Hyperaldostéronisme


Rédigé par Florence D-L. et publié le 15 décembre 2021

glandes surrénales

L’hyperaldostéronisme se définit comme la sécrétion inadaptée d’une hormone appelée aldostérone.  Sur le plan clinique, cette hyperproduction d’aldostérone se traduit par différents symptômes et en particulier par une hypertension artérielle. Sur le plan biologique, des anomalies peuvent également apparaitre et notamment une hypokaliémie. Le traitement dépend de la cause, il est chirurgical ou médicamenteux.

Définition, symptômes et causes de l’hyperaldostéronisme

Qu’est-ce que l’aldostérone ?

L’aldostérone est une hormone de la famille des minéralocorticoïdes. Elle est sécrétée par les glandes surrénales, qui comme leur nom l’indique sont deux petites glandes situées au-dessus des reins. L’aldostérone a une action rénale, elle provoque :

  • La réabsorption du sodium. Etant donné que l’eau suit le sodium, l’aldostérone contribue à la rétention hydrosodée et à l’augmentation de la pression artérielle ;
  • L’excrétion du potassium. Comme elle contribue à abaisser la concentration sanguine de potassium, l’aldostérone est une hormone dite hypokaliémiante.

formule chimique de l'aldostérone

La régulation de la sécrétion d’aldostérone est relativement complexe et dépend principalement de la rénine au sein du système rénine-angiotensine-aldostérone :

  • La rénine est une enzyme d’origine rénale, produite en cas d’hypovolémie (diminution du volume de sang) et de baisse de la pression artérielle ;
  • La rénine permet de transformer l’angiotensinogène en angiotensine I, puis l’angiotensine I devient l’angiotensine II sous l’action d’une enzyme, l’enzyme de conversion ;
  • L’angiotensine II est un puissant vasoconstricteur et stimule la production d’aldostérone.

Qu’est-ce que l’hyperaldostéronisme ?

C’est la production excessive d’aldostérone. On distingue les formes :

  • Primaires, ou syndrome de Conn : le problème vient des surrénales, et celles-ci produisent un excès d’aldostérone de façon autonome. Les taux d’aldostérone sont élevés tandis que la rénine est basse par rétrocontrôle ;
  • Secondaires : cette fois-ci, le problème ne vient pas directement des glandes surrénales mais plutôt de la rénine qui peut être augmentée et conduit à une surproduction d’aldostérone.

Quels sont les symptômes de l’hyperaldostéronisme ?

Le principal symptôme résultant de l’hyperaldostéronisme, qu’il soit primaire ou secondaire, est l’hypertension artérielle. On parle d’hypertension secondaire à l’hyperaldostéronisme, par opposition à l’hypertension essentielle qui n’a pas de cause précise.

Cette hypertension est volontiers précoce, c’est-à-dire qu’elle survient chez l’adulte jeune, et/ou résistante aux traitements.

un médecin qui mesure la tension artérielle de son patient

L’hyperaldostéronisme peut provoquer une hypokaliémie, ou baisse du potassium sanguin. Ceci se traduit par différents symptômes :

  • Fatigue ;
  • Constipation ;
  • Faiblesse musculaire, paralysie ;
  • Crampes, tétanie ;
  • Paresthésies (sensations de fourmillements) ;
  • Polyurie (urines plus abondantes) ;
  • Polydipsie (soif intense et boissons plus abondantes) ;
  • Troubles du rythme cardiaque ;
  • etc.

D’autres perturbations du bilan biologique peuvent survenir, comme par exemple une alcalose (augmentation du pH sanguin) et une hypernatrémie (augmentation du sodium sanguin).

À savoir ! La présence d’un ou plusieurs symptômes est très variable, même si l’hypertension est le symptôme prédominant. Il arrive dans certains cas que la personne atteinte d’hyperaldostéronisme ne souffre d’aucun symptôme.

À savoir ! Sur le long terme, l’excès d’aldostérone entraine un remodelage délétère des organes cibles comme le cœur et le rein.

Quelles sont les causes de l’hyperaldostéronisme ?

Il existe plusieurs causes d’hyperaldostéronisme primaire :

  • La présence d’une tumeur bénigne appelée adénome sur une glande surrénale (adénome unilatéral) ou sur les deux (adénome bilatéral) ;
  • Une augmentation de taille appelée hyperplasie, au niveau d’une glande surrénale (hyperplasie unilatérale) ou des deux (hyperplasie bilatérale) ;
  • Certaines formes d’hyperaldostéronisme primaire sont familiales ;
  • La présence d’une tumeur maligne de type carcinome surrénalien est plus rare.

À savoir ! L’absence de cause retrouvée conduit à un hyperaldostéronisme primaire idiopathique.

Dans le cas d’un hyperaldostéronisme secondaire, la rénine peut être augmentée pour différentes raisons. La plus connue est un rétrécissement, ou sténose, des artères rénales. En effet, cela provoque une baisse du débit sanguin rénal qui stimule la production de rénine et donc d’aldostérone.

