Transition de sexe / transition de genre


Rédigé par Estelle B. et publié le 26 février 2024

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La transition de genre, ou transition de sexe, désigne le changement de sexe. Ce changement est possible en France, mais il implique un parcours médical et des démarches administratives et juridiques. Parfois, il nécessite également le recours à la chirurgie. D’après le Ministère de la Santé et des solidarités, entre 20 000 et 60 000 personnes en France seraient transgenres, des chiffres souvent difficiles à évaluer avec précision.

Qu’est-ce que la transition de genre ou transition de sexe ?

La transition de genre, ou transition de sexe, correspond au changement de sexe. Elle concerne les personnes dites transgenres. Les personnes transgenres sont les personnes qui expriment une identité de genre différente de celle qui leur a été assignée à la naissance. D’autres termes sont employés pour évoquer la transition de sexe :

  • Le transsexualisme;
  • La transsexualité.

Le besoin de changer de sexe, le ressenti d’être une fille au lieu d’un garçon ou inversement apparait généralement dès l’enfance à l’approche de l’adolescence. Mais il peut aussi se manifester plus tardivement au cours de l’âge adulte.

À savoir ! La transition de sexe n’a aucun rapport direct avec l’orientation sexuelle. Il s’agit d’une volonté, d’un besoin profond de changer de sexe, pour être en accord avec soi-même.

La transition de genre ou de sexe ne nécessite pas systématiquement un parcours médical et/ou chirurgical pour changer de sexe sur le plan physique. Certaines personnes transgenres décident de changer de sexe dans leur vie quotidienne et/ou sur le plan administratif, sans pour autant s’engager dans un parcours médical pour un changement physique de sexe.

Transsexualité et identité de genre

Longtemps, la transsexualité a été considérée comme une pathologie, relevant de la psychiatrie. Elle était classée dans les troubles de l’identité sexuelle, de la personnalité et du comportement. De nombreuses recherches ont été menées pour essayer d’en comprendre les causes physiologiques, biologiques et psychologiques. Aujourd’hui, les associations de personnes transgenres luttent contre la stigmatisation, à l’origine d’une discrimination fréquente des personnes transgenres.

Désormais, la transsexualité est désignée par le corps médical comme une dysphorie de genre, évoluant sur une période minimale de 6 mois et associée à des conséquences sur la vie quotidienne. En effet, les personnes transgenres ressentent souvent une détresse et un impact négatif sur leur vie personnelle et professionnelle. Par ailleurs, sur le plan épidémiologique, les personnes transgenres présentent un risque accru de certains problèmes de santé :

La transsexualité fait référence à l’identité de genre. L’identité de genre correspond au sentiment profond d’être un homme ou une femme, quels que soient les organes génitaux avec lesquels la personne est née. La personne transgenre est la personne dont l’identité de genre ne correspond aux organes sexuels avec lesquels elle est née.

À savoir ! Généralement, une personne se reconnait comme féminine ou masculine en termes d’identité de genre. Il existe aussi des personnes dites non binaires, qui ne se reconnaissent ni dans le genre masculin, ni dans le genre féminin. Le terme « gender queer » désigne ainsi les personnes qui se décrivent comme neutres sur le plan de l’identité de genre, ni homme, ni femme, ou parfois un mélange des deux.

L’identité de genre n’est pas toujours constante au cours de la vie. Les spécialistes utilisent le terme de « gender fluid » pour décrire les personnes dont l’identité de genre varie au cours de la vie et en fonction des circonstances.

Le parcours médical des personnes transgenre

Sur les 20 à 60 000 personnes transgenres estimées en France en 2022, moins de 10 000 sont prises en charge sur le plan médical pour changer physiquement de sexe. La majorité des personnes entrant dans un parcours médical ont entre 18 et 35 ans.

Le parcours médical pour changer de sexe repose sur trois aspects complémentaires :

  • Un suivi psychologique ou psychiatrique pour s’assurer de l’identité de genre et de la nécessité de changer de sexe ;
  • La prise de traitements hormonaux, de plus en plus réduite, en raison des effets secondaires importants en cas de prise sur le long terme. Ces traitements hormonaux sont de différentes natures selon la situation :
    • Des traitements de dévirilisation ;
    • Des traitements de féminisation ;
    • Des traitements de déféminisation ;
    • Des traitements de virilisation ;
  • Le recours à la chirurgie de réassignation.

À savoir ! Ces parcours peuvent faire l’objet d’une prise en charge dans le cadre d’une affection longue durée (ALD), avec une prise à charge à 100 % des frais médicaux par l’Assurance maladie.

