Protéinurie


Rédigé par Laurence P. et publié le 17 mai 2023

 

Protéinurie analyse d'urine

Une protéinurie correspond à la présence excessive de protéines, habituellement de l’albumine, dans les urines. Cette anomalie est le plus souvent liée à des troubles rénaux. Une protéinurie est à surveiller notamment au cours de la grossesse pour éviter l’apparition de complications. L’unique signe visible de la protéinurie est l’aspect mousseux des urines. A terme, une protéinurie est toxique pour les reins.

Protéinurie : définition

Médicalement, elle se définit par un taux de protéines dans les urines supérieure à 150 mg par jour. En dessous de cette limite, on parle d’excrétion physiologique, autrement dit normale. En effet, en temps normal, les urines ne contiennent pas ou très peu de protéines.

Le terme « protéinurie » désigne la présence de protéines (le plus souvent de l’albumine) dans les urines. Cette anomalie se traduit par une modification de l’aspect des urines. Elles sont plus mousseuses. Une protéinurie peut être présente dans bon nombre de pathologies urinaires associée ou non à d’autres symptômes. On parle de protéinurie isolée lorsqu’il n’existe aucun trouble urinaire ou symptôme associé.

Le rein, organe de filtration

Le rein est un organe vital localisé dans la partie postérieure de l’abdomen. Chaque individu en compte normalement deux. Chaque rein est composé de 2 parties : l’une contient les glomérules, l’autre contient les tubules et les vaisseaux. Glomérule et tubule forment un néphron.

Au total, un rein est composé d’environ 1 million de néphrons qui servent à filtrer le sang afin d’en extraire les déchets qui sont éliminés dans les urines.

schéma

La barrière de filtration glomérulaire (BFG) a deux fonctions :

  • La première est de laisser passer l’eau et les petites molécules (bas poids moléculaire).
  • La seconde est d’empêcher le passage des grosses molécules (haut poids moléculaire).

Les protéines, qui sont de grosses molécules, sont retenues grâce à leur taille ou à leur charge électrique.

Un autre phénomène entre en jeu : la réabsorption. En effet, au niveau des tubules, les molécules peuvent être réabsorbées. Autrement dit, elles peuvent repasser des urines vers la circulation sanguine.

Finalement, très peu de molécules se retrouve dans les urines chez un sujet sain.

Protéinurie, présence d’albumine dans les urines

L’albumine est produite par le foie et ensuite filtrée dans le rein, et seulement une infime quantité (les scientifiques ne sont pas tous d’accord sur la valeur) se retrouve ensuite dans les urines. Habituellement, la barrière de filtration glomérulaire ne laisse pas passer les protéines.

En cas d’anomalie rénale (de la barrière de filtration glomérulaire ou du tubule), une quantité plus importante d’albumine peut atteindre les urines. On parle de microalbuminurie puis de macroalbuminurie, selon le taux d’albumine retrouvé.

Il existe différents types

On distingue plusieurs types de protéinurie selon le mécanisme en cause :

  • La protéinurie glomérulaire qui résulte de troubles de la barrière de filtration glomérulaire ;
  • La protéinurie tubulaire qui est liée à une anomalie de la réabsorption au niveau du tubule ;
  • La protéinurie fonctionnelle qui se manifeste en cas de flux sanguin rénal important, par exemple lors d’un exercice physique ou d’une fièvre au cours d’une infection par exemple. Ce type de protéinurie disparaît dès que le flux sanguin retrouve sa vitesse normale ;
  • La protéinurie orthostatique qui est une affection bénigne au cours de laquelle une protéinurie se manifeste lorsque le patient est debout. Dans ce cas, les urines sont plus chargées en protéines en fin de journée (pendant les heures d’éveil) qu’après une nuit de sommeil.

Causes et symptômes

Une protéinurie importante, supérieure à 3g par litre et par 24h, témoigne très souvent d’une atteinte glomérulaire (on parle de glomérulopathie). Une protéinurie inférieure à 2g par litre évoque plutôt une atteinte tubulaire (on parle de néphrite tubulaire).

La principale manifestation d’une protéinurie est le changement d’aspect des urines, elles deviennent mousseuses.

La protéinurie peut être le symptôme d’une atteinte rénale en lien avec une hypertension artérielle.

Une protéinurie abondante et permanente supérieure à 3g par jour et associé à un taux bas d’albumine dans le sang (hypoalbuminémie) définit le syndrome néphrotique

Le syndrome néphrotique est une maladie rénale qui touche les glomérules. Il se manifeste par un ensemble de symptômes, notamment. :

  • Des gonflements oculaires au réveil,
  • Des œdèmes au niveau des jambes.

