement proches de celles de l’adulte. Elle doit cependant être adaptée à l’âge de l’enfant.  Dans cette technique, le patient est exposé à la situation qui provoque des pensées obsessives et encouragé à répondre à cette situation autrement que par le rituel (par exemple : toucher un objet et attendre pour se laver les mains…). La thérapie peut être réalisée en individuel ou en groupe selon les préférences du patient ou de ses parents. Renseignez-vous auprès du médecin ou du psychiatre pour en connaître les modalités d’organisation et de remboursement par l’Assurance maladie.

Si la réponse à la TCC est insuffisante ou chez les enfants et adolescents atteints de formes sévères de TOC, et après un avis spécialisé, un traitement médicamenteux peut être proposé en association avec la thérapie cognitivo-comportementale. Les traitements de première intention sont des antidépresseurs de la classe des inhibiteurs spécifiques de recapture de la sérotonine. Une surveillance étroite des effets indésirables est mise en place tout au long du traitement pour réévaluer si besoin le traitement.

Les traitements antidépresseurs sont prescrits pour une durée minimale de 10 à 12 semaines, pour observer la réponse thérapeutique. Si le traitement est efficace, il est maintenu pour une durée de 12 à 18 mois, pour prévenir les rechutes précoces.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Trouble obsessionnel compulsif (TOC) et troubles apparentés chez l’enfant et l’adolescent. www.msdmanuals.com. Consulté le 16 avril 2024.
– Les TOC chez l’enfant et l’adolescent. www.vidal.fr. Consulté le 16 avril 2024.