Apnée du sommeil


Rédigé par Nadege LB. et publié le 22 mai 2017

L’apnée du sommeil se manifeste par des interruptions répétées et incontrôlées de la respiration nocturne. Entraînant un sommeil non réparateur et agité, l’apnée du sommeil conduit notamment à des somnolences diurnes excessives et à des complications cardiovasculaires.

homme endormi souffrant d'apnée du sommeil

L’apnée du sommeil, qu’est-ce que c’est ?

Mecanisme-apnee-du-sommeilL’apnée du sommeil ou syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) est un trouble de la ventilation nocturne. Il se manifeste par des interruptions (apnées) ou des réductions significatives (hypopnées), répétées et incontrôlées, de la respiration pendant le sommeil. Ce syndrome est lié à de fréquents épisodes d’obstruction complète ou partielle des conduits respiratoires de l’arrière gorge, conséquence du relâchement des muscles des parois du pharynx. L’obstruction partielle des voies respiratoires entraine des vibrations et ainsi le ronflement. L’apnée, elle, est due au blocage du passage de l’air via l’obstruction des voies respiratoires supérieures.

Le SAHOS se manifeste par des pauses de la respiration pendant 10 à 30 secondes minimum, à raison d’au moins cinq événements par heure de sommeil. Certains patients connaissent plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines d’apnées au cours d’une même nuit.

La réduction ou l’interruption de la ventilation pendant le sommeil entraîne un manque en oxygène. Un système d’alerte se déclenche alors dans le cerveau, provoquant un micro-éveil et ainsi, la contraction des muscles, l’ouverture de la trachée et la restauration du passage de l’air.

 

Les chiffres et les principaux facteurs de risque

L’apnée du sommeil touche 4% de la population française. Deux fois plus fréquent chez les hommes que chez les femmes, l’incidence de ce syndrome augmente de façon quasi linéaire en fonction de l’âge chez les adultes :

  • 7,9 % des personnes âgées de 20 à 44 ans ;
  • 19,7 % des 45-64 ans ;
  • 30,5 % des personnes de plus de 65 ans.

Néanmoins, l’INSERM souligne le fait que ces chiffres sont probablement sous-estimés compte tenu du caractère asymptomatique du syndrome chez certaines personnes.

L’âge constitue le principal facteur de risque d’apnées du sommeil. En effet, le vieillissement est associé à une perte de souplesse des voies aériennes respiratoires conduisant à une plus grande facilité « d’effondrement » du pharynx.

Le surpoids, et plus particulièrement l’obésité, est un second facteur de risque important. Cela peut s’expliquer par l’apparition de dépôts graisseux le long du pharynx entraînant un rétrécissement des voies aériennes et donc une diminution du volume du conduit respiratoire. Ainsi, l’apnée du sommeil est souvent associée au syndrome métabolique ou au diabète. Plus de 60% des individus présentant un syndrome métabolique font des apnées du sommeil et environ 16% des diabétiques de type 2.

 

 

A savoir ! Le SAHOS existe aussi chez l’enfant où près de 2% des enfants âgés de deux à six ans sont touchés. Le plus souvent, l’apnée du sommeil est une conséquence de grosses amygdales ou des végétations qui obstruent leurs voies respiratoires. Le traitement consiste donc à leur retirer. Néanmoins, tout comme chez les adultes, l’obésité accroît le risque d’apnée du sommeil chez les enfants et les adolescents.

Les symptômes de l’apnée du sommeil

symptômes de l’apnée du sommeilLa maladie se manifeste le plus souvent par un ou plusieurs des symptômes suivants :

Au cours de la nuit :

  • ronflement sévère et quotidien ;
  • épisodes d’étouffement, de respiration haletante pendant le sommeil ;
  • reprise de respiration bruyante ;
  • sommeil agité, entrecoupé de micro-éveils à répétition ;
  • sommeil non réparateur ;
  • un besoin d’uriner plus d’une fois au cours de la nuit (nycturie).

Pendant la journée :

Le diagnostic de l’apnée du sommeil

Le diagnostic de l’apnée du sommeil se fait en deux temps :

La consultation médicale

Lors de la consultation médicale, le médecin récolte les informations concernant les troubles ressentis par le patient ou observés par son entourage. Le médecin peut également proposer au patient de tenir un agenda dans lequel seront précisés les horaires des perturbations nocturnes et diurnes.

De plus, il existe plusieurs questionnaires pouvant mener à soupçonner la présence d’apnée du sommeil chez une personne, dont le Score d’Epworth ou Epworth Somnolence Score (ESS). Il s’agit d’une évaluation subjective de la somnolence. Le score d’Epworth se calcule à l’aide d’un auto-questionnaire qui évalue de 0 (aucun) à 3 (risque important) le risque de somnoler dans huit situations, principalement passives, de la vie quotidienne. Le score s’étend de 0 à 24. Le seuil de normalité obtenu chez les sujets sains est fixé à 10 ou 11, selon les pays. Un score supérieur met en évidence une hypersomnolence.

