Métrorragies : 5 points clés pour comprendre ces saignements anormaux

Par |Publié le : 25 juin 2025|Dernière mise à jour : 23 juin 2025|4 min de lecture|

Saigner en dehors de ses règles peut inquiéter. Est-ce grave ? Est-ce fréquent ? À partir de quand faut-il consulter ? Le point sur la métrorragie avec le Dr Nicolas Carrabin, gynécologue-obstétricien à Sainte-Foy-lès-Lyon.

metrorragie

1. Des saignements hors règles, ce n’est pas toujours anormal… mais ce n’est jamais à négliger

La métrorragie se définit comme un saignement vaginal survenant en dehors des règles. Elle est différente de la ménorragie (règles abondantes) et des ménométrorragies, où les deux phénomènes sont associés. Ces pertes peuvent être rouge vif, brunâtres ou même très discrètes, mais leur survenue en dehors du cycle doit toujours interpeller. « C’est un terme simple, mais important pour décrire tout saignement survenant en dehors du cycle menstruel habituel », explique le Dr Carrabin. Si l’épisode est unique et chez une femme jeune, il peut ne pas être inquiétant. Mais en cas de répétition, une consultation s’impose. Une attention particulière est recommandée chez les femmes de plus de 45 ans ou ménopausées.

2. De nombreuses causes… et la grossesse d’abord

Chez une femme en âge de procréer, la première hypothèse à éliminer est la grossesse, même lorsqu’elle semble peu probable. « Certaines grossesses peuvent s’accompagner de saignements inhabituels, y compris dans les cas de fausse couche ou de grossesse extra-utérine », rappelle le médecin. Une fois la grossesse écartée, les causes peuvent être multiples. Il peut s’agir d’une infection du col de l’utérus, d’un polype, d’un fibrome intra-cavitaire, ou encore d’un déséquilibre hormonal. Certaines lésions précancéreuses ou cancéreuses du col ou de l’utérus peuvent également provoquer des métrorragies, surtout après la ménopause. « Une pilule contraceptive, surtout progestative, peut aussi être en cause, avec l’apparition de petits saignements appelés spotting », précise le Dr Carrabin. Dans certains cas, aucun facteur net n’est retrouvé, notamment lorsqu’un déséquilibre hormonal ponctuel est en cause.

3. Saignements, quand faut-il consulter ?

Tout dépend du contexte et de l’âge de la patiente. Chez la femme ménopausée, tout saignement, même minime, doit faire l’objet d’un avis médical. Avant la ménopause, un épisode isolé peut parfois passer inaperçu. « Mais si les saignements se répètent, même s’ils sont peu abondants, ou s’ils surviennent entre les règles de manière inexpliquée, il est important de consulter », insiste le gynécologue. Le médecin prendra aussi en compte les antécédents de la patiente, son mode de contraception, et la régularité de ses cycles. « Parfois, une patiente ne sait pas si ce sont ses règles ou des métrorragies : la régularité et l’espacement des cycles permettent de faire la différence. »

4. Quels examens sont nécessaires ?

Le premier temps du bilan repose sur l’examen clinique. À l’aide d’un spéculum, le col de l’utérus est observé afin de détecter une éventuelle lésion, un polype, un aspect inflammatoire ou tumoral. Le vagin est également inspecté, même si les causes vaginales sont plus rares. Une échographie pelvienne est ensuite réalisée, le plus souvent par voie endovaginale. Elle permet d’observer l’utérus, d’identifier des anomalies comme un fibrome, un polype, ou un épaississement de l’endomètre. « Chez les femmes ménopausées, on peut être amené à effectuer un prélèvement de l’endomètre, une petite biopsie à l’aveugle, pour s’assurer qu’il n’y a pas de lésion cancéreuse », indique le Dr Carrabin. En cas de saignements abondants, une prise de sang peut être prescrite pour s’assurer que la patiente ne présente pas d’anémie.

5. Une prise en charge adaptée à chaque cas

La prise en charge dépend directement de la cause identifiée. Un traitement antibiotique peut être prescrit en cas d’infection, une intervention chirurgicale peut être proposée pour retirer un polype ou un fibrome, et une réévaluation du traitement hormonal ou contraceptif peut s’imposer en cas de déséquilibre. « Le traitement dépend entièrement de la cause, et peut aller d’une simple surveillance à des actes chirurgicaux ou, dans les cas les plus graves, à un traitement oncologique », explique le Dr Carrabin. Le médecin rappelle que les causes sérieuses restent heureusement rares. « Ce sont plutôt les déséquilibres hormonaux, les effets secondaires de contraception ou les fibromes qui expliquent la majorité des métrorragies. Mais notre rôle, c’est d’éliminer ce qui pourrait être plus grave. »

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.