A l’approche de l’été, nombreuses sont les personnes désireuses de lisser leurs cheveux pour en faciliter l’entretien. Beaucoup se tournent alors vers le « lissage brésilien », technique capillaire très à la mode depuis quelques années. Mais cette technique serait loin d’être inoffensive ainsi que le souligne l’Académie nationale de médecine selon laquelle le risque d’insuffisance rénale aiguë associé est bien réel. On fait le point.
Qu’est-ce que le lissage brésilien ?
Des cheveux lisses et brillants pendant plusieurs mois ? C’est la promesse du « lissage brésilien » qui séduit toujours plus de personnes, surtout à l’approche de l’été. Cette pratique est d’ailleurs en nette augmentation chez les femmes, mais également chez les hommes, et en particulier dans les populations aux cheveux frisés.
Technique de coiffure très répandue à travers le monde, le « lissage brésilien » désigne une procédure de lissage des cheveux basée sur l’utilisation d’agents chimiques. Initialement, il s’agissait du formaldéhyde. Mais des risques de cancer du sein, de l’ovaire et de l’endomètre ont été rapportés suite à l’utilisation de produits de lissage, en lien avec la présence de formaldéhyde. Le classement de ce composant en tant qu’agent cancérigène l’a ainsi disqualifié de sorte qu’il a été remplacé par des dérivés de l’acide glycolique comme l’acide glyoxylique depuis 2013.
À savoir ! L’acide glycolique se retrouve également dans les formulations de gommages pour le visage, appelées « peelings ».
Lissage brésilien et risque d’insuffisance rénale aigue
Certes les dérivés de l’acide glycolique sont considérés aux Etats-Unis comme « sûrs » dans le cadre d’une utilisation courte, avec une concentration inférieure ou égale à 30 % et un pH final de formulation supérieur ou égal à 3. Néanmoins, de récents articles scientifiques ont semé le doute et alerté sur certains risques liés à leur utilisation. C’est ainsi qu’en 2023, 26 femmes ayant eu recours à un lissage brésilien ont souffert de lésions d’insuffisance rénale aiguë régressive avec présence de cristaux d’oxalate de calcium dans les biopsies rénales. Et récemment, une jeune femme de 26 ans, sans antécédent médical, a présenté trois épisodes consécutifs d’insuffisance rénale aiguë régressifs après un défrisage des cheveux à base de produits contenant 10 % d’acide glyoxylique.
Un lien de causalité a pu être établi sur la base de ces observations et d’expériences sur des souris. La survenue de cette insuffisance rénale aiguë s’expliquerait ainsi par la formation de cristaux d’acide oxalique au niveau rénal. Absorbé par le cuir chevelu et la peau lors du lissage brésilien, l’acide glycolique est en effet métabolisé en acide glyoxylique induisant la formation de ces cristaux.
À savoir ! Lors du lissage brésilien, l’exposition à l’acide glyoxylique peut se produire par inhalation ou par contact cutané et oculaire.
Un autre cas d’insuffisance rénale aiguë a également été observé chez un patient transplanté rénal depuis 4 ans suite à une série de cinq « peelings » du visage à l’acide glycolique (concentré de 40 à 70 %). Là encore, des cristaux d’oxalate ont été révélés par la biopsie rénale.
Formation de cristaux d’acide oxalique au niveau rénal
Vu l’engouement général suscité par le lissage brésilien et devant les risques sanitaires méconnus liés à cette pratique, l’Académie nationale de médecine lance un message d’alerte. Les risques d’insuffisance rénale aiguë lié aux produits chimiques utilisés sont à prendre au sérieux et les symptômes peuvent se manifester dans les 24 à 48 h après le lissage.
Il est donc essentiel de sensibiliser à ces risques les professionnels de santé, les salons de coiffure et les revendeurs de produits cosmétiques contenant ces acides. Pour l’institution, le grand public et les utilisateurs utilisant fréquemment ces produits lissants doivent également être informés sur les risques ainsi que sur les signes de l’insuffisance rénale aiguë (douleurs abdominales aiguës, nausées et vomissements apparaissant rapidement).
L’Académie nationale de médecine recommande par ailleurs de ne pas réaliser de lissage des cheveux ou de « peeling » en cas de lésions du cuir chevelu ou de la peau du visage. De telles lésions peuvent en effet favoriser la pénétration de l’acide glyoxylique et de l’acide glycolique.
L’Académie préconise enfin de développer un système de surveillance accrue de ces risques à travers la mise en place d’une cosmétovigilance dédiée. L’objectif ? Déterminer la fréquence du risque lié à l’usage de produits à base d’acides glyoxylique et glycolique et établir un profil des patients les plus à risques. D’ici là, la prudence est de mise !
Déborah L., Dr en Pharmacie
– Le lissage brésilien, pas sans risques pour la santé. www.lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 24 juin 2024.