Gynécomastie


Rédigé par Estelle B. et publié le 25 février 2021

Gynécomastie chez l'homme

La gynécomastie se définit par une augmentation pathologique de la glande mammaire et donc du volume des seins chez l’homme. Majoritairement liée au déficit hormonal chez l’homme âgé, elle peut aussi se rencontrer dans de multiples situations cliniques. Unilatérale ou bilatérale, temporaire ou chronique, elle est très souvent bénigne. Son diagnostic vise à déterminer son origine et écarter toute tumeur associée. Seules certaines formes de gynécomastie nécessitent un traitement, basé sur des médicaments hormonaux ou une intervention chirurgicale de réduction mammaire.

Définitions et symptômes de la gynécomastie

Qu’est-ce que c’est ?

La gynécomastie correspond à une augmentation anormale du volume des seins chez les hommes. Cette affection est le plus souvent bénigne et correspond à une hyperplasie non tumorale de la glande mammaire. Les deux seins peuvent être concernés (forme bilatérale) ou seulement l’un des deux (forme unilatérale). Le tissu mammaire anormalement développé est ferme et se compose :

  • De tissu canalaire (canaux) ;
  • De tissu conjonctif.

Le plus souvent, la gynécomastie résulte de modifications hormonales dans l’équilibre des hormones sexuelles entre les hormones œstrogènes et la testostérone :

  • En période néonatale, avec le passage transplacentaire des hormones œstrogènes maternelles ;
  • A la puberté ;
  • A l’andropause, avec un déficit en hormones androgènes ;
  • En lien avec un surpoids ou une obésité.

D’autres causes peuvent être impliquées dans la gynécomastie :

  • Une atteinte hépatique, notamment la cirrhose alcoolique ;
  • L’insuffisance rénale ;
  • Un syndrome de Klinefelter (maladie génétique liée à une anomalie du nombre de chromosomes sexuels chez l’homme. Au lieu d’avoir un chromosome sexuel X et un chromosome sexuel Y, les hommes atteints ont au moins deux chromosomes X en plus du chromosome Y) ;
  • La prise de médicaments contre les ulcères gastroduodénaux, l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, les traitements hormonaux du cancer de la prostate, les traitements contre la goutte ou encore certaines chimiothérapies ;
  • La prise de substances stéroïdes anabolisantes chez les sportifs de haut niveau et les haltérophiles ;
  • La dénutrition sévère ;
  • L’hyperthyroïdie ;
  • Plus rarement des tumeurs génitales ou extra-génitales (tumeurs cérébrales, hépatiques, rénales, pulmonaires ou encore surrénaliennes).

Parfois aucune cause n’est retrouvée (forme idiopathique).

Sur le plan épidémiologique, si la gynécomastie peut survenir à tous les âges de la vie, elle montre un pic de fréquence entre 50 et 80 ans, où 75 % des hommes sont touchés.

Quels symptômes ?

Symptômes de la Gynécomastie chez l'hommeL’augmentation du volume mammaire chez l’homme peut toucher un seul sein ou les deux. La gynécomastie peut aussi être temporaire, ou évoluer au fil du temps, en fonction de la cause.

Parallèlement à l’augmentation du volume, principal signe clinique de la gynécomastie, les hommes peuvent ressentir :

  • Une sensibilité des seins ;
  • Des douleurs mammaires.

À savoir ! La gynécomastie est une affection bénigne. Néanmoins, elle peut rendre plus difficile le diagnostic d’un cancer du sein. Chaque année, environ 500 cas de cancer du sein sont recensés chez les hommes

Même si la gynécomastie est une affection bénigne, elle peut évoluer et entraîner plusieurs complications :

  • Des kystes mammaires (sorte de boules constituées de liquide produit par les glandes mammaires, ces kystes sont bénins) ;
  • Des fibroadénomes (petites masses mammaires bénignes, composée de tissus fibreux et de tissu glandulaire) ;
  • Une inflammation locale provoquant rougeur, chaleur et douleur ;
  • Exceptionnellement le développement d’une tumeur maligne, notamment chez les hommes atteints du syndrome de Klinefelter, qui ont un risque accru de développer un cancer du sein.

Diagnostic et traitements de la gynécomastie

Quel diagnostic ?