Au long cours, la présence de protéines dans les urines est toxique pour les reins et peut provoquer des lésions rénales.

À savoir ! Une protéinurie n’est pas toujours symptomatique. Certains patients n’ont aucun symptôme et découvrent leur protéinurie fortuitement lors d’un examen de routine. Cette protéinurie de découverte fortuite est souvent bénigne mais il ne faut pas la négliger car elle peut révéler une maladie rénale.

Protéinurie chez la femme enceinte : à surveiller

Lors de la grossesse, la protéinurie est naturellement multipliée par 2 ou 3 : elle augmente lors du premier trimestre jusqu’à environ 200 mg/24 h.

La protéinurie est recherchée systématiquement tous les mois lors de la grossesse.

En effet, une protéinurie trop élevée, en particulier en fin de grossesse, peut représenter un risque vital pour la mère et le fœtus.

Le risque majeur lié à la protéinurie est la prééclampsie ou toxémie gravidique qui peut nécessiter un déclenchement prématuré de l’accouchement.

Rein protéinurie

Présence de protéines dans les urines, diagnostic et traitement

Dans certains cas, son diagnostic est évoqué devant l’observation de certains symptômes, lorsqu’ils existent. Pour d’autres, ce sera un examen de routine qui permettra de diagnostiquer l’anomalie.

Bandelette réactive urinaire, un diagnostic de première intention

Bien que celle-ci détecte essentiellement la présence d’albumine, le test se présente sous forme de bandelettes urinaires à tremper dans les urines tout juste recueillies. Le test est positif lorsque la bandelette passe du jaune au vert.

diagnostic de la protéinurie

A noter ! Cette méthode est assez peu sensible à la microalbuminurie. Ainsi, en cas de positivité du test, la protéinurie détectée est forcément avérée.

En cas de test urinaire positif, des tests complémentaires

Les patients qui présentent un test urinaire positif doivent obligatoirement réaliser une analyse d’urines en laboratoire. Une électrophorèse permet de connaître la nature des protéines présentes dans les urines. Le plus souvent, il s’agit de l’albumine.

Lorsque le second test urinaire est positif, les investigations doivent être poursuivies par d’autres tests dont :

  • Une analyse sanguine,
  • Un bilan de la fonction rénale,
  • Une protéinurie sur 24 heures.

Une protéinurie des 24 heures se réalise à domicile après s’être préalablement muni d’un kit auprès de la pharmacie. Il est demandé de collecter l’ensemble des urines sur 24 heures.
Il faut débuter par la première miction du matin et prendre toutes celles de la journée jusqu’au lendemain matin.
En temps normal, le taux de protéines contenues dans les urines ne doit pas excéder 50mg par litre sur 24 heures. Il est considéré comme pathologique lorsque ce dernier est supérieur à 150mg par litre.

Une protéinurie est le symptôme d’une souffrance rénale. A noter, que le taux de protéines peut varier en présence de certains facteurs comme la fièvre, le sport ou le froid. Il est donc important de les signaler lors de l’examen.

À savoir ! Une protéinurie des 24 heures est totalement prise en charge par la sécurité sociale.

Pour les patients de moins de 30 ans, il faut évoquer une potentielle protéinurie orthostatique. Le diagnostic repose sur deux prélèvements d’urine. L’un réalisé entre 7h et 23h (aussi appelé prélèvement de jour), l’autre entre 11h et 19h (prélèvement de nuit).

Enfin, en cas de protéinurie importante, une biopsie rénale est nécessaire.

Traitement

Le traitement d’une protéinurie dépend de sa cause. Lorsque celle-ci n’est pas en lien avec un syndrome néphrotique, elle ne nécessite aucun traitement ou régime. C’est la maladie qui la provoque qui doit être traitée. En parallèle du traitement de la cause, certains médicaments antihypertenseurs comme des inhibiteurs de l’enzyme de conversion réduisent le taux de protéinurie et permettent de ralentir la progression de l’atteinte rénale.

Publié le 2 août 2022 par Charline D. , mis à jour par Laurence P., Docteur en pharmacie le 16 mai 2023

Sources
– Science Direct . www.sciencedirect.com. Consulté le 16 mai 2023
– Manuel MSD. www.msdmanuals.com. Consulté le 16 mai 2023

Lire nos autres dossiers Maladies