La spasmophilie est un trouble relativement méconnu et mal compris aussi bien du grand public que des professionnels de santé. Et pourtant, c’est une affection très répandue puisqu’elle concernerait entre 10 et 15 millions de personnes en France.
Au cours de crises parfois impressionnantes, la personne spasmophile présente plusieurs symptômes qui apparaissent de façon aiguë et soudaine, notamment une hyperventilation et une contraction musculaire proche de la tétanie. Mais la spasmophilie est également associée à des symptômes plus chroniques, qui finissent par altérer la qualité de vie du patient au quotidien.
Spasmophilie, définition et symptômes
Définir la spasmophilie n’est pas une mince affaire, car pour certains médecins c’est une maladie qui n’existe pas, autrement dit une sorte d’affection psychosomatique ou de “maladie imaginaire”. En effet, la spasmophilie n’est pas reconnue comme une maladie et elle est absente des grandes classifications internationales. En particulier, elle n’apparaît pas dans le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), le guide de référence des affections mentales et psychiatriques.
Le terme de spasmophilie est utilisé uniquement en France, ce qui peut renforcer l’idée selon laquelle il ne s’agirait pas d’une véritable maladie. Dans les autres pays et notamment anglo-saxons, on utilise d’autres termes comme le syndrome d’hyperventilation.
La spasmophilie est un syndrome, c’est-à-dire un ensemble de symptômes, essentiellement marqué par un phénomène d’hyperexcitabilité neuromusculaire et d’hyperventilation.
La spasmophilie prend la forme de crises aigues proches des crises de tétanie et le plus souvent associées à un important état anxieux.
Savoir identifier les symptômes de la spasmophilie
La spasmophilie touche essentiellement les femmes jeunes, parfois dès l’adolescence.
La crise de spasmophilie apparaît soudainement et peut se traduire par plusieurs symptômes :
- Une sensation de malaise ; un sentiment d’insécurité, de détresse voire de mort imminente.
- Des fourmillements dans les mains ou au niveau du visage ; des contractions musculaires ; un tressautement de la paupière ; des palpitations ; une tachycardie ; des sueurs froides ; des tremblements.
- Le signe de Trousseau : contraction particulière de certains muscles de la main, celle-ci prenant alors la forme d’une “main d’accoucheur”.
- Le signe de Chvostek : contraction particulière de certains muscles de la face.
- Une hyperventilation : l’augmentation de la fréquence respiratoire s’accompagne d’une impression d’étouffer et de manquer d’air. Le gaz carbonique expiré en excès conduit à une modification du pH sanguin et à une situation d’alcalose.
La crise de spasmophilie est un trouble généralisé
Les crises peuvent fortement impressionner les personnes présentes.
Les symptômes de la crise de spasmophilie se répondent les uns les autres et génèrent un véritable cercle vicieux.
À savoir ! Une crise de spasmophilie dure quelques minutes à plusieurs dizaines de minutes. A l’issue de la crise, la personne spasmophile ressent un certain soulagement mais également un sentiment de fatigue intense voire d’épuisement.
Pour la plupart des gens, la spasmophilie est une affection qui ne se manifeste que pendant les crises. En réalité, il semblerait que la spasmophilie soit présente au quotidien sous différentes formes et que les crises soient le signe d’une sorte de décompensation de la spasmophilie ou d’une perte de contrôle.
La spasmophilie en dehors des crises peut se traduire par de nombreux symptômes comme une fatigue, généralement présente dès le réveil et des troubles du sommeil.
Elle peut engendrer des céphalées et des troubles du transit comme une diarrhée ou une constipation (ou encore une alternance des deux).
Des troubles cutanés comme de l’eczéma et des démangeaisons peuvent aussi apparaitre ainsi que des crampes, des douleurs, des troubles dentaires comme des caries, du bruxisme (grincement des dents).
La spasmophilie peut aussi déclencher des troubles anxieux et/ou dépressifs ainsi qu’une hypersensibilité et une hyperémotivité.
