D’après le dernier Panorama des Cancers publié par l’Institut National du Cancer en 2023, le nombre de cancers en France aurait doublé au cours des trois dernières décennies. Dans cette évolution, quelle part représentent les cancers chez les moins de 50 ans ? Des chercheurs se sont récemment penchés sur cette question à l’échelle mondiale. Leurs résultats ont été publiés dans la revue scientifique BMJ Oncology.
Les cancers précoces ont augmenté de près de 80 % en 30 ans
En France, d’après l’Institut National du Cancer, 433 136 nouveaux cas de cancers devraient survenir pour l’année 2023. L’incidence tous cancers confondus augmente en France, de manière plus importante chez les femmes que chez les hommes. En cumulant l’ensemble des cancers, l’âge moyen au diagnostic est de 70 ans chez les hommes et de 68 ans chez les femmes. Mais qu’en est-il plus précisément de l’évolution des cancers précoces, c’est-à-dire les cancers diagnostiqués avant l’âge de 50 ans ?
En classant à part les cancers pédiatriques, comment évoluent les cancers survenant chez des adultes jeunes, entre le début de l’âge adulte et 50 ans ? Des chercheurs ont tenté d’explorer le fardeau mondial des cancers précoces en prenant en compte les données épidémiologiques de 29 cancers dans le monde :
- L’incidence des cancers ;
- La mortalité liée à ces cancers ;
- Les années de vie corrigées de l’incapacité (mesure du fardeau d’une maladie, qui quantifie la mortalité prématurée en lien avec une maladie et la perte de santé associée);
- Les facteurs de risque.
Six cancers fréquemment retrouvés chez les moins de 50 ans
Les données collectées et analysées ont mis en évidence que l’incidence mondiale des cancers précoces, survenant avant l’âge de 50 ans, avait augmenté de 79,1 % entre 1990 et 2019, soit en moins de 30 ans. La mortalité de ces cancers avait en parallèle augmenté de 27,7 % sur la même période. En 2019, la mortalité et les années de vie corrigées de l’incapacité étaient surtout liées aux cancers précoces suivants :
- Le cancer du sein ;
- Le cancer de la trachée ;
- Le cancer des bronches ;
- Le cancer du poumon;
- Le cancer de l’estomac;
- Le cancer colorectal .
Parallèlement, certains cancers présentaient une hausse particulièrement rapide chez les moins de 50 ans, le cancer du nasopharynx et le cancer de la prostate. A l’inverse, un cancer précoce avait tendance à diminuer dans le monde, le cancer du foie .
Agir sur les facteurs de risque pour ralentir la hausse des cancers précoces
Ces données recueillies à l’échelle mondiale masquent de fortes inégalités géographiques et socio-démographiques. Les régions du monde à indice socio-démographique moyen et élevé étaient associées à un fardeau plus élevé de cancers précoces. Quand l’indice socio-démographique augmente, l’incidence des cancers précoces augmente, mais leur mortalité diminue.
L’ensemble de ces données confirment une augmentation forte des cancers chez les moins de 50 ans dans le monde. Une hausse qui devrait se poursuivre au cours des prochaines années, selon les experts. Ils prévoient d’ores et déjà à l’horizon 2030 une hausse de 31 % de l’incidence et de 21 % de la mortalité. Pour expliquer ces tendances, les experts mettent en avant les facteurs de risque de ces cancers :
- L’alimentation, en particulier la consommation de viande rouge, les apports en sodium, le manque d’apports en calcium ou en fruits frais ;
- La consommation d’alcool ;
- Le tabagisme.
Sans oublier la pollution atmosphérique, qui constitue un facteur de risque de plus en plus important !
Estelle B., Docteur en Pharmacie
