La transpiration permet au corps de se refroidir. Le fait de ne pas transpirer n’est pas normal, on parle d’hypohidrose, ou d’anhidrose. Elle peut concerner le corps dans sa totalité ou seulement une zone. L’incapacité à transpirer peut être responsable d’une surchauffe, et conduire à un coup de chaleur. Le diagnostic de l’hypohidrose est complexe. En effet, elle passe souvent inaperçue du fait de symptômes peu spécifiques et peu marqués. Le traitement de l’hypohidrose consiste en diverses mesures de refroidissement (évitement de la chaleur, climatisation, etc.).
Définition de la pathologie
Qu’est-ce que l’hypohidrose ?
L’hypohidrose est un trouble peu connu de la sudation qui se traduit par une insuffisance de sueur.
La sueur est produite par les glandes sudoripares de la peau. Elle rejoint la surface pour s’y évaporer via des canaux. La sudation joue un rôle important pour l’organisme, elle permet de réguler la température corporelle. L’hypohidrose peut être présente dès la naissance, ou se développer plus tard dans la vie d’un individu.
À noter ! Il est toutefois normal qu’en vieillissant la capacité à transpirer diminue.
Plusieurs causes peuvent expliquer ce trouble de la sudation.
Causes nerveuses
Toutes les affections susceptibles d’endommager les nerfs peuvent perturber le fonctionnement des glandes sudoripares :
- Syndrome de Ross (trouble rare qui se traduit par un dysfonctionnement sudoral et une dilatation anormale des pupilles) ;
- Diabète;
- Alcoolisme ;
- Maladie de Parkinson ;
- Syndrome de Sjögren ;
- Cancer du poumon à petites cellules ;
- Maladie de Fabry (maladie génétique caractérisée par une accumulation de graisse dans les cellules) ;
- Syndrome de Horner ;
- Atrophie multisystématisée.
Causes cutanées
Les brûlures représentent la cause cutanée principale d’altération des glandes sudoripares. Il existe cependant d’autres causes possibles :
- Radiation ;
- Traumatisme ;
- Inflammation ;
- Infection ;
- Psoriasis;
- Dermatite exfoliative ;
- Sclérodermie;
- Ichtyose.
Causes médicamenteuses
Certains médicaments, dits anticholinergiques, sont connus pour entraîner une diminution de la transpiration. Ils comprennent également comme effets secondaires : des maux de gorge, une sécheresse buccale, une dilatation de la pupille, constipation, etc.
Cause génétique
La dysplasie ectodermique hypohidrotique est une maladie héréditaire qui se traduit par une diminution voire une absence de glandes sudoripares.
A ce jour plus de 200 formes différentes de dysplasie ectodermique sont connues. L’anomalie génétique en cause n’a été identifiée que dans 30% des cas. La forme la plus fréquente de dysphasie ectodermique est la dysplasie ectodermique anhidrotique (ou syndrome de Christ-Siemens-Touraine) qui concerne 1 naissance sur 100 000. Ce syndrome est caractérisé par : une hypohidrose (absence de glandes sudoripares et donc de sudation), une hypodontie (absence de toutes ou presque toutes les dents) et hypotrichose (cheveux secs et clairsemés).
Dans la majorité des cas, la transmission de cette maladie est dite récessive et liée au chromosome X.
Pour rappel, un chromosome est un élément microscopique constitué de molécules d’ADN. Il contient donc les gènes, supports de l’information génétique qui sont transmissibles à la descendance. Les chromosomes vont par paire. Tout individu sain dispose de 23 paires de chromosomes. La paire 23 contient les chromosomes sexuels qui déterminent le sexe de l’individu qui les porte : XX chez une femme, et XY chez un homme. Enfin, les chromosomes d’une même paire sont identiques, autrement dit, ils portent les mêmes gènes. Ainsi, il n’existe pas une version d’un même gène, mais deux, on parle d’allèle.
On parle de transmission récessive lorsque l’anomalie génétique responsable de la maladie affecte les deux copies du gène impliqué. Autrement dit, un individu peut être porteur de l’anomalie (sur l’une des deux copies du gène) sans que celle-ci ne s’exprime. La maladie se manifeste uniquement lorsque les deux copies sont anormales.
Dans la dysplasie ectodermique, c’est le chromosome X qui est porteur de l’anomalie. La maladie se déclare donc plutôt chez les individus de sexe masculin (n’ayant qu’un chromosome X), tandis que les femmes (qui ont deux chromosomes X, le chromosome sain peut donc s’exprimer à la place du chromosome porteur de l’anomalie) peuvent seulement être porteuses de la maladie. Autrement dit, les femmes n’ont pas ou peu de symptôme, mais ont une chance sur deux de transmettre la maladie à leur descendance.
Symptômes, diagnostic et traitement de l’hypohidrose (transpiration)
Quels symptômes ?
Une hypohidrose légère passe souvent inaperçue. Certains signes peuvent cependant alerter, par exemple, une peau excessivement douce et une absence de pores.
Le manque de sueur peut également se manifester par divers symptômes :
- Transpiration minimale ;
- Vertiges ;
- Affaiblissement de l’état général ;
- Crampe musculaire ;
- Fourmillements ;
- Des maux de tête soudains et intenses.
Finalement, une hypohidrose est généralement visible qu’en cas d’effort important, lorsque le corps ne transpire pas, et surchauffe.
Quel diagnostic ?
Le diagnostic d’une hypohidrose nécessite souvent d’éliminer les différentes causes pouvant être à l’origine des divers symptômes. Le médecin procède donc d’abord à un interrogatoire du patient afin de connaître tous les symptômes présents et les antécédents médicaux.
Plusieurs tests peuvent être utilisés en complément afin de diagnostiquer une hypohidrose :
- Test de réflexe axonal. Ce test repose sur l’application de petites électrodes sur la peau afin de stimuler les glandes sudoripares, et donc la production de sueur. Le volume produit est ensuite mesuré ;
- Test d’empreinte de sueur silastique pour détecter quelles zones du corps transpirent ou non ;
- Test de transpiration thermorégulatrice. Le corps est recouvert de poudre qui change de couleur lorsqu’il y a de la sueur. Le patient est placé dans une salle où la température appliquée fait normalement transpirer les individus sans trouble de la sudation ;
- Biopsie cutanée. Une biopsie est un examen médical courant permettant l’observation microscopique de la structure des tissus. Elle fournit des renseignements très précis sur la composition du fragment prélevé. On parle d’étude « anatomopathologique ».
Les traitement de l’hypohidrose
Lorsque l’hypohidrose affecte qu’une partie du corps, elle n’engendre généralement pas de problème et ne nécessite par conséquent aucun traitement.
En revanche, lorsque l’hypohidrose est provoquée par une pathologie sous-jacente, c’est cette dernière qui sera prise en charge pour diminuer les symptômes qui en découlent.
En cas d’hypohidrose médicamenteuse, deux options peuvent être envisagées par le médecin : réduire la dose ou remplacer la molécule par une autre qui a la même indication.
Des mesures pour refroidir le corps peuvent également être adoptées afin d’éviter la surchauffe :
- Appliquer de l’eau ou des compresses froides sur la peau ou utiliser un brumisateur ;
- Se préserver de la chaleur, en restant au frais un maximum et en évitant de sortir ou de s’exposer lors de fortes chaleurs ;
- S’hydrater. Si la transpiration ne permet pas d’évacuer les déchets de l’organisme, l’émission d’urine le permet ;
- Porter des vêtements amples et légers.
Charline D., Docteur en pharmacie