Dysphonie


Rédigé par Estelle B. et publié le 20 décembre 2017

La dysphonie correspond aux modifications anormales de la voix. Aigües ou chroniques, ses causes peuvent être variables et impliquent notamment les cordes vocales ou le larynx. La dysphonie se manifeste de diverses manières selon l’origine du trouble et son traitement est également étroitement dépendant de la cause des symptômes.

dysphonie, un trouble de la voix

Voix et définition de la dysphonie

Les termes « voix » et « parole » n’ont pas les mêmes définitions. La voix est le son produit par les cordes vocales, lorsqu’elles vibrent sous l’influence de l’air des poumons. La parole correspond aux modifications de ce son, en fonction de la forme du conduit aéro-digestif.

La dysphonie se définit comme un trouble de la voix, qui ne doit pas être confondu avec d’autres troubles :

  • La dysarthrie, trouble de l’articulation de la parole, d’origine centrale (système nerveux lésé) ;
  • L’aphasie, trouble du langage lié à des lésions ou des dysfonctionnements cérébraux ;
  • L’hypophonie (voix faible) chez les patients en insuffisance respiratoire ou avec un état général fortement altéré ;
  • Les rhinolalies, liées avec les obstructions nasales ou les fuites d’air au niveau du voile nasal.

Anatomie LarynxDans la dysphonie, les trois paramètres acoustiques de la voix (la hauteur, l’intensité et le timbre) peuvent être altérés indépendamment ou simultanément.

À savoir ! Le larynx est constitué d’une armature cartilagineuse et d’un ensemble de muscles assurant sa fermeture ou son ouverture. Les plus volumineux de ces muscles sont représentés par les cordes vocales, qui fonctionnent comme une valve ou un sphincter. La mobilité des cordes vocales est sous le contrôle de plusieurs nerfs.

L’altération de la voix dans la dysphonie peut se manifester selon différentes modalités, en fonction de la cause du trouble. Par exemple, la voix peut être affaiblie, devenir rauque, être presque inaudible, etc.

Les causes de la dysphonie

Les dysphonies sont le plus souvent associées à des anomalies dans l’anatomie et/ou le fonctionnement (mobilité) des cordes vocales. Les lésions ou les troubles de la mobilité des cordes vocales peuvent avoir différentes origines, parmi lesquelles :

  • Des nodules des cordes vocales, surtout chez les jeunes garçons qui crient beaucoup et chez les femmes qui forcent leur voix (les institutrices par exemple) ;
  • Les polypes et œdèmes de Reinke : lésions inflammatoires liées à l’association entre un forçage vocal et une tabagisme ;
  • Les granulomes : lésions inflammatoires le plus souvent consécutives à une intubation prolongée ou à un reflux gastro-œsophagien ;
  • Une papillomatose laryngée : lésions virales dues à certains Papillomavirus affectant les cordes vocales, mais aussi la trachée ;
  • Un traumatisme, par exemple le traitement chirurgical d’un cancer de la région cervicale.

L’immobilité des cordes vocales n’est pas toujours synonyme de paralysie d’origine neurologique, mais peut résulter d’un obstacle comme une tumeur.

Cependant, dans un certain nombre de cas, les examens diagnostiques concluent à des cordes vocales normales et fonctionnelles. D’autres causes doivent alors être recherchées à la dysphonie :

  • Une paralysie laryngée unilatérale ou bilatérale résultant de plusieurs origines :
    • Une tumeur (thyroïdienne, œsophagienne ou pulmonaire) ;
    • Les séquelles d’un acte chirurgical dans la région cervicale ;
    • Une cause cardiaque (maladie mitrale (anomalie de la valve mitrale), coarctation de l’aorte (rétrécissement de l’aorte)) ;
    • Une cause neurologique (accident vasculaire cérébral, sclérose latérale amyotrophique, malformation d’Arnold-Chiari) ;
  • Une atteinte des muscles laryngés (dysphonie spasmodique) ;
  • Un syndrome parkinsonien, en association avec une dysarthrie ;
  • Un syndrome myasthénique (dysphonie intermittente accrue lors des efforts) ;
  • L’atteinte de certains nerfs contrôlant le fonctionnement des cordes vocales ;
  • Des troubles endocriniens (hypothyroïdie, hyperandrogénisme (taux anormalement élevés d’hormones androgènes)) ;
  • Une origine psychogène, le plus souvent chez les femmes ;
  • Des lésions laryngées :
    • Une laryngite aigüe généralement d’origine infectieuse ;
    • Une laryngite chronique ;
    • Un cancer du larynx.

