La sciatique correspond à une douleur le long du trajet du nerf sciatique au niveau de la jambe. Ses causes sont multiples, mais la forme la plus commune est la lombosciatique, où elle est associée à des douleurs lombaires. Les signes cliniques caractéristiques suffisent le plus souvent à poser le diagnostic et à mettre en place un traitement adapté. Néanmoins, le recours à la chirurgie est parfois nécessaire.
Définition et symptômes
Qu’est-ce que la sciatique ?
La sciatique se définit comme une névralgie (douleur liée à un nerf) du nerf sciatique. Ce nerf est le plus gros et le plus long nerf de l’organisme. Il assure à la fois la sensibilité d’une partie de la jambe et une partie des mouvements de la jambe. Il possède plusieurs racines nerveuses, qui naissent de la moelle épinière au niveau des vertèbres lombaires 4 et 5, ainsi que des vertèbres sacrées 1, 2 et 3.
Elle se manifeste principalement par les symptômes suivants :
- Une douleur vive qui irradie dans la fesse, le long de l’arrière de la cuisse et parfois jusqu’au bas de la jambe ;
- Plus rarement, une douleur qui passe sur le devant de la cuisse et descend sur le côté de la jambe ;
- Une douleur généralement unilatérale (à gauche ou à droite) ;
- Une douleur d’intensité variable, amplifiée par la position debout ou assise ou des quintes de toux, et au contraire atténuée par la position allongée ;
- Des modifications de la sensibilité (fourmillements, engourdissements) dans la jambe ;
- Une faiblesse des muscles inférieurs de la jambe.
Sur le plan épidémiologique, la sciatique touche surtout les hommes après l’âge de 30 ans, et ayant des facteurs de prédisposition, tels qu’une lombalgie chronique ou une activité professionnelle ou sportive sollicitant fortement la colonne vertébrale.
Quelles en sont les causes ?
Tout phénomène à l’origine d’une compression ou d’une inflammation du nerf sciatique peut être à l’origine d’une sciatique. La cause principale de la sciatique est la hernie discale (85 % des cas). La sciatique est alors due à la compression et à l’inflammation de l’une des racines du nerf sciatique, un phénomène désigné par les spécialistes comme un conflit disco-radiculaire L4-L5 (si la hernie est située entre les vertèbres lombaires 4 et 5) ou L5-S1 (si la hernie est localisée entre les vertèbres lombaires 5 et les vertèbres sacrées 1). Cependant, toutes les hernies discales ne provoquent pas de sciatique.
D’autres causes, moins fréquentes, peuvent provoquer une sciatique :
- L’arthrose des vertèbres lombaires ;
- Un traumatisme (chute ou accident ayant touché le dos) ;
- Un tassement vertébral dû à l’ostéoporose ;
- Une maladie inflammatoire du rachis, telle que la spondylarthrite ankylosante ou le rhumatisme psoriasique ;
- Une infection au niveau de la colonne vertébrale, comme la maladie de Pott (tuberculose osseuse) ;
- Une tumeur ou des métastases au niveau de la colonne vertébrale ou à proximité.
Par ailleurs, une forme particulière de sciatique affecte les femmes au cours de la grossesse. Des troubles de la posture associés à la prise de poids chez la femme enceinte provoquent le pincement du nerf sciatique et les douleurs consécutives.
Lombosciatique et autres formes de sciatique
La sciatique est fréquemment associée à des douleurs lombaires (douleurs au niveau des vertèbres lombaires). Les spécialistes parlent alors de lombosciatique. Cette forme de sciatique est la plus commune et se manifeste par les symptômes suivants :
- Une douleur dans le bas du dos associée à des douleurs dans la jambe ;
- Un déclenchement de la douleur suite à un effort ;
- Une douleur amplifiée dans certaines positions, en cas de toux ou lors des efforts physiques, mais atténuée par la position allongée ;
- Un engourdissement et une faiblesse musculaire dans la jambe et le pied ;
- Des troubles de la sensibilité dans la jambe et le pied ;
- Une jambe d’aspect normal (sans gonflement, de couleur normale).
Parallèlement, d’autres formes cliniques, plus rares mais plus graves, existent. D’une part, la sciatique paralysante avec un déficit moteur de la jambe : le patient perd la capacité à effectuer certains mouvements. D’autre part, la sciatique hyperalgique, impossible à calmer par les médicaments antalgiques classiquement prescrits. Enfin, la sciatique du syndrome de la queue de cheval, où la sciatique est associée avec une atteinte d’autres racines nerveuses à l’origine de troubles de la sensibilité de la jambe et du périnée, des troubles du contrôle sphinctérien (sphincter urinaire, sphincter anal), et des troubles moteurs des jambes (difficulté à la marche, diminution de la force musculaire).
Diagnostic et traitement de la sciatique
Les signes cliniques caractéristiques de la sciatique sont le plus souvent suffisants pour évoquer le diagnostic. Le médecin doit rechercher précisément sa cause, par différents examens, notamment :
- La recherche d’un trouble de la statique, par exemple une scoliose ;
- L’étude des réflexes neurologiques ;
- L’aspect de la jambe ;
- L’analyse de la force musculaire et de la sensibilité.