Diagnostic de la Gynecomastie chez l'hommeLa gynécomastie est une affection qui peut être facilement détectée par le patient lui-même, lorsque l’augmentation du volume des seins est significative. Mais la gynécomastie peut aussi être découverte à d’autres occasions :

  • Par hasard, lors d’un contrôle de santé pour un autre motif ;
  • Lors d’une consultation en cas de gêne ou de douleur associées.

Pour établir le diagnostic de gynécomastie et en déterminer l’origine, le médecin généraliste procède par étapes successives :

  • Une auscultation clinique, comprenant un examen des seins ;
  • Un interrogatoire du patient pour connaître ses antécédents personnels et familiaux, ses problèmes de santé, ses traitements médicamenteux en cours ;
  • Des analyses sanguines pour doser les hormones sexuelles (œstrogènes, testostérone) et d’autres hormones (cortisol, prolactine, hormones hypophysaires, hormones thyroïdiennes, …), mais aussi effectuer un bilan de la fonction rénale et de la fonction des glandes surrénales ;
  • Une mammographie et/ou une échographie mammaire pour s’assurer de l’absence de tissu mammaire tumoral (cancer du sein) ;
  • Une radiographie pulmonaire, pour écarter une tumeur au niveau de l’appareil respiratoire ;
  • Une biopsie du tissu mammaire, en particulier lorsqu’il existe une masse palpable. L’analyse histologique anatomo-pathologique permet de caractériser la nature des tissus mammaires impliqués dans la gynécomastie. La classification de Williams, utilisée par les spécialistes, décrit trois types de gynécomasties.

A l’issue des ces examens, le médecin a pu déterminer le volume de la gynécomastie, sa symétrie, sa nature. Il a également recherché un éventuel écoulement par le mamelon et la présence d’adénopathies.

À savoir ! Face à l’augmentation du volume des seins chez l’homme, le médecin doit différencier la gynécomastie d’autres pathologies, comme l’adipomastie (développement anormal du tissu adipeux de la glande mammaire, souvent observée chez les hommes en surpoids ou obèses ; l’adipomastie est beaucoup plus fréquente que la gynécomastie) ou les tumeurs du sein (présence d’un nodule dur, insensible, avec un éventuel écoulement du mamelon). Certains hommes peuvent présenter une adipogynécomastie, associant adipomastie et gynécomastie.

Quels traitements ?

La prise en charge de la gynécomastie dépend de plusieurs paramètres :

  • L’âge de survenue : la gynécomastie associée à la puberté est majoritairement temporaire, elle disparaît en quelques mois sans aucun traitement.
  • La cause du développement anormal de la glande mammaire.

Plusieurs traitements sont possibles, en fonction de la cause identifiée et de la gêne occasionnée :

  • Des médicaments hormonaux à base d’androgènes, pour compenser un déséquilibre entre les hormones œstrogènes et la testostérone ;
  • Le traitement spécifique de la cause à chaque fois que c’est possible ;
  • L’arrêt de médicaments mis en cause dans la gynécomastie : la gynécomastie étant une affection bénigne, certains traitements essentiels ne peuvent pas être arrêtés, mais des adaptations thérapeutiques peuvent être mises en œuvre pour réduire l’impact sur les seins ;
  • L’ablation chirurgicale de tissu mammaire en excès, associée ou non à une liposuccion (en cas d’adipomastie associée) : le recours à la chirurgie est réservé aux patients souffrant de complications ou d’une gêne importante chez un sujet jeune.

En pratique, dans la majorité des cas, la gynécomastie ne nécessite pas de traitements. Le déficit d’androgènes, souvent lié à l’âge, est difficile à compenser par les traitements et la balance bénéfice sur risque est souvent défavorable. L’instauration d’un traitement médicamenteux est nécessaire pour traiter la cause de la gynécomastie, lorsqu’elle est clairement identifiée et curable. La chirurgie reste plus rare, réservée à quelques formes sévères.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Gynécomastie. e-cancer.fr. Consulté le 18 février 2021.
– Androgènes, vieillissement masculin et gynécomastie. . urofrance.org. Consulté le 18 février 2021.
– La gynécomastie. Fiche d’information de la Société Française de Chirurgie Plastique Reconstructrice
et Esthétique. hpsj.fr. Consulté le 18 février 2021.