Protéger sa vue : les bons réflexes et l’importance du dépistage à tout âge

Par |Publié le : 10 octobre 2025|Dernière mise à jour : 6 octobre 2025|5 min de lecture|

Fatigue visuelle, sécheresse, baisse de vision… Nos yeux peuvent souffrir sans que nous en ayons toujours conscience. Certaines maladies, silencieuses, n’apparaissent qu’à un stade avancé. Le Dr Paul Bastelica, ophtalmologiste à l’Hôpital national des 15-20, rappelle l’importance de consulter régulièrement et de connaître les bons réflexes pour préserver sa santé visuelle.

Beaucoup pensent que l’ophtalmologiste ne s’impose qu’en cas de baisse de vision ou de port de lunettes. Pourtant, la réalité est bien différente. « Beaucoup de maladies ophtalmologiques ne donnent pas de symptômes, d’où l’importance du dépistage », insiste le Dr Bastelica.

Avant 40 ans, une visite tous les quatre à cinq ans est recommandée, même sans trouble particulier. Passé cet âge, la presbytie touche tout le monde et impose un suivi plus rapproché. « À partir de 40 ans, il faut consulter tous les deux ans. Non seulement pour ajuster la correction optique, mais aussi pour détecter des pathologies silencieuses comme le glaucome, des maladies cornéennes ou rétiniennes », explique-t-il.

Avec l’allongement de la durée de vie, ces maladies deviennent de plus en plus fréquentes. Le médecin insiste sur un point souvent oublié : « Le dépistage doit faire partie intégrante du parcours de soins, au même titre que d’autres examens de prévention. »

Préserver ses yeux jour après jour

Au-delà des consultations, quelques habitudes simples contribuent à préserver la santé visuelle. L’usage intensif des écrans est aujourd’hui une cause majeure de fatigue. « Le clignement diminue beaucoup devant un écran, ce qui favorise la sécheresse oculaire. Certains patients pensent avoir besoin de lunettes alors qu’il s’agit en réalité d’une sécheresse facilement soulagée par des larmes artificielles », souligne l’ophtalmologiste.

De petites pauses régulières permettent de réduire la tension visuelle : regarder au loin, cligner volontairement, ou encore suivre la règle du “20-20-20” (toutes les 20 minutes, fixer un objet à 20 pieds de distance, soit environ 6 mètres, pendant 20 secondes).

Le soleil représente un autre facteur de risque souvent sous-estimé. Les UV peuvent brûler la surface de l’œil et aggraver certaines atteintes de la rétine. « Porter des lunettes de soleil de qualité lors d’une forte exposition est indispensable », rappelle le spécialiste. L’hygiène de vie joue aussi son rôle : arrêter le tabac, bien s’hydrater, avoir une alimentation variée et riche en antioxydants contribue à ralentir le vieillissement oculaire.

Des yeux qui changent avec le temps

Les pathologies oculaires n’évoluent pas toutes au même rythme. Certaines concernent déjà les plus jeunes. Le kératocône, par exemple, correspond à une déformation progressive de la cornée. « Elle survient souvent chez des personnes qui se frottent beaucoup les yeux. Elle entraîne un astigmatisme qui gêne la vision et amène les patients à consulter », décrit le Dr Bastelica.

Le glaucome peut lui aussi apparaître tôt, notamment dans des familles où il existe des antécédents. « Le fait d’avoir un parent glaucomateux augmente fortement le risque, d’où l’importance d’un dépistage précoce », insiste-t-il.

Avec l’âge, d’autres pathologies deviennent plus fréquentes. La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) touche principalement les seniors et se traduit par une déformation de la vision et une tache centrale gênante. La cataracte, enfin, apparaît généralement après 60 ans. « Plus de 90 % des personnes développeront une cataracte à cet âge, mais tous les patients n’ont pas besoin d’être opérés. L’indication repose uniquement sur la gêne ressentie », précise l’ophtalmologiste.

Glaucome : quand la vue se rétrécit en silence

Le glaucome illustre parfaitement la nécessité du dépistage. C’est une neuropathie optique liée à une pression intraoculaire trop élevée. « C’est une maladie asymptomatique jusqu’à des stades sévères. Malheureusement, les fibres du nerf optique détruites ne repoussent pas », explique le Dr Bastelica.

La maladie débute par une atteinte de la vision périphérique, imperceptible pour le patient. Progressivement, le champ visuel se rétrécit et la vision centrale est atteinte, donnant l’impression de regarder « dans un trou de serrure ». À ce stade, le diagnostic est tardif et les dégâts irréversibles.

Le dépistage repose sur la mesure de la pression intraoculaire et l’examen du nerf optique, réalisables uniquement par un ophtalmologiste. Le traitement vise à ralentir l’évolution : collyres hypotonisants, laser ou chirurgie. « Les techniques mini-invasives se développent et permettent d’améliorer la sécurité des patients », note-t-il.

Cataracte : redonner de la lumière

La cataracte correspond à l’opacification progressive du cristallin. Elle se manifeste par une vision brouillée, une gêne à la lumière et une impression de couleurs ternies. « L’opération n’est indiquée que si le patient est gêné. Elle consiste à remplacer le cristallin opaque par une lentille intraoculaire, ce qui redonne une vision claire et peut corriger d’autres défauts visuels », détaille le Dr Bastelica.

Cette chirurgie, réalisée plus d’un million de fois chaque année en France, est aujourd’hui simple, rapide et sûre. Elle illustre les progrès de l’ophtalmologie : redonner une vision nette, améliorer le confort visuel et parfois même réduire le besoin de lunettes.

Pour le Dr Bastelica, le message essentiel reste clair : « Toute gêne mérite une consultation, qu’elle soit bénigne ou plus importante. Cela peut révéler une sécheresse oculaire ou un trouble réfractif facilement corrigeable, ou à l’inverse, constituer le premier symptôme d’une pathologie plus sévère. »

Préserver sa vue, c’est donc associer prévention au quotidien et suivi médical régulier. Un réflexe qui, à tout âge, permet de conserver le plus longtemps possible une vision claire et confortable.

Peggy Cardin-Changizi

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.