Vaginite et vulvovaginite


Rédigé par Estelle B. et publié le 8 juillet 2024

Les vaginites sont des pathologies féminines, aiguës ou chroniques, toutes marquées par une inflammation du vagin. Elles sont de causes diverses, infectieuses ou irritatives et se manifestent par des signes caractéristiques : des pertes vaginales, des démangeaisons et des brûlures vulvaires. La plus connue et la plus fréquente des vaginites est la mycose vaginale. Trois femmes sur quatre développe au moins une mycose vaginale au cours de leur vie.

Vaginite

Qu’est-ce qu’une vaginite ?

Les vaginites regroupent toutes les formes d’inflammation du vagin. Parfois, on parle également de vulvovaginite, lorsque l’inflammation touche non seulement le vagin mais aussi la vulve.

appareil génital féminin

Les vaginites ont des causes diverses, et peuvent toucher les femmes à tous les âges de la vie, avant la puberté, pendant la grossesse, avant et après la ménopause. Elles peuvent être aiguës ou chroniques.

On distingue deux causes principales de vaginites :

  • Les vaginites d’origine infectieuse sont de loin les plus fréquentes, puisqu’elles représentent 2/3 des cas. Plusieurs agents pathogènes peuvent en être la cause :
    • Un champignon microscopique (ou levure) provoquant une mycose vaginale ou mycose vulvo-vaginale. Le plus souvent due à Candida albicans, c’est la plus connue et la plus fréquente des vaginites.
    • Une bactérie, comme Mycoplasme, Gardnerella vaginalis, Chlamydia trachomatis ou le gonocoque ;
    • Un virus comme l’herpès génital ;
    • Un parasite comme Trichomonas;
  • Les vaginites d’origine irritative sont plus rares et se retrouvent dans différents contextes :
    • Au déclenchement d’une réaction cutanée due à des produits chimiques mal tolérés par la muqueuse vaginale (gel douche, savon, mousse, huile de bain, gel lubrifiant, produits contraceptifs tels que les spermicides ou préservatifs, produits antimycosiques à usage local) ;
    • Une irritation de nature « mécanique » (sous-vêtements synthétiques et trop serrés, serviettes hygiéniques…) ;
    • La présence d’une maladie cutanée (dermatose) : psoriasis, lichen, ou encore un eczéma de contact.

À savoir ! Les vaginites d’origine infectieuse sont considérées comme des infections sexuellement transmissibles (IST).

Toutes les femmes sont-elles à risque de vaginite ?

Toutes les femmes peuvent à un moment ou à un autre de leur vie subir une vaginite. D’ailleurs, 75 % des femmes développent au moins une mycose vaginale au cours de leur vie. Cependant, des facteurs favorisants ont été identifiés :

  • Le port de pantalons serrés qui constituent une source d’irritations « mécaniques » locales favorisant une infection ;
  • Les sous-vêtements composés de tissu synthétique, qui augmentent la transpiration au niveau des plis et favorisent le phénomène de macération (favorable au développement des germes) ;
  • Des mesures d’hygiène intime excessives peuvent perturber l’écosystème de la flore vaginale et modifier la muqueuse (toilettes trop fréquentes, usage de produits irritants, douches vaginales, utilisation de produits dermatologiques intra-vaginaux).
  • La prise d’un traitement antibiotique qui peut altérer la composition du microbiote vaginal ;
  • La présence d’un corps étranger dans le vagin ;
  • Les rapports sexuels, parfois à l’origine d’irritations cutanées et de la transmission de certaines infections ;
  • Un déficit du système immunitaire ;
  • La prise de médicaments immunosuppresseurs.

À savoir ! Le microbiote vaginal (composé de bactéries non pathogènes, essentiellement des lactobacilles) est très importante puisqu’il permet d’éviter la survenue d’infections par des germes pathogènes. Le déséquilibre de la flore vaginale entraîne une forme particulière de vaginite chronique, la vaginose bactérienne.

Comment reconnaître une vaginite ? Les symptômes

De nombreuses femmes ne ressentent pas ou peu de symptômes lorsqu’elles sont atteintes d’une vaginite. Néanmoins, les vaginites, en fonction de leur cause, peuvent entraîner différents symptômes :

  • Des démangeaisons (prurit) et/ou des sensations de brûlure au niveau de la vulve et du vagin ;
  • Un écoulement vaginal abondant et anormal (ou pertes vaginales appelées leucorrhées). Cet écoulement est absent dans la vaginite non infectieuse et en cas d’