En parallèle de ces soins médicaux et de la chirurgie en vue de changer de sexe, d’autres soins peuvent être nécessaires :

  • Des séances d’épilation, éventuellement d’épilation définitive ;
  • Des opérations de chirurgie esthétique, notamment dans la région du cou et du visage ;
  • Des implants capillaires ;
  • Une modification de la voix ;
  • La préservation de la fertilité, en ayant recours si besoin à l’autoconservation des gamètes (sperme ou ovocytes), avant la chirurgie. En effet, les traitements hormonaux peuvent entraîner une infertilité féminine ou masculine. Après intervention chirurgicale pour changer de sexe, les personnes transgenres sont stériles et ne peuvent donc pas concevoir d’enfant.

La chirurgie de transition de genre ou chirurgie de réassignation

En parallèle des traitements hormonaux, différentes interventions de chirurgie peuvent être nécessaires pour permettre un changement physique de sexe pour les personnes transgenres.

Pour les hommes qui souhaitent devenir femmes, ces interventions sont :

  • La castration par orchidectomie avec pénectomie (ablation des testicules et du pénis) ;
  • La création d’un néo-vagin lors d’une vaginoplastie: création d’un vagin, remodelage des organes génitaux externes et réorientation de l’urètre ;
  • La pose d’implants mammaires.

Pour les femmes désirant devenir hommes, la chirurgie repose sur les interventions suivantes :

  • L’hystérectomie(ablation de l’utérus) ;
  • L’ovariectomie (ablation des ovaires et des trompes de Fallope) ;
  • La colpectomie (ablation du col de l’utérus) : ces trois interventions, hystérectomie, ovariectomie et colpectomie, peuvent être effectuée au cours de la même opération ;
  • La création d’organes génito-urinaires masculins, grâce à la phalloplastie (création d’un pénis à partir de tissus prélevés sur d’autres parties du corps, comme le bras ou la cuisse) et la métaoïdoplastie (alternative à la phalloplastie, sans greffe tissulaire non génitale) ;
  • La mastectomie bilatérale (ablation des deux seins).

Ces opérations sont relativement importantes et pour la plupart irréversibles. Elles doivent donc faire l’objet d’une information très précise des personnes transgenres sur leur déroulement et leurs conséquences. Un délai de réflexion et un suivi psychiatrique sont nécessaires pour s’assurer de l’indication de ces interventions.

À savoir ! A ce jour, il existe peu de données sur la détransition, cette situation où des personnes transgenres regrettent après un délai plus ou moins long leur transition de sexe

Des démarches administratives et juridiques

administration transition de sexe/genre

La transition de sexe implique de modifier l’état civil de la personne transgenre et donc de modifier le sexe de la personne et/ou son prénom. La personne transgenre peut choisir de modifier l’un ou l’autre ou les deux. Ces démarches sont possibles en France pour les personnes majeures. Elles ne nécessitent pas nécessairement d’avoir effectué un parcours médical et/ou chirurgical pour changer de sexe.

Le changement de sexe et le changement de prénom nécessitent des démarches administratives différentes :

  • Le changement de la mention du sexe sur l’état civil requiert le dépôt d’un dossier au tribunal de grande instance de son lieu de naissance ou de son lieu de vie ;
  • La modification du prénom s’effectue sur simple demande motivée auprès du service d’état civil de la mairie du lieu de naissance ou du lieu de vie.

Si les démarches sont relativement simples, elles peuvent être longues. Un point sur lequel les associations de personnes transgenres militent pour réduire les délais de traitement des dossiers.

Une fois ces démarches accomplies, un certain nombre de documents administratifs doivent être modifiés en conséquence :

  • La carte nationale d’identité ;
  • Le passeport ;
  • Le permis de conduire ;
  • Le livret de famille ;
  • La carte vitale ;
  • La carte d’étudiant ou la carte professionnelle le cas échéant ;
  • Etc.

Bref, tous les documents sur lesquels le prénom et/ou le sexe sont renseignés.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Parcours de transition des personnes transgenres. www.has-sante.fr. Consulté le 16 février 2024.
– Chirurgie de transition de genre. www.chuv.ch. Consulté le 16 février 2024.
– Quel parcours juridique pour changer de sexe ? questionsexualite.fr. Consulté le 16 février 2024.
– Qu’est-ce que l’identité de genre ? questionsexualite.fr. Consulté le 16 février 2024.