Grâce à l’auscultation, le médecin peut généralement identifier si une hernie discale est en cause et à quel niveau elle se situe. Cependant, dans les formes compliquées, prolongées (persistance des douleurs au-delà de quelques semaines) ou résistantes (inefficacité des traitements habituels), l’avis d’un spécialiste (rhumatologue, chirurgien) est recommandé et des examens complémentaires prescrits :
- Des radiographies du rachis dorsolombaire ;
- Un scanner ou une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) du rachis.
Que faire en cas de sciatique ?
Lors de la survenue brutale d’une sciatique, associée le plus souvent à un lumbago, quelques gestes simples sont conseillés d’emblée :
- Éviter les positions et mouvements qui provoquent ou amplifient les douleurs ;
- Éviter le repos prolongé au lit ;
- En position allongée, surélever les jambes pour réduire les douleurs.
- Adapter ses activités ;
- Prendre un traitement antalgique le plus rapidement possible pour soulager les douleurs : du paracétamol, un antiinflammatoire non stéroïdien (ibuprofène, kétoprofène ou l’aspirine) ;
- Appliquer de la chaleur sur la musculature douloureuse (bains, enveloppements, bouillotte).
Si après deux à trois jours, les douleurs persistent, il est recommandé de consulter rapidement un médecin.
De même, une consultation médicale est conseillée dans les cas suivants :
- Une faiblesse ou un engourdissement progressif dans une jambe ou un pied ;
- Une diminution de la sensibilité au niveau d’une partie de la jambe ;
- Une intensification des douleurs, en particulier la nuit ;
- Une perte de poids involontaire ayant précédé l’apparition de la sciatique.
Plus rarement, il est impératif de consulter un médecin en urgence, si la sciatique s’accompagne de :
- Une douleur extrême non calmée par des médicaments antalgiques ;
- Une paralysie ou une baisse de la force musculaire de la jambe ;
- Une perte de sensibilité du périnée ;
- Des difficultés pour uriner ou au contraire des fuites urinaires ;
- Une constipation ou une incontinence fécale ;
- De la fièvre, des difficultés respiratoires, des vomissements, ou encore une infection urinaire.
Prise en charge
La prise en charge comporte plusieurs aspects, et peut différer selon la cause de la sciatique :
- Un traitement médicamenteux, basé sur différentes catégories de médicaments selon les douleurs ressenties par le patient :
- Médicaments antalgiques, comme le paracétamol, associé ou non à un antalgique plus puissant (codéine, tramadol voire la morphine) ;
- Antiinflammatoires non stéroïdiens ;
- Myorelaxants pour soulager les contractures musculaires douloureuses ;
- Une infiltration épidurale de corticoïdes pour obtenir un effet antalgique prolongé (entre 3 et 6 semaines) ;
- Des séances de kinésithérapie après la phase aigüe de la sciatique ;
- Le traitement spécifique de la maladie responsable de la sciatique, par exemple l’ostéoporose ou la spondylarthrite ankylosante.
Le recours à la chirurgie devient nécessaire, lorsque la sciatique est persistante, récidivante ou invalidante, c’est-à-dire que le patient présente une paralysie, un syndrome de la queue de cheval ou des douleurs extrêmes non soulagées par les médicaments. L’intervention chirurgicale consiste à traiter chirurgicalement la hernie discale responsable de la sciatique. La chirurgie est généralement efficace, mais des douleurs lombaires peuvent persister après l’intervention. D’autres interventions chirurgicales peuvent être proposées, lorsque l’arthrose est responsable de la sciatique.
Quelques mesures préventives
Au quotidien, il est possible de limiter le risque de sciatique en adoptant quelques règles simples. La pratique régulière d’une activité physique adaptée est particulièrement conseillée pour réduire les problèmes de dos avec ou sans sciatique. La plupart des sports sont bénéfiques pour le dos, à condition de respecter quelques règles :
- Un échauffement avant l’effort ;
- Une activité progressive, adaptée aux capacités physiques et respiratoires ;
- Une maîtrise des gestes techniques ;
- Un équipement de qualité et en bon état.
Le sport améliore ainsi le tonus musculaire et contribue à prévenir les récidives de sciatique.
Par ailleurs, une alimentation saine et équilibrée est recommandée, de même que la perte de poids chez les personnes en surpoids.
De plus, il est capital d’adopter de bonnes positions dans tous les gestes du quotidien pour limiter les risques de lombalgies et de sciatique. Chez une personne ayant déjà souffert d’une sciatique, il est conseillé d’éviter de reproduire les mouvements qui ont déclenché les douleurs.
Enfin, certaines professions peuvent majorer le risque de sciatique. Pour limiter les risques de récidive, une visite chez le médecin du travail pourra permettre, en fonction de la situation de chaque personne, de prendre la décision la plus adaptée :
- Améliorer l’ergonomie du poste de travail ;
- Préconiser un changement de poste.
Rédigé par Estelle B., Docteur en Pharmacie., 25 janvier 2018. Mis à jour par Alexia F. Docteure en Neurosciences, le 26 avril 2022