Maladie de Wilson


Rédigé par Charline D. et publié le 17 juin 2022

Maladie de Wilson

La maladie de Wilson est une pathologie rare d’origine génétique se traduisant par l’accumulation anormale de cuivre dans différents organes, le foie et le cerveau étant les plus touchés. Le diagnostic de cette maladie implique la réalisation d’analyses sanguines associées, si besoin, à des examens complémentaires (IRM, biopsie hépatique). Sans traitement, elle peut se révéler fatale. La prise en charge est médicamenteuse. Elle consiste en l’administration par voie orale, à vie, de chélateurs de cuivre. Ces molécules ont la propriété de capter le cuivre pour faciliter son élimination de l’organisme.

Qu’est-ce que la maladie de Wilson

La maladie de Wilson est une maladie génétique rare causée par une accumulation de cuivre dans l’organisme.

Le cuivre est présent dans notre alimentation. On le rencontre notamment dans le foie, certains crustacés et fruits de mer, le chocolat, les noix, les champignons… Cela tombe bien car le cuivre est également indispensable à la fabrication de nombreuses protéines nécessaires au fonctionnement de l’organisme.

Le cuivre ingéré via la nourriture est stocké dans le foie. Une molécule, la céruléoplasmine, l’achemine jusqu’aux organes. L’excès en cuivre s’élimine dans la bile (fabriquée par le foie) ou les urines.

Dans la maladie de Wilson, une altération génétique entraîne un dysfonctionnement de l’élimination du cuivre hors de l’organisme. Sa présence en excès est responsable d’une véritable intoxication, impactant différents organes et en premier son lieu de stockage : le foie.

La mutation en cause dans la maladie de Wilson concerne le gène ATP7B, porté par le chromosome 13. Pour être atteint de la maladie, il faut porter une mutation de l’ATP7B sur les deux chromosomes 13. Cela signifie qu’il faut avoir reçu un gène muté de la part de son père et de sa mère. La transmission est dite autosomale (présente sur un chromosome non sexuel) récessive.

Les individus porteurs d’un gène muté et d’un gène sain ne présente pas la maladie (1 personne sur 90 en France), mais peuvent la transmettre si leur conjoint possède également un gène altéré. Dans le jargon médical, on parle de porteurs sains.

La maladie de Wilson reste rare puisqu’elle concerne une personne sur 25 000.

Quels sont les symptômes de la maladie de Wilson ?

Les premiers symptômes de la maladie débutent rarement avant l’âge de 3 ans et varient selon les organes affectés :

  • Atteinte du foie : il s’agit d’hépatite aigüe ou chronique, voire de cirrhose. On constate une fatigue, un amaigrissement, des gonflements, des troubles digestifs ou une jaunisse ;
  • Atteinte du cerveau : elle se manifeste plutôt chez l’adolescent et entraîne des troubles neurologiques et/ou psychiatriques. Les symptômes sont très variés. Certains, comme les troubles de l’humeur, sont parfois mis à tort sur le compte de la « crise d’adolescence ». On constate aussi des tremblements, des contractures, des problèmes de coordination ou des difficultés à parler. Parfois, la maladie se révèle par des problèmes scolaires et notamment d’écriture ;
  • Atteinte des yeux : la maladie est responsable chez 75% des malades de la formation d’un anneau orangé au bord externe de l’iris : l’anneau de Kayser-Fleischer. Il s’agit d’un dépôt de cuivre, visible à l’œil nu ou à la lampe à fente (appareil d’examen ophtalmologique). Cet anneau est toujours présent dans les formes neurologiques. A noter que la maladie de Wilson n’altère pas la vision ;
  • Atteinte du cœur : troubles du rythme possible ;
  • Atteinte sanguine : anémie (diminution de globules rouges) possible ;
  • Atteinte des os : entraînant des douleurs ;
  • Irrégularité des règles chez les patientes.

À savoir ! Le Dr Samuel Alexander Kinnier Wilson est le premier neurologue à avoir décrit la maladie en 1912.