Diagnostic et traitement d’hyperaldostéronisme

Comment poser un diagnostic ?

Face à des symptômes évocateurs, et notamment une hypertension artérielle précoce et/ou résistante aux traitements, le médecin interroge le patient afin d’écarter d’autres causes d’hypertension chez l’adulte jeune comme par exemple la consommation régulière de réglisse. En parallèle, il prescrit différents dosages dans le sang et dans les urines. En particulier, les taux d’aldostérone et de rénine sont analysés et permettent de déterminer de quel type d’hyperaldostéronisme il s’agit :

  • En cas d’hyperaldostéronisme primaire : l’aldostérone est élevée tandis que la rénine est basse ;
  • En cas d’hyperaldostéronisme secondaire : l’aldostérone et la rénine sont augmentées.

À savoir ! De nombreux médicaments peuvent modifier les taux d’aldostérone et de rénine et doivent donc être arrêtés en prévision du dosage afin de ne pas fausser les résultats. Demandez conseil au médecin ou au biologiste.

En cas d’hyperaldostéronisme primaire, l’imagerie par scanner ou IRM aide à trouver la cause de l’hyperproduction d’aldostérone, essentiellement un adénome ou une hyperplasie.

À savoir ! Il arrive qu’un examen prescrit pour une autre indication dans la sphère abdominale aboutisse à la découverte d’une anomalie sur les glandes surrénales. Cette masse est alors appelée un incidentalome surrénalien et peut être associée ou non à un hyperaldostéronisme.

Cependant, ces examens d’imagerie ne sont généralement pas suffisants pour déterminer s’il s’agit d’une surproduction unilatérale ou bilatérale d’aldostérone. Ainsi l’imagerie est complétée par un examen appelé cathétérisme des veines surrénales. Il consiste à insérer un fin tuyau, ou cathéter, jusqu’au niveau des veines surrénales de façon à prélever un peu de sang provenant des glandes surrénales. Ce sang est ensuite analysé.

À savoir ! le cathétérisme des veines surrénales est un examen très important en cas d’hyperaldostéronisme car il va permettre de déterminer la prise en charge médicale ou chirurgicale du patient.

Quels sont les traitements de l’hyperaldostéronisme ?

La prise en charge de l’hyperaldostéronisme implique différents médecins, généralistes (le médecin traitant) et spécialistes (le cardiologue, l’endocrinologue, le néphrologue, le chirurgien).

Le traitement de l’hyperaldostéronisme primaire dépend de l’atteinte unilatérale ou bilatérale :

  • C’est un traitement chirurgical lorsque l’hypersécrétion d’aldostérone est unilatérale. L’intervention consiste alors à retirer la glande surrénale atteinte (surrénalectomie) ;
  • C’est un traitement médicamenteux lorsque l’hypersécrétion d’aldostérone est bilatérale. En effet, retirer les deux glandes surrénales n’est pas souhaitable et conduirait à une insuffisance surrénalienne proche de la maladie d’Addison.

Le principal médicament prescrit en cas d’hyperaldostéronisme est la spironolactone. C’est un médicament anti-aldostérone, inhibiteur des récepteurs minéralocorticoïdes et appartenant à la famille des diurétiques. Pour éviter de se lever la nuit pour aller uriner, il est généralement conseillé de prendre la spironolactone le matin. De plus, cette molécule peut avoir un certain nombre d’effets secondaires du fait d’un manque de spécificité. Chez l’homme, elle peut provoquer des gynécomasties (gonflement des seins) et des troubles de l’érection. Chez la femme, elle peut provoquer des irrégularités du cycle menstruel.

Le traitement de l’hyperaldostéronisme secondaire est en fait le traitement de la cause. Ainsi, en cas de sténose des artères rénales, plusieurs traitements sont disponibles, médicamenteux ou chirurgicaux.

À savoir ! Des médicaments à base de sels de potassium peuvent également être prescrits pour corriger l’hypokaliémie.

À savoir ! Une fois l’hyperaldostéronisme traité, l’hypertension artérielle peut persister et nécessiter une prise en charge à part entière, à base de médicaments (les anti-hypertenseurs) et de mesures hygiéno-diététiques (diminution de la consommation de sel, arrêt du tabac, activité physique régulière, gestion du stress…).

Sources
– Hyperaldostéronisme primaire (syndrome de Conn). msdmanuals.com. Mis à jour en septembre 2020 et consulté le 15 décembre 2021.
– Hyperaldostéronisme. msdmanuals.com. Mis à jour en octobre 2020 et consulté le 15 décembre 2021.
– Revue Médicale Suisse. revmed.ch. Hyperaldostéronisme primaire. Paru le 14 septembre 2011 et consulté le 15 décembre 2021.
– Syndrome de Conn – Hyperaldostéronisme. surrenales.com. Mis à jour en septembre 2015 et consulté le 15 décembre 2021.

Lire nos autres dossiers Maladies