Qu’est-ce que la TOCOPHOBIE, la peur panique de l’accouchement ?

Actualités Grossesse

Rédigé par Julie P. et publié le 15 décembre 2018

Pour une minorité de femmes enceintes, le moment de la délivrance n’est pas perçu comme un instant de bonheur. Au contraire, c’est le point d’orgue de la grossesse qui est associée à de l’angoisse et de la douleur. Quels sont les symptômes de cette pathologie nommée tocophobie ? Comment lutter contre cette phobie ? Eclairage.

tocophobie-peur-accouchement

Les symptômes de la tocophobie

Malgré les progrès de la prise en charge médicale des femmes enceintes et de l’accouchement, certaines femmes ont une peur panique de l’accouchement.

Les chiffres montrant l’ampleur de cette maladie fluctuent fortement, car la tocophobie peut s’intégrer dans les symptômes de la dépression périnatale.

Certaines recherches suggèrent que 2,5 % à 14 % des femmes en souffriraient, alors que d’autres avancent une prévalence plus forte avoisinant les 22 %.

Les symptômes de la tocophobie sont :

  • La peur d’avoir des maux de grossesse (dépression, troubles alimentaires, manque de sommeil, complications médicales liées à la grossesse) ;
  • Une angoisse forte portée sur le moment de la délivrance (douleurs, hémorragies, maladies, décès) ;
  • La crainte des hôpitaux, des médecins, du matériel médical ;
  • Des troubles physiques comme des maux de ventre, des vomissements répétitifs qui peuvent être mis en relation avec un rejet de la grossesse ou un manque d’attachement au fœtus.

Les psychiatres distinguent trois formes de tocophobie en fonction de leurs origines.

    • La tocophobie primaire qui précède le premier accouchement et dont les origines remontent à l’enfance ou l’adolescence (traumatismes physiques (sévices sexuels) ou psychiques (avoir vu ou entendu parler d’accouchements difficiles) ;
    • La tocophobie secondaire survenant après un accouchement difficile et marquée par des douleurs physiques intenses et/ou un état psychologique de stress post-traumatique ;
    • La tocophobie faisant partie des symptômes d’une dépression prénatale.

    Par ailleurs, la tocophobie peut s’accompagner également d’une aversion pour la grossesse.

    À savoir ! La tocophobie touche également les hommes. Une étude suédoise réalisée par des chercheurs de l’institut Karolinska a mis en évidence que ce trouble pouvait toucher jusqu’à 11 % des futurs pères. De plus, 33 % des hommes tocophobes ont une femme qui présente le même trouble.  Leurs symptômes sont moins intenses que ceux retrouvés chez la femme et caractérisés par une anxiété liée à l’accouchement et un manque de confiance sur leurs capacités à devenir un bon parent. En mettant en place un programme de conseils et d’exercices, ces hommes apprennent à comment se comporter pendant la délivrance et ce dont la femme aura besoin à ce moment. Cette préparation permet d’atténuer leurs peurs et leur anxiété

    Lire aussiPosition fœtale avant l’accouchement : décryptage

    Quelles sont les thérapies pour soigner la peur de l’accouchement ?

    Plusieurs méthodes thérapeutiques existent pour apaiser les symptômes de la tocophobie.

    La prise en charge est exclusivement psychologique.

    Il est conseillé de :

    • Se confier de son expérience antérieure, auprès d’un psychologue, de son accouchement compliqué pour les femmes souffrant de tocophobie secondaire ;
    • Suivre des consultations psychologiques le long de toute la grossesse si nécessaire ;
    • Visiter le service d’obstétrique et bénéficier d’explications rassurantes par les sages-femmes et les obstétriciens sur le déroulement de l’accouchement ;
    • Participer à des groupes de parole pour prendre conscience que sa tocophobie n’est pas isolée.

    Certaines patientes peuvent aussi s’orienter vers des séances d’hypnose thérapeutique.

    Cette thérapie est basée sur la modification de l’état de conscience (ou relaxation profonde) permettant d’apprendre à comprendre et à surmonter ses angoisses.

    Au fil des séances, la patiente apprend à sentir venir ses angoisses et mettre en place des méthodes de relaxation (imaginer un lieu plaisant, rêver un moment agréable, concentrer son attention sur ses sens (odorat, bruit) etc.) pour réussir à revenir dans un état normal.  On parle ici d’autohypnose.

    La prise en charge médicale de ces femmes diagnostiquées avec une peur de l’accouchement est indispensable pour ne pas aggraver leur phobie.

    En effet, l’une des conséquences de ces peurs est de provoquer un travail plus long pendant l’accouchement qui a lieu sous anesthésie péridurale. Si ce travail dure trop longtemps, le personnel médical peut avoir recours aux forceps ou aux ventouses obstétricales.

    Par la suite, ces actions médicales mal vécues peuvent avoir des conséquences négatives sur la future relation mère-enfant, mais aussi, sur le désir de la maman à renouveler l’expérience de la grossesse.

    Lire aussiZoom sur les femmes et la grossesse

    Julie P., Journaliste scientifique

    – Psychoprophylaxis helps men with tocophobic — fear of childbirth. Science Daily. Consulté le 7 décembre 2018.
    – Tocophobie : ces femmes qui vivent avec une peur extrême de la grossesse et de l’accouchement. The Conversation. C. Jones ; F.Wadephul et J.Jomeen. Consulté le 7 décembre 2018.