Selon les causes de la dysphonie, d’autres symptômes peuvent être associés (troubles respiratoires, douleurs, adénopathies (gonflement des ganglions), …). Le larynx étant également fortement impliqué dans la déglutition, la dysphonie peut parfois s’accompagner de troubles de la déglutition (fausses routes).

Formes cliniques et diagnostic de la dysphonie

Selon la durée des symptômes de la dysphonie et leur cause, deux grandes catégories de dysphonie sont considérées :

  • Les dysphonies aigües, généralement provoquées par une infection (laryngite aigüe par exemple), un traumatisme externe, une intubation ou une paralysie ;
  • Les dysphonies chroniques, lorsque les troubles durent au-delà de 21 jours. Les causes peuvent alors être liées à des lésions des cordes vocales ou à d’autres pathologies.

Toute dysphonie d’une durée supérieure à 8 à 15 jours doit faire l’objet d’une consultation ORL poussée. Le diagnostic de la dysphonie repose sur plusieurs étapes :

      1. L’interrogatoire du patient est capital pour orienter le médecin vers le diagnostic. Il permet de préciser les antécédents personnels, les circonstances d’apparition de la dysphonie, la profession et les conditions de travail du patient, le tabagisme, ainsi que les différents symptômes ressentis par le patient.
      2. L’examen clinique du patient comporte un examen minutieux de la région cervicale, de la cavité buccale et du larynx.
      3. Un examen laryngoscopique permet de visualiser le larynx et les cordes vocales et peut se pratiquer selon deux modalités :
        1. Une laryngoscopie indirecte pour visualiser le larynx et les cordes vocales et apprécier leur mobilité ;
        2. Une laryngoscopie directe sous anesthésie générale, grâce à des instruments d’endoscopie introduits dans le larynx ;
  1. Un examen neurologique, en particulier lorsque les cordes vocales sont normales.

Si besoin, des biopsies peuvent être pratiquées lors de la laryngoscopie directe.

Selon les cas, lorsque les précédentes étapes diagnostiques ne sont pas suffisantes, le médecin peut être amené à prescrire différents examens médicaux complémentaires pour confirmer le diagnostic de la dysphonie et déterminer précisément son origine. Ces examens peuvent être les suivants :

  • Une stroboscopie à la recherche d’une anomalie de la muqueuse des cordes vocales, par l’étude de la décomposition du mouvement vibratoire des cordes vocales ;
  • Une électromyographie laryngée nécessaire pour le diagnostic de certaines causes de dysphonies ;
  • Un examen phoniatrique en complément de la laryngoscopie pour enregistrer la voix et étudier de manière objective ses différents paramètres ;
  • Un examen d’imagerie (scanner ou IRM de la région cervicale ou du système nerveux central, selon l’origine suspectée de la dysphonie.

Le traitement de la dysphonie

La prise en charge de la dysphonie est étroitement liée à la cause du trouble de la voix. Le diagnostic précis de l’origine des symptômes est donc capital. Les différentes thérapeutiques mises en œuvre dans les dysphonies sont notamment :

  • Un traitement antibiotique adapté en cas d’infection laryngée ;
  • Un traitement chirurgical en cas de lésions sur les cordes vocales ;
  • Un traitement anti-cancéreux en cas de tumeur associée ;
  • La prise en charge de la maladie neurologique.

À noter ! Des techniques de réinnervation sont au stade de la recherche clinique et pourraient se développer dans les années à venir pour permettre de traiter les patients souffrant de lésions neurologiques irréversibles.

En parallèle, et surtout dans le cas des dysphonies chroniques, une réadaptation fonctionnelle précoce est recommandée pour aider le patient à récupérer au mieux sa voix et préserver sa qualité de vie. Elle repose sur une intervention phoniatrique (discipline médicale qui prend en charge spécifiquement les troubles de la voix et de la déglutition) ou une rééducation orthophonique.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Trouble aigu de la parole. Dysphonie. Collège des enseignants de neurologie. Consulté le 8 décembre 2017.
– Item 86 (ex item 337) : Trouble aigu de la parole. Dysphonie. Collège Français d’ORL et de Chirurgie Cervico-faciale. 2014.
– RECOMMANDATION POUR LA PRATIQUE CLINIQUE. Dysphonie chronique de l’enfant. Société Française d’Oto-Rhino-Laryngologie et de Chirurgie de la Face et du Cou. 2011. 17 pages.

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