Aphtes


Rédigé par Charline D. et publié le 8 mars 2022

Aphtes sur la langue

Souvent bénins, les aphtes, également appelées aphtose, n’en sont pas moins gênants et douloureux. Parfois, ils peuvent être les symptômes de certaines maladies ou traitements. Les aphtes communs guérissant d’eux-mêmes, leur traitement est surtout symptomatique, afin de soulager la douleur.

Définition et symptômes des aphtes

Qu’est-ce qu’un aphte ?

Un aphte buccal, également appelé stomatite aphteuse, est une ulcération bénigne localisée dans la bouche. Sa forme fréquente est une lésion unique ou composée de quelques unités (1 à 5). D’une taille de 2 à 10 mm, l’aphte commun (dit banal) est de forme arrondie avec un fond jaunâtre ou grisâtre et un pourtour bien net et rouge. Il est douloureux, surtout pendant les repas. Dans la bouche, les aphtes peuvent être présents sur les bords ou la pointe de la langue, à l’intérieur des lèvres et des joues, sur des gencives et rarement sur le palais. La guérison survient spontanément au bout de quelques jours et ne laisse pas de cicatrice. Ces aphtes ne sont ni infectieux ni contagieux.

Plusieurs facteurs sont impliqués dans leur apparition :

  • Le stress et la fatigue ;
  • Des blessures de muqueuses suite à une chirurgie buccale, au port d’un appareil dentaire ou d’une prothèse dentaire mal ajustée, un usage trop énergique de la brosse à dents, un mordillement de la joue, etc. ;
  • Des allergies ou intolérances à certains aliments (noix, cacahuètes, fromages, aliments acides, etc.) ;
  • Une carence alimentaire en vitamine B12, zinc, acide folique ou fer ;
  • Un sevrage tabagique ;
  • La prédisposition génétique ;
  • Les hormones ;
  • Certains médicaments tels que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène et autres), les bêta-bloquants (propranolol et autres), etc.

L’aphte est un trouble vasculaire. Lorsqu’un petit vaisseau est obstrué, une ulcération apparaît puis une nécrose, ce qui finit par créer un petit trou. Plus le calibre de l’artère est conséquent, plus la zone nécrosée est étendue et plus l’aphte est gros.

Les personnes sujettes aux aphtes peuvent présenter plusieurs poussées par an, parfois dès l’enfance. Une évolution récidivante motive généralement une demande de thérapie. Des aphtes récidivants peuvent être dus à une affection sous-jacente comme des carences alimentaires. Cette récidive peut également être le signe d’un trouble sous-jacent comme : maladie cœliaque, maladie de Crohn, immunodéficience, etc.

En cas de fréquence élevée des poussées, on parle d’aphtoses buccales récidivantes (ABR). A noter que le nombre, la taille et la durée des aphtes ne sont pas spécifiques. La latence entre chaque poussée varie de quelques jours à moins de 3 mois. L’aphtose buccale récidivant regroupe les trois formes cliniques d’aphtose :

  • La forme mineure de d’ABR est la plus fréquente (80% des cas). Elle se présente sous forme d’aphtes classiques, isolés ou multiples.
  • La forme majeure d’ABR est sévère, extrêmement douloureuse, mais rare, ce sont des aphtes dits « géants », pouvant atteindre 3 à 5 cm. Ces ulcérations sévères peuvent durer plusieurs semaines et laissent très souvent une cicatrice.
  • La troisième forme est décrite par le terme d’aphtes miliaires. Elle se caractérise par la survenue récidivante et en « bouquet » de plusieurs (10 à 100) ulcérations douloureuses, de petite taille (1 à 2mm), disséminées dans la cavité buccale. Elles peuvent fusionner pour produire de larges ulcérations. La guérison peut prendre plusieurs semaines.

Les aphtoses buccales récidivantes sont le plus souvent isolées, mais il est essentiel de rechercher une éventuelle pathologie associée. Certaines maladies systémiques peuvent être révélées par ces ulcérations buccales « aphtoïdes » récidivantes :

  • La maladie de Behçet est une inflammation de la paroi des vaisseaux artériels, capillaires et/ou veineux. Elle débute chez l’adulte jeune (pic de fréquence entre 20 et 30 ans), avec une prédominance masculine et est surtout observée dans les pays méditerranéens ou japonais. Le diagnostic est retenu suite à plusieurs manifestations cliniques : les lésions les plus fréquentes comprennent des ulcérations buccales aphteuses (98%), des lésions cutanées (87%), des signes oculaires (69%), des ulcères génitaux (73%).
    La maladie de Behçet évolue par rémissions et exacerbations. À part les cas présentant des complications neurologiques ou vasculaires sévères (si les organes vitaux sont touchés), le pronostic est surtout grave sur le plan fonctionnel (cécité), et l’espérance de vie est souvent préservée.