Le diagnostic de cette pathologie

En raison des symptômes variés et pouvant mimer d’autres maladies (hépatite virale par exemple), il est difficile de poser le diagnostic.

Tubes de sang

En cas de suspicion, le médecin prescrit divers dosages :

  • Un taux de cuivre urinaire (augmenté dans la maladie de Wilson) ;
  • Un taux de céruléoplasmine plasmatique (diminué) ;
  • Un dosage du cuivre dans le foie, suite à une biopsie à l’aiguille (taux élevé).

Une IRM cérébrale peut être prescrite à la recherche d’anomalies causées par l’accumulation du cuivre (et pour écarter d’autres maladies comme une tumeur du cerveau).

On peut aussi réaliser une analyse génétique pour mettre la mutation du gène ATP7B en évidence.

Quels sont les traitements disponibles ?

L’instauration d’un traitement précoce est essentielle pour éviter les séquelles. En tout début de maladie de Wilson, elle permet la régression des symptômes. Le traitement se prend toute la vie.

Traitement pour la maladie de wilson

Il repose essentiellement sur des chélateurs du cuivre ; c’est-à-dire des molécules qui vont se lier au métal dans l’organisme et permettre son élimination dans les urines. Il en existe 2 : la D-pénicillamine et la trientine.

  • La D-pénicillamine est le traitement de référence de la maladie de Wilson. Elle favorise l’élimination du cuivre et la détoxification du foie. Pour cela, il est nécessaire de la prendre avant les repas. Bien qu’efficace chez la majorité des patients, ce médicament est malheureusement à l’origine de nombreux effets secondaires comme des allergies, l’apparition d’un lupus ou encore d’une atteinte rénale ou sanguine. La prise progressive du médicament et l’association avec des corticoïdes permettent de diminuer les effets secondaires ;
  • La trientine présente un peu moins d’effets indésirables, cependant ce traitement n’est disponible que dans les pharmacies hospitalières, ce qui en limite l’usage.

L’observance du traitement (prise régulière des comprimés) doit être absolue. Un arrêt brutal peut entraîner une atteinte hépatique fulgurante ou une aggravation neurologique grave.

Pour les patients ne supportant pas les chélateurs, l’alternative est la prise de zinc car il diminue l’absorption intestinal du cuivre. Les principaux effets secondaires sont des nausées et des douleurs abdominales qui s’estompent après plusieurs semaines de traitement. Les patients encore asymptomatiques (ne présentant pas de symptômes) peuvent également prendre du zinc.

Des traitements pour soulager les symptômes

Afin de soulager leurs symptômes, notamment les tremblements, la salivation excessive ou les contractions musculaires, patients peuvent prendre des traitements non spécifiques à la maladie de Wilson en complément.

En cas d’atteinte du foie trop importante au moment du diagnostic, une transplantation sera envisagée. Environ 5% des patients souffrant de la maladie de Wilson sont concernés. La transplantation hépatique peut aussi être proposée lorsque les symptômes neurologiques sont trop importants et ne s’atténuent pas malgré 6 mois de traitement.

Enfin, un régime visant à restreindre l’apport d’aliments riches en cuivre doit être instauré. A noter que l’éviction totale du cuivre d’origine alimentaire est impossible compte tenu de sa présence dans un grand nombre d’aliment. Il est ainsi conseillé de surtout porter son attention sur les aliments qui en contiennent le plus comme : le foie, les crustacés, le chocolat noir, les noix et les fruits secs.

En cas de séquelles de la maladie, comme une atteinte neurologique, des séances de kinésithérapie et/ou d’orthophonie peuvent être prescrites. Elles sont utiles pour permettre au patient de maintenir ou récupérer ses capacités motrices et oratoires. En cas de handicap moteur, un ergothérapeute peut également se joindre à l’équipe médicale afin de réapprendre au patient les gestes du quotidien et gagner en autonomie.

Rédigé par Isabelle V., le 23 octobre 2017. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 17 juin 2022

Sources
– La maladie de Wilson. orpha.net. Consulté le 17 juin 2022.

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