Maladies auto-immunes rhumatismales, des troubles neuropsychiatriques fréquents mais peu pris en compte

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Rédigé par Estelle B. et publié le 12 septembre 2023

A travers le monde, entre 5 et 8 % de la population souffrirait d’une maladie auto-immune, les femmes étant beaucoup plus impactées que les hommes. D’après de récents travaux de recherche menés au Royaume-Uni, plus de la moitié des patients présenteraient des signes anxieux ou dépressifs. Des troubles neuropsychiatriques rarement pris en compte dans leur prise en charge. Explications.

Maladies auto-immunes rhumatismales

Maladies auto-immunes et troubles neuropsychiatriques

Parmi les maladies auto-immunes  associées à un dysfonctionnement du système immunitaire, se retrouvent entre autres :

Si certains symptômes sont spécifiques de chaque maladie auto-immune, certains signes cliniques se retrouvent dans la quasi-totalité de ces maladies, en particulier la fatigue. Qu’en est-il de troubles neuropsychiatriques, comme la dépression ou l’anxiété ? Des chercheurs se sont récemment penchés sur cette question, en se focalisant sur les maladies auto-immunes rhumatismales systémiques, comme la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite ankylosante.

Plus d’un patient sur deux souffre de troubles anxio-dépressifs

Les chercheurs ont évalué les symptômes neurologiques et psychiatriques chez 1 853 patients atteints d’une maladie auto-immune rhumatismale systémique. Parallèlement, ils ont questionné 289 professionnels de santé assurant des prises en charge de patients (rhumatologues, psychiatres, neurologues) et réalisé 113 entretiens avec des médecins et des patients. Au total, ils ont recherché une trentaine de troubles neuropsychiatriques, incluant la fatigue, les hallucinations, l’anxiété, la dépression ou encore les conduites suicidaires.

Les résultats de l’étude révèlent que 55 % des patients souffraient de dépression, 57 % d’anxiété, 89 % de fatigue sévère et 70 % de dysfonctionnement cognitif. La prévalence des troubles neuropsychiatriques s’avère nettement supérieure à celle observée dans une cohorte de volontaires sains. Si les troubles neuropsychiatriques touchent plus d’un patient sur deux, les professionnels de santé les ont-ils diagnostiqués ? L’étude révèle que les patients parlent peu ou pas de ce type de symptômes avec leur médecin. Lorsqu’ils en parlent, ils se sentent peu écoutés, et leurs symptômes peu pris en compte.

La santé mentale, un aspect important de la prise en charge des patients

Parallèlement, les médecins interrogent peu ou pas leurs patients sur d’éventuels troubles neuropsychiatriques. Les professionnels de santé ayant participé à l’étude se sont montrés surpris des données obtenues. De plus, il semble que les troubles neuropsychiatriques ne soient pas perçus de la même manière par les médecins de différentes spécialités. La communication au sein de l’équipe pluridisciplinaire est donc essentielle pour assurer la bonne transmission des informations entre les professionnels de santé.

Les auteurs de l’étude concluent qu’il est capital pour les professionnels de santé assurant le suivi de patients atteints de maladies auto-immunes rhumatismales systémiques de prendre en compte la santé mentale et les troubles neuropsychiatriques. Il est nécessaire de poser régulièrement des questions sur ce point lors des consultations de suivi. Les troubles neuropsychiatriques, non repérés, non diagnostiqués et non pris en charge, peuvent altérer la santé mentale des patients et in fine la prise en charge de la maladie auto-immune et l’état de santé du patient. La composante santé mentale doit faire partie de la prise en charge globale du patient !

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Experts call for urgent mental health support for people living with long term autoimmune diseases. www.cam.ac.uk.Consulté le 20 août 2023
– Prevalence and identification of neuropsychiatric symptoms in systemic autoimmune rheumatic diseases academic.oup.com. Consulté le 20 août 2023