Glycogénoses


Rédigé par Charline D. et publié le 4 mars 2020

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Les glycogénoses sont des affections rares caractérisées par une surcharge en glycogène au niveau des organes. Ces pathologies sont d’origine génétique et dues à un déficit des enzymes responsables du métabolisme du glycogène dans l’organisme. Bien que les symptômes soient variables selon le patient et le type de glycogénose, on observe souvent une hypoglycémie et une myopathie. Le diagnostic nécessite un examen d’imagerie, l’IRM, ou une biopsie. Une analyse génétique permet de confirmer les résultats. Généralement, la prise en charge repose sur une supplémentation diététique à base de fécule de maïs pour les formes hépatiques, et une abstention de toute activité physique pour les formes musculaires.

Définition de ces pathologies

Qu’est-ce qu’une glycogénose ?glycogenoses-maladie-hereditaire-symptomes

Les glycogénoses sont des maladies héréditaires dues à un déficit en l’une des enzymes responsables du métabolisme du glycogène. Autrement dit, sa synthèse, sa dégradation ou son utilisation sont affectées. Finalement, le glycogène n’est plus fourni aux cellules qui en ont besoin, et s’accumule dans l’organisme, notamment au niveau du foie, du cœur, des reins et des muscles.

En effet, après un repas, de grande quantité de sucre arrive dans le sang, et provoque une augmentation de la glycémie. Une hormone (l’insuline) permet de limiter cette élévation en stockant le glucose sous forme de glycogène dans certaines cellules dont celles du foie, des muscles et des reins. Ainsi, lorsque la glycémie décline plusieurs heures après un repas, les cellules peuvent toujours assurer le fonctionnement de l’organisme en déstockant le glycogène, en le dégradant en glucose, pour le cerveau par exemple. Dans les glycogénolyses, c’est cette dernière étape de déstockage et de dégradation qui est impactée.

Selon l’enzyme concernée par le déficit, on différencie plusieurs types de glycogénoses, mais deux grands types sont les plus fréquents :

  • La glycogénose de type 1, aussi appelée maladie de Von Gierke, est la forme la plus répandue de glycogénose. Elle est caractérisée par un déficit en glucose-6-phosphatase, et se traduit par une surcharge progressive du foie en glycogène. Les patients souffrent d’hypoglycémie et d’un retard de croissance et de la puberté ;
  • La glycogénose de type 2, ou maladie de Pompe, débute rapidement après la naissance, et affecte principalement les muscles à cause d’un déficit en phosphorylase musculaire. Le plus souvent, elle se traduit par une faiblesse musculaire, un gros cœur et une surcharge du foie en glycogène. D’autres formes de la maladie se focalisent uniquement aux muscles.

À savoir ! D’un point de vue clinique, les glycogénoses, même à l’intérieur d’un même type, sont très hétérogènes.

Dans la majorité des cas, les glycogénoses sont dites « autosomiques récessives ».

Pour rappel, un chromosome est un élément microscopique constitué de molécules d’ADN. Il contient donc les gènes, supports de l’information génétique qui sont transmissibles à la descendance. Les chromosomes vont par paire. Tout individu sain dispose de 23 paires de chromosomes. La paire 23 contient les chromosomes sexuels qui déterminent le sexe de l’individu qui les porte : XX chez une femme, et XY chez un homme.  Enfin, les chromosomes d’une même paire sont identiques, autrement dit, ils portent les mêmes gènes. Ainsi, il n’existe pas une version d’un même gène, mais deux, on parle d’allèle.

On parle de transmission récessive lorsque l’anomalie génétique responsable de la maladie affecte les deux copies du gène impliqué. Autrement dit, un individu peut être porteur de l’anomalie (sur l’une des deux copies du gène) sans que celle-ci ne s’exprime. La maladie se manifeste uniquement lorsque les deux copies sont anormales.

Le terme « autosomique » signifie que l’anomalie génétique porte sur un chromosome non sexuel.

Les glycogénoses sont des maladies génétiques rares puisqu’on estime qu’un individu pour 25 000 naissances est concerné.

