Pourquoi les mycoses se développent-elles plus en été ?
Transpiration, chaleur, humidité, vêtements synthétiques, bains répétés… L’été multiplie les conditions favorables à l’apparition des mycoses. Candidoses, pieds d’athlète, mycoses des plis ou des ongles : ces infections fongiques superficielles peuvent concerner tout le monde, même sans terrain particulier. Le point avec le Dr Ségolène Thouvenot, gynécologue à la Polyclinique Majorelle de Nancy (groupe Elsan).
En été, la peau transpire davantage, reste plus longtemps humide, et la température corporelle augmente. Résultat : le champignon responsable des mycoses – souvent Candida albicans – trouve un environnement parfaitement favorable pour se développer. « Chaleur et humidité sont ses deux conditions préférées », explique le Dr Thouvenot. Zones de plis, parties intimes, pieds enfermés dans des chaussures ou restés humides après la piscine… toutes ces situations exposent à un risque accru de mycose.
Ces infections, bien que bénignes dans la majorité des cas, peuvent être particulièrement inconfortables. Elles se manifestent par des démangeaisons, des rougeurs, une desquamation ou des pertes inhabituelles selon les zones atteintes (peau, plis, pieds, ongles, ou zones génitales).
Été : une saison propice à tous les types de mycoses
Les mycoses ne concernent pas uniquement les zones intimes. En été, les pieds sont souvent touchés, notamment entre les orteils : c’est le classique pied d’athlète. « Les sols humides des vestiaires, combinés à la chaleur et au port de chaussures peu respirantes, favorisent leur apparition », souligne la spécialiste.
Les mycoses des plis (aine, aisselles, sous les seins) sont elles aussi plus fréquentes. « La transpiration ramollit la peau, la rend plus vulnérable et facilite l’entrée des champignons dans les zones humides et confinées. »
Quant aux mycoses génitales, elles peuvent apparaître chez des femmes pourtant sans antécédent particulier. Le port prolongé d’un maillot de bain humide, l’usage de produits d’hygiène agressifs ou des sous-vêtements trop serrés sont autant de facteurs déclenchants. L’eau de mer, contrairement à ce qu’on pense, n’est pas sans risque : « Le sel irrite les muqueuses, et le sable accentue ces micro-lésions, ce qui facilite la prolifération du champignon. »
Une question d’équilibre… et pas de propreté
Mycoses des pieds, de la peau ou des parties intimes ont toutes un point commun : elles apparaissent lorsque le microbiote protecteur est déséquilibré. Cela peut être dû à des facteurs extérieurs (chlore, savon, frottements), à une alimentation trop riche en sucres, ou à des traitements (antibiotiques, corticoïdes).
« Ce n’est pas un problème de propreté, insiste le Dr Thouvenot. Ce sont même souvent les personnes les plus soucieuses de leur hygiène qui développent des mycoses, car elles fragilisent leur flore avec des lavages trop fréquents ou inadaptés. »
Certaines situations exposent davantage : prise d’antibiotiques, déséquilibres hormonaux (grossesse, cycle menstruel, pilule), diabète mal contrôlé ou immunité affaiblie (traitement contre le cancer, VIH…).
Prévention : les bons réflexes à adopter
Pour limiter les risques de mycose en période estivale, plusieurs gestes simples peuvent être adoptés :
- Utiliser un savon doux, non parfumé, et proscrire les douches vaginales ;
- Bien se sécher après la douche, notamment les plis (aine, sous les seins, entre les orteils) ;
- Porter des vêtements amples et respirants, en coton ou en lin, plutôt que des matières synthétiques ;
- Changer de maillot de bain après la baignade pour éviter de rester dans un tissu humide ;
- Protéger ses pieds dans les lieux collectifs (piscines, vestiaires) en portant des sandales ;
- Éviter les excès de sucre, qui favorisent la prolifération des levures.
« Après une cure d’antibiotiques, il est également recommandé de prendre des probiotiques pour restaurer la flore intestinale et vaginale », ajoute la gynécologue.
Quand faut-il consulter un professionnel ?
Si les symptômes persistent malgré un traitement antifongique classique disponible en pharmacie, une consultation médicale s’impose. Rougeurs, brûlures, démangeaisons, pertes épaisses, lésions entre les orteils ou au niveau des ongles : ces signes peuvent masquer une infection plus complexe.
« Un médecin pourra identifier les causes sous-jacentes et prescrire un traitement adapté, notamment si une autre pathologie (infection bactérienne, diabète…) est en cause », précise le Dr Thouvenot.
En première intention, le pharmacien peut guider vers une solution locale adaptée (poudre, crème, vernis…). Mais en cas de récidive ou d’échec, il ne faut pas hésiter à consulter.
Peggy Cardin-Changizi
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