Holter ou ECG-Holter, holter implantable et holter tensionnel


Rédigé par Estelle B. et publié le 6 mars 2024

holter

Le holter est un examen diagnostique non invasif, couramment utilisé en cardiologie. Le Holter est l’une des principales méthodes utilisées pour analyser l’activité électrique du cœur et diagnostiquer différentes pathologies cardiaques, qu’elles soient aiguës ou chroniques. Cet appareil est utilisé pour un grand nombre de patients et permet de mieux détecter toute anomalie dans le fonctionnement du cœur, et ainsi de mettre en place les traitements adaptés.

Qu’est-ce que le Holter ?

Pour analyser l’activité électrique du cœur, quatre méthodes peuvent actuellement être utilisées :

  • L’électrocardiogramme (ECG) étudie le rythme cardiaque et l’influx. Il peut être effectué au repos ou pendant un effort (électrocardiogramme d’effort). Son analyse permet le diagnostic de différentes pathologies cardiaques, notamment :
    • Les hypertrophies des parois du cœur (développement anormal des parois cardiaques) ;
    • La dilatation de certaines cavités cardiaques (oreillettes, ventricules) ;
    • L’ischémie myocardique (arrêt de la circulation sanguine dans une partie du muscle cardiaque) ;
    • Les pathologies des artères coronaires (coronaropathies) ;
    • Les tachycardies (rythme cardiaque trop rapide) ;
    • Les bradycardies (rythme cardiaque trop lent) ;
    • D’autres troubles du rythme cardiaque
  • Le Holter, encore appelé ECG-Holter ou Holter-ECG.
  • Le R-test est destiné aux patients dont les symptômes cardiaques sont très rares (moins d’une fois par mois). Le patient garde sur lui un petit appareil à utiliser uniquement lorsqu’il ressent des symptômes. Il applique alors l’appareil sur la poitrine et déclenche l’enregistrement qui peut durer plusieurs dizaines de secondes. Les données obtenues sont le plus souvent moins précises que celles du Holter.

La réalisation d’un électrocardiogramme ne reflète le fonctionnement du cœur qu’à un instant précis. Or dans certains cas, les symptômes et les signes cardiaques sont transitoires et ne surviennent pas au cours de cet examen, empêchant le médecin de poser un diagnostic. Pour contourner cet obstacle, le Holter a été mis au point en 1949 par le biophysicien américain Norman Holter. Il correspond à un système d’enregistrement ECG, continu et portatif.

A chaque battement cardiaque, une impulsion électrique traverse le cœur provoquant la contraction du muscle cardiaque nécessaire à l’expulsion du sang. Grâce à des électrodes collées sur le thorax, le Holter enregistre en continu, sur une période de 24 à 72 heures (déterminée par le médecin ou le cardiologue), l’activité électrique du cœur, sans empêcher le patient de poursuivre ses activités habituelles. Ce dispositif permet de détecter, de quantifier et de surveiller les anomalies non décelées par un électrocardiogramme, à savoir les anomalies de conduction de l’électricité entre les différentes cavités cardiaques (oreillettes, ventricules) ou les irrégularités du rythme cardiaque.

Comment se déroule le Holter en pratique ?

D’une manière générale, le Holter est indiqué comme outil diagnostic dans toutes les situations où le patient décrit des symptômes caractéristiques d’un problème cardiaque (malaise, syncope, palpitations, sensations de tachycardie, souffle court, …), mais où l’électrocardiogramme n’a pu détecter d’anomalies dans le fonctionnement du cœur. Il vise alors à détecter des troubles de la conduction ou des troubles du rythme cardiaque, telles que la fibrillation auriculaire ou l’arythmie).

Le Holter est également utilisé chez des personnes ne présentant aucun symptôme particulier, dans deux cas :

  • La personne est atteinte d’une maladie susceptible de causer des troubles du rythme cardiaque (hyperthyroïdie, cardiopathie congénitale (maladie cardiaque dès la naissance), antécédents d’infarctus du myocarde, …) ;
  • Le patient présente une anomalie lors d’un examen médical de routine (échographie, électrocardiogramme, …) et nécessite un bilan complémentaire.

Par ailleurs, le Holter est également indiqué dans les circonstances suivantes :

  • L’évaluation d’un trouble de la conduction électrique ou d’un trouble du rythme connu ;
  • La surveillance d’un traitement pour un trouble du rythme cardiaque (traitement par des médicaments anti-arythmiques) ;
  • La surveillance de certains traitements médicamenteux, ayant comme effets secondaires potentiels des troubles du rythme cardiaque ;
  • Le diagnostic d’une insuffisance coronarienne ;
  • La recherche d’un trouble du rythme suite à un accident vasculaire cérébral (AVC) ou à un accident thromboembolique périphérique (phlébite), embolie pulmonaire, …) ;
  • Le contrôle du bon fonctionnement d’un stimulateur cardiaque chez les patients porteurs de pacemakers.