Origines et diagnostic des crises de spasmophilies
Les causes exactes de la spasmophilie sont inconnues. Plusieurs hypothèses ont été formulées par le corps médical, et en particulier le rôle de la génétique et de l’hérédité. mais également les carences en certains nutriments comme le magnésium et le calcium, fortement impliqués dans de nombreux mécanismes neuro-musculaires.
Pour certains scientifiques, la spasmophilie est un problème d’adaptation au stress.
À savoir ! La spasmophilie ne s’accompagne d’aucune atteinte d’organes.
Comment s’établit le diagnostic ?
Le diagnostic n’est pas toujours aisé car la spasmophilie n’est pas une maladie clairement reconnue et définie.
L’interrogatoire est très important pour rechercher des antécédents personnels ou familiaux, un terrain anxieux, etc.
Les diagnostics différentiels sont nombreux : hypomagnésémie, hypocalcémie, hypoparathyroïdie, épilepsie, fibrillation auriculaire, etc.
Une prise de sang permet de mettre en évidence d’éventuelles carences ou troubles métaboliques, pouvant être à l’origine des symptômes.
Les traitements de la spasmophilie
Il n’y a pas de traitement spécifique ou définitif de la spasmophilie.
En parallèle de la gestion des crises de spasmophilie, une prise en charge au long cours est souhaitable, afin d’éviter de nouvelles crises et d’apaiser le quotidien.
Une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) peut être mise en place, de même que le recours à différentes techniques de relaxation, comme le yoga, la médication, la sophrologie, la cohérence cardiaque, l’hypnose, etc.
Il est recommandé de pratiquer une activité physique régulière, même modérée ; de limiter la consommation de substances excitantes comme le café ; de dormir suffisamment.
Adopter une alimentation variée et équilibrée est essentiel pour éviter les carences. Des supplémentations en vitamines et sels minéraux sont parfois proposées aux personnes spasmophiles, en particulier en magnésium. Penser à choisir un magnésium bien assimilé et bien toléré, de type bisglycinate par exemple.
Certaines plantes peuvent être utiles pour aider à gérer la spasmophilie au quotidien comme l’aubépine, la passiflore, la mélisse, la valériane pour détendre et relaxer. D’autres comme la rhodiole ou d’autres plantes adaptogènes aident à mieux faire face au stress. Le safran ou le millepertuis peuvent également servir à améliorer l’humeur.
D’autres méthodes naturelles sont disponibles :
- L’aromathérapie (huiles essentielles de basilic exotique, de petit grain bigarade, de pruche…),
- La florithérapie (Fleurs de Bach et autres elixirs floraux),
- L’ostéopathie, etc.
À savoir ! Dans certaines situations, le médecin généraliste ou psychiatre peut être amené à prescrire des médicaments anxiolytiques, notamment ceux de la famille des benzodiazépines, et/ou des antidépresseurs.
Quels sont les bons gestes à adopter en cas de crise de spasmophilie ?
En cas de crise de spasmophilie, il est conseillé de créer un environnement calme autour de la personne, de lui laisser de l’espace, de lui parler en douceur pour l’aider à s’apaiser.
Autre méthode : la technique du sac. Celle-ci est très connue et consiste à placer un sac au niveau du nez et de la bouche de la personne en crise, et de la faire respirer dans le sac pendant quelques instants. Cela permet à la personne d’inspirer le gaz carbonique qu’elle a expiré en excès juste avant, et de rétablir ainsi l’équilibre.
Après la crise de spasmophilie, une consultation médicale est souhaitable.
À savoir ! Attention, ne pas maintenir le sac trop longtemps autour du nez et de la bouche. Quelques respirations suffisent. Tenir le sac hors de portée des enfants.
Rédigé par Florence D.-L., Docteur en pharmacie
– Spasmophilie. fondamental-suisse.org. Consulté le 6 juin 2022.
– Syndrome d’hyperventilation. msdmanuals.com. Consulté le 6 juin 2022.