« Un homme retrouvé avec 3 kilos de métal dans l’estomac », « Laurette mange du papier toilette et des éponges » « Paul a des envies irrépressibles de savon ! » …. Ces gros titres de la presse quotidienne que vous avez probablement déjà croisés font référence à la maladie ou syndrome de Pica. Autrement dit, un trouble des conduites alimentaires conduisant à consommer régulièrement des choses qui ne sont pas des aliments. Tour d’horizon de ses causes et de ses conséquences.
Quels sont les critères diagnostics ?
Le diagnostic de la maladie de Pica est posé lorsqu’une personne âgée de plus de 2 ans consomme des substances non nutritives et non alimentaires (craie, terre, sable, savon, tissu, morceaux de plastiques ou de métaux, etc.) avec persistance depuis au moins un mois.
Avant l’âge de 2 ans, les professionnels de santé considèrent que l’ingestion de substances non alimentaires est « normale » et relève davantage du développement de l’enfant.
Pour réaliser le diagnostic, le médecin procède à un examen clinique et interroge le patient sur ses habitudes alimentaires. Lors de cet examen, il réalise également des examens et analyses pour vérifier la présence d’éventuelles complications.
Il s’agira d’évaluer l’état nutritionnel général (poids, prises de sang pour détecter des carences nutritionnelles ou des intoxications par des métaux, analyses de selles pour détecter des parasites par ex.) et de repérer la présence ou non de symptômes d’obstruction du tube digestif.
À savoir ! Les signes évocateurs d’une occlusion intestinale, une urgence médicale, sont des douleurs abdominales soudaines et intenses, un arrêt du transit intestinal et surtout un arrêt des gaz, des nausées ou des vomissements et un gonflement de l’abdomen.
Quelles sont les causes expliquant la survenue du syndrome de Pica ?
Ce qu’il faut savoir, c’est que les causes des compulsions alimentaires inhérentes au syndrome de Pica sont difficiles à définir.
La maladie de Pica, décrite par le manuel de psychiatrie DSM-V, est bien connue, mais encore mal comprise sur le plan de physiopathologie.
Comme pour tous les troubles alimentaires (anorexie, boulimie, etc.), les causes dépendent majoritairement de facteurs psychologiques et psychiatriques.
Dans la littérature médicale, deux facteurs de risque de survenue de la maladie de Pica reviennent fréquemment : l’anémie (une baisse de globules rouges dans le sang) due à un manque de fer et les conditions psychopathologiques du patient.
Dans les faits, la maladie de Pica est souvent un diagnostic secondaire associé à d’autres troubles ou pathologies psychiatriques. Ces maladies comprennent, par exemple, l’autisme, le déficit intellectuel ou encore la schizophrénie.
Aussi, le syndrome de Pica est parfois retrouvé chez les femmes enceintes sans qu’aucune cause ne soit expliquée.
En raison de son caractère multifactoriel, la prise en charge efficace de ce trouble alimentaire s’avère complexe. Sont proposées des thérapies cognitives et comportementales (TCC) pour modifier ses comportements alimentaires et quelques fois la prescription de neuroleptiques chez les patients souffrant de délires.
Quelles conséquences pour la santé ?
Le patient, s’il s’alimente que très partiellement avec des substances nutritives, peut présenter une perte de poids et des carences nutritionnelles et notamment des carences en fer entrainant une anémie,
En effet, certaines substances (type argile ou terre) peuvent interférer dans la bonne absorption de certains nutriments. Sans compter que l’ingestion de terre ou d’objets souillés par la terre peut provoquer une infection parasitaire.
Le traitement de la maladie passe par un rééquilibrage du poids et des nutriments.
Les personnes souffrant de la maladie de Pica peuvent aussi, si elles ingèrent des objets avec de la peinture, présenter une intoxication par le plomb.
Ainsi, l’ingestion régulière de substances non alimentaires (sable, savon, clous, cheveux, charbon, vis, etc.) provoque fréquemment des complications :
- Sur le plan digestif (constipation et plus sévèrement des obstructions du tube digestif) ;
- Au niveau de la fonction respiratoire ;
- Infectieuses.
Dans 30% des cas, les complications digestives aboutissent à une intervention chirurgicale.
À savoir ! Le fait de manger de la terre, la géophagie, comporte des risques. C’est la forme de maladie de PICA la plus répandue. Cette pratique peut induire des anémies par manque de fer, des intoxications aux métaux lourds et aux pesticides et des infections par des parasites.
En pratique, le syndrome du Pica est vécu comme un trouble honteux et pour les patients il est compliqué d’en parler autour d’eux et aux professionnels de santé. La maladie est fréquemment détectée lorsque l’individu se rend chez son médecin traitant ou aux urgences pour une occlusion intestinale ou une intoxication par le plomb.
– Pica. . www.msdmanuals.com. Consulté le 14 octobre 2024. .
– [Pica: a descriptive study of patients in a speciality medical center]. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Consulté le 14 octobre 2024. .
Rédigé par Julie P.