Des publications scientifiques mettent en relation les inflammations intestinales avec l’aphtose buccale. Cette relation est maintenant établie, vu le lien étroit entre le fonctionnement de la muqueuse intestinale et celui de la muqueuse buccale qui partagent la même origine embryologique.

  • La maladie de Crohn est une pathologie inflammatoire de l’intestin au cours de laquelle des ulcérations buccales, dont certaines ressemblant à des aphtes communs ou géants, peuvent être observées. Une aphtose buccale récidivante est retrouvée dans au moins 10 % des cas. Par ailleurs, des équipes de recherche ont mis en relation l’aphtose avec la maladie cœliaque. L’aphtose récidivante peut être un signe d’une allergie sévère au gluten.

Les aphtes peuvent être déclenchés par certains traitements anti-cancéreux, notamment les chimiothérapies.

Les lésions buccales font partie des effets secondaires les plus courants lors d’une chimiothérapie. En effet, la chimiothérapie attaque des cellules à division rapide telles que les cellules des muqueuses et les cellules du système immunitaire.

Quels symptômes ?

Un aphte buccal se développe en quatre phases principales :

  • Une phase prodromique : celle-ci est douloureuse (picotements, brûlures) et dure moins de 24 heures ;
  • Une courte phase pré-ulcérative : la ou les lésions se développent ;
  • L’aphte s’ulcère, mais ne saigne pas. Ces ulcérations sont douloureuses ;
  • Les aphtes banals persistent quelques jours à 2 semaines puis disparaissent progressivement. La douleur s’atténue. Il n’y a pas de cicatrice.

Diagnostic et traitement des aphtes

Quel diagnostic ?

Le diagnostic d’un aphte est clinique. Il repose, en effet, sur une simple observation des lésions.

Une consultation médicale est recommandée en cas d’aphtes récidivants ou si l’aphtose s’accompagne de fièvre, de fatigue importante, de diarrhées, de céphalées, de lésions génitales ou cutanées.

traitement des aphtes par un bain de bouche

Concernant les patients présentant une affection soupçonnée de causer l’aphtose, un bilan complémentaire peut être prescrit par le médecin.

Quel traitement ?

Les formes bénignes d’aphtose buccale, bien qu’elles guérissent majoritairement spontanément, peuvent nécessiter un traitement lorsque l’aphte est gênant ou douloureux. Celui-ci est symptomatique :

  • Éviter la consommation d’aliments qui favorisent la survenue d’aphtes ou qui génèrent de la douleur lorsqu’ils sont en contact avec les lésions ;
  • Privilégier les aliments froids pour diminuer la douleur ;
  • Utiliser une brosse à dent à poils très souples pour conserver une bonne hygiène bucco-dentaire sans se blesser.

En cas de formes sévères d’aphtose, (comme les aphtes géants, la présence d’un nombre important d’ulcérations, etc.) ou des douleurs importantes, il faut consulter un médecin.

Il peut être prescrit :

  • Du paracétamol ou de l’ibuprofène en seconde intention pour soulager la douleur ;
  • Un gel ou une crème anesthésique local à appliquer directement sur les lésions douloureuses (celui-ci insensibilise brièvement la muqueuse buccale et doit être utilisé avec prudence) ;
  • Un bain de bouche à base d’antiseptique afin de désinfecter la cavité buccale ;
  • Éventuellement, des corticoïdes, en application locale ou par voie générale ;
  • La prise en charge de la maladie sous-jacente (lorsqu’elle existe).

Enfin, pour prévenir l’apparition ou la récidive des aphtes buccaux, quelques recommandations peuvent être appliquées :

  • Diminuer les facteurs de stress ;
  • Dormir en quantité suffisante ;
  • Éviter les aliments identifiés comme étant à l’origine des aphtes ;
  • Conserver ou adopter une bonne hygiène dentaire en se brossant les dents au minimum deux fois par jour ;
  • Réaliser un contrôle annuel chez le dentiste, même en l’absence de trouble particulier.

Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie.

Sources
– Aphtes. ameli.fr. Consulté le 8 mars 2022.

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