Comme pour un électrocardiogramme, le Holter est totalement sans risques ni effets secondaires pour le patient. En revanche, cette technique a des limites :

  • Une moindre qualité d’enregistrement par rapport à un électrocardiogramme classique (risques d’interférences selon l’environnement du patient et ses activités);
  • Le risque de ne pas détecter des anomalies cardiaques trop rares (qui ne se produisent que quelques fois au cours d’un mois) ;
  • La découverte fortuite de troubles du rythme sans aucun symptôme ni conséquence clinique pour le patient.

Le Holter en pratique

Depuis sa création en 1949, le Holter a beaucoup évolué grâce aux progrès de l’électronique et de la miniaturisation. Aujourd’hui, l’appareil a la taille d’un téléphone portable. Il se porte en bandoulière ou à la ceinture, pendant toute la durée de l’examen (de 24 à 72 heures généralement), relié par un câble à plusieurs électrodes (5 ou 6 le plus souvent), disposées sur le thorax.

Le Holter est donc un examen ambulatoire, mis en place très rapidement chez le cardiologue. Après un simple nettoyage de la peau, le médecin place les électrodes qu’il relie au boîtier rangé dans une petite sacoche de transport. La pose est totalement indolore, de même que l’enregistrement en continu de l’activité cardiaque.

En parallèle, le patient note sur une feuille de route l’ensemble de ses activités quotidiennes (notamment les périodes d’activité physique et de repos), consigne les heures de repas et peut préciser la survenue de certains symptômes (palpitations, douleurs) ou évènements (émotions, stress) à des moments précis.

A la fin de l’enregistrement, le patient retourne chez le cardiologue qui retire les électrodes. En reliant l’appareil à un ordinateur, le médecin accède au tracé de l’enregistrement et peut ainsi analyser l’activité électrique du cœur sur la durée de l’examen.

Le Holter implantable

En complément du Holter, un nouveau type de dispositif a été développé, le Holter implantable. Comme son nom l’indique, ce petit appareil est implanté sous la peau du patient, au niveau de la partie antérieure du thorax grâce à une petite incision (environ 1,5 cm) réalisée sous anesthésie locale.

L’appareil se présente sous la forme d’une barrette en titane d’environ 5-6 cm de long par moins de 1,5 cm de large et quelques millimètres d’épaisseur. Il contient des circuits électroniques alimentés par une pile au lithium.

Une fois implanté, le Holter implantable fonctionne sur une durée d’environ 18 mois, au cours de laquelle il enregistre en continu l’activité électrique du cœur. Deux électrodes situées sur l’appareil permettent aux circuits électroniques de surveiller en permanence l’électrocardiogramme du patient. Dès qu’une anomalie est détectée, elle est gardée en mémoire par l’appareil. Le patient peut également déclencher l’enregistrement de lui-même, par exemple lorsqu’il ressent un symptôme.

À noter ! La pose d’un Holter implantable ne nécessite pas la mise en place de sondes intracardiaques.

Les différentes anomalies sont analysées dans un second temps. Un émetteur-récepteur permet d’interroger le Holter à travers la peau et d’analyser son contenu sur un ordinateur. Dès que l’appareil a fourni les renseignements nécessaires au diagnostic ou au suivi du patient, il est définitivement retiré et ne laisse qu’une petite cicatrice d’environ 1,5 cm. Cette technique récente s’avère particulièrement utile dans des contextes particuliers, tels que la survenue de syncopes à répétition inexpliquées.

Le Holter tensionnel

Si le Holter-ECG permet de suivre sur 24 à 72 heures, voire plus, l’activité cardiaque, le holter tensionnel permet quant à lui de suivre en continu sur 24 ou 48 heures la pression artérielle. Le holter tensionnel est également appelée la mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA).

Le holter tensionnel est très utilisé chez les patients atteints d’hypertension artérielle (lien vers fiche : ) pour s’assurer de l’efficacité du traitement hypotenseur ou vérifier l’évolution de la tension artérielle.

L’appareil mesure la tension artérielle toutes les 20 minutes au cours de la journée et toutes les 45 minutes au cours de la nuit. Le patient est équipé d’un brassard relié à un boîtier, qu’il porte en bandoulière pendant toute la durée du Holter. Toutes les 20 ou 45 minutes, le brassard va gonfler, comme lorsque le médecin mesure votre tension artérielle lors d’une consultation. Après 24 à 48 h, le patient retourne chez le médecin ou le cardiologue, qui peut consulter les données de tension artérielle enregistrées dans l’appareil.

Rédigé et mis à jour par Estelle B. / Docteur en Pharmacie le 06 mars 2024.

Sources
– Holter. www.icm-mhi.org. Consulté le 06 mars 2024.
– LE HOLTER IMPLANTABLE. www.ccjj.fr. Consulté le 06 mars 2024.
– Holter tensionnel. www.fo-rothschild.fr. Consulté le 06 mars 2024.

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