Deux fois plus de cancers du foie d’ici 2050 ?
Le nombre de cas de cancers du foie devrait doubler d’ici une vingtaine d’années. C’est la triste projection révélée par la commission du Lancet. Zoom sur les conclusions de cette analyse.
Cancer du foie : une maladie agressive mais parfois évitable
Troisième cause de décès par cancer dans le monde, le cancer du foie (carcinome hépatocellulaire ou hépatocarcinome) est un cancer agressif, peu sensible à la chimiothérapie et caractérisé par une survie moyenne de 30 % à 5 ans. Il survient chez des patients souffrant d’une maladie hépatique sous-jacente.
On le sait peu mais 60 % des carcinomes hépatocellulaires pourraient pourtant être évités. Trois cas sur cinq sont effectivement liés à des facteurs de risques évitables comme les hépatites virales, la consommation excessive d’alcool ou encore l’obésité et le diabète conduisant à la maladie hépatique stéatosique associée à un dysfonctionnement métabolique (MASLD).
Deux fois plus de cas de cancers du foie d’ici 2050 ?
C’est sans compter les projections de la commission du Lancet réunissant des experts originaires de six pays (Chine, États-Unis, Corée du Sud, Italie, Espagne et France). Dans une récente analyse, cette commission prévoit un quasi doublement des nouveaux cas mondiaux de carcinomes hépatocellulaires d’ici 2050.
Selon ces travaux, et si les pouvoirs publics n’agissent pas d’ici là, le nombre de cas devrait ainsi passer de 870 000 en 2022 à 1,52 million par an avec une augmentation notable des cas dus à la MASLD et de ceux liés à la consommation d’alcool. Parmi les principaux pays concernés, citons la France où la population peut souvent cumuler plusieurs facteurs de risque (consommation excessive d’alcool et obésité par exemple).
Par ailleurs, il faut savoir que les hépatites virales représentent les principales causes de carcinomes hépatocellulaires et le resteront d’ici 2050. D’où l’importance de renforcer la vaccination contre le VHB partout dans le monde et dans les zones où la couverture vaccinale est faible.
De l’importance de lutter contre l’hépatite B, l’obésité et l’alcool
Dans l’espoir d’enrayer l’épidémie mondiale de cancers du foie, les experts de la commission exhortent à sensibiliser le plus grand nombre au risque croissant de MASLD. Cette sensibilisation doit particulièrement cibler les personnes à risque comme les patients diabétiques et les personnes souffrant d’obésité. La connaissance des facteurs de risque constitue en effet une aide précieuse pour mettre en place des stratégies de prévention spécifiques et prendre en charge les cancers le plus précocement possible.
Les experts ont ainsi émis des recommandations précises pour aider à réduire la charge mondiale du cancer du foie à travers des actions contre l’hépatite B, l’obésité et la consommation alcool. Parmi ces recommandations, citons :
- L’amélioration de la couverture vaccinale contre l’hépatite B.
- La mise en œuvre d’un dépistage universel du VHB pour les adultes, ainsi qu’un dépistage ciblé du VHC dans les zones à haut risque.
- Le dépistage des lésions hépatiques en routine pour les patients à risque élevé de stéato-hépatite associée à un dysfonctionnement métabolique.
- Des politiques de santé publique ciblant l’obésité et la consommation d’alcool.
- La promotion d’une alimentation saine à travers des taxes sur le sucre.
- L’étiquetage clair des taux de graisses, sel et sucre sur les produits alimentaires.
- Un tarif unique minimum pour l’alcool ainsi que des restrictions en matière de publicité pour les boissons alcoolisées.
Gageons que dans les prochaines années, l’ensemble de ces efforts de prévention permettront d’enrayer la progression de l’épidémie mondiale de cancers du foie et donneront tort aux projections actuelles !
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