L’enregistrement du sommeil

Le diagnostic de l’apnée du sommeil est confirmé par des enregistrements du sommeil qui peuvent être réalisés selon deux techniques différentes :

  • La polygraphie ventilatoire nocturne : Effectuée à domicile, elle enregistre l’électrocardiogramme, les mouvements respiratoires et le débit d’air entrant et sortant par les narines. Elle nécessite un enregistrement qui dure au moins six heures.
  • La polysomnographie : Effectuée lors d’une nuit passée dans un service spécialisé, cette technique est plus complète que la polygraphie. Elle enregistre plusieurs paramètres physiologiques tels que l’activité cérébrale, l’activité cardiaque, l’activité musculaire ou encore les mouvements des globes oculaires. La polysomnographie permet de confirmer la gravité de l’apnée du sommeil en déterminant les stades du sommeil ainsi que le nombre, la durée et la gravité des apnées.

Le niveau de sévérité de l’apnée du sommeil se mesure au nombre d’apnées/hypopnées par heure de sommeil (IAH ou indice d’apnées/hypopnées) :

  • Entre 5 et 15 évènements par heure, l’apnée du sommeil est légère ;
  • Entre 16 et 30 évènements par heure, l’apnée du sommeil est modérée ;
  • Plus de 30 évènements par heure, l’apnée du sommeil est sévère.

Les traitements de l’apnée du sommeil

Les mesures hygiéno-diététiques

Une adaptation des mesures hygiéno-diététiques constitue un premier traitement indispensable et peut même s’avérer suffisant dans le cas de l’apnée du sommeil légère. Il est ainsi recommandé :

  • De perdre du poids: une réduction de 10 à 15% de son poids initial réduit nettement la sévérité des apnées du sommeil ;
  • D’éviter certaines substances et médicaments tels que l’alcool, le tabac, les drogues et les sédatifs (somnifères et anxiolytiques) ;
  • De modifier sa position pour dormir: le fait de dormir sur le côté et non sur le dos peut, dans le cas d’une apnée du sommeil modérée, réduire de moitié le nombre d’obstructions pendant la nuit ;
  • D’adopter une bonne hygiène du sommeil: éviter les excitants en fin de journée, ne pas pratiquer d’exercice physique juste avant de se coucher, réduire la lumière et le bruit dans la chambre et aller se coucher à la même heure.

Traitement par ventilation nocturne en pression positive continue (PPC ou CPAP)

Apnée - PPCLa ventilation en pression positive continue est le traitement de référence du syndrome de l’apnée du sommeil. Elle repose sur l’administration d’air en pression continue pendant toute la nuit, afin d’éviter le blocage de l’inspiration et de prévenir la survenue de l’apnée.

Le débit d’air est fourni par une machine reliée à un masque nasal par un tuyau souple. Le masque est appliqué sur le visage par un système de harnais. Il existe divers appareils, masques et accessoires PPC. Le médecin et le fournisseur de matériel aident les patients à trouver ceux qui lui conviennent le mieux et le matériel est installé à son domicile.

Ce traitement est recommandé pour traiter les apnées sévères ou les apnées modérées associées à une maladie cardiovasculaire grave. Bien que contraignant, ce traitement permet d’obtenir d’excellents résultats sur les symptômes en cas d’apnées du sommeil sévères.

Le traitement est remboursable par l’Assurance maladie au même titre qu’un médicament. Le médecin prescripteur doit en faire la demande et établir une entente préalable, lors de la première prescription et à chaque renouvellement.

La prise en charge doit être renouvelée tous les ans et est acceptée si les deux conditions suivantes sont respectées :

  • l’appareil doit être utilisé 3 heures minimum chaque nuit, sur une période de 24 heures ;
  • une efficacité du traitement doit être constatée.

Traitement par orthèse d’avancée mandibulaire (OAM)

Les orthèses d’avancée mandibulaire (OAM) constituent un traitement alternatif de la PPC. Cette orthèse buccale est un appareil amovible réalisé sur mesure et ajusté par des praticiens dentaires spécialement formés, ou moulé directement sur les mâchoires du patient.

Les orthèses d’avancée mandibulaire poussent la mâchoire inférieure en avant et empêche la langue de se replier et de bloquer la voie aérienne. Ces appareils augmentent ainsi l’espace compris entre la base de la langue et le pharynx.

Généralement réservées aux apnées du sommeil modérées en l’absence de maladies cardio-vasculaires graves, ces orthèses peuvent aussi être utilisées en cas d’apnée du sommeil sévère, après échec ou intolérance d’un traitement par pression positive continue.

La prise en charge de ce traitement par l’Assurance maladie se fait après une entente préalable remplie par le médecin prescripteur, lors de la première prescription, et à chaque renouvellement tous les deux ans. Les conditions du renouvellement de la prise en charge sont :

  • la démonstration de l’efficacité (amélioration des symptômes et diminution d’au moins 50 % de l’indice d’apnées hypopnées sur la polygraphie de contrôle sous OAM) ;
  • le respect du suivi odontologique.

Le traitement chirurgical

Dans de très rares cas et suite à l’échec des autres traitements, un traitement chirurgical peut être proposé aux patients présentant des anomalies anatomiques majeures de la sphère ORL ou maxillo-faciale tels que de très grosses amygdales ou une petite mâchoire.

Nadège LB., Biologiste

– Apnée du sommeil. inserm.fr – Consulté le 10 Mai 2017.

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