Symptômes, diagnostic et traitement

Quels symptômes ?

La symptomatologie des glycogénoses, ainsi que l’âge des premiers symptômes varient beaucoup  selon l’âge des patients et le type de glycogénose. Les symptômes les plus fréquents sont l’hypoglycémie (malaise, pâleur, sueurs) et la myopathie (atteinte musculaire).

Les glycogénoses de type 1 peuvent se manifester dès la naissance par une hépatomégalie (gros foie), ou comme dans la majorité des cas, entre l’âge de 3 et 4 mois, par des hypoglycémies. D’autres symptômes peuvent être présents :

  • Un retard de croissance ;
  • Une ostéopénie voire une ostéoporose;
  • Un faciès dit de « poupin » ;
  • Une néphromégalie (gros reins) ;
  • Des saignements de nez ;
  • Des infections répétées ;
  • Une maladie intestinale inflammatoire.

Des complications rénales et hépatiques peuvent survenir.

Les symptômes des glycogénoses de type 2 ne sont pas présents dès la naissance, mais débutent après un à deux mois de vie. Ils sont divers :

  • Des troubles moteurs comme une hypotonie (baisse du tonus musculaire), une faiblesse musculaire et des déficits moteurs. Concrètement, le petit patient peut, par exemple, avoir des difficultés à maintenir sa tête, à se retourner ou à s’asseoir ;
  • Une atteinte respiratoire lorsque les muscles de la respiration sont touchés. Le nourrisson a les bronches encombrées et tousse beaucoup. Une insuffisance respiratoire peut s’installer, et s’accompagner de nombreuses infections ;
  • Des troubles alimentaires lorsque les muscles de la bouche et de la gorge sont concernés par la maladie. La succion et la déglutition peuvent être difficiles ;
  • Une atteinte cardiaque. On parle de cardiomyopathie. Cette dernière peut être à l’origine d’une insuffisance cardiaque, d’anomalies du rythme cardiaque ou de mort subite ;
  • L’audition est parfois affectée. Dans la forme non classique, une hépatomégalie (augmentation du volume du foie) et une macroglossie (augmentation du volume de la langue) peuvent être présents.

Quel diagnostic ?

Le diagnostic de glycogénoses est évoqué devant la présence de ces symptômes. Il est confirmé par la mesure de l’activité enzymatique, sur un prélèvement sanguin ou une biopsie (prélèvement de tissu).

Selon le type de glycogénose, ou le type de symptôme, d’autres examens peuvent être pratiqués en complément.

Quel traitement ?

Les enfants souffrant de glycogénose de type 1 doivent suivre un traitement assez contraignant pendant leur petite enfance. Il repose sur :

  • La prévention du jeûne en adaptant le nombre de repas à la période de jeûne toléré par le patient. A partir d’un certain âge, et afin d’allonger la période de jeûne, de l’amidon de maïs peut être donné en fin de repas ;
  • Un régime riche en glucides établi par une diététicienne spécialisée ;
  • Le traitement des anomalies associées ;
  • La prévention des complications via une des glycémies capillaires quotidiennes.

A noter ! Avec l’âge, la tolérance au jeûne s’améliore, et le traitement peut par conséquent être allégé.

Concernant les glycogénoses de type 2, la prise en charge est symptomatique (cardiaque, respiratoire, nutritive et musculaire) et associée à la thérapie substitutive enzymatique qui permet de remplacer l’enzyme qui fait défaut grâce à des injections. Ces dernières permettent une amélioration importante chez un patient sur trois, cependant lorsque le traitement est interrompu, la maladie progresse de nouveau.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Maladies de surcharge glycogénique (glycogénoses). LE MANUEL MSD. Consulté le 19 février 2020.
– Glycogénose. LAROUSSE. Consulté le 19 février 2020.
– Glycogénose par déficit en glucose-6-phosphatase. ORPHANET. Consulté le 19 février 2020.
– La maladie de Pompe. ORPHANET. Consulté le 19 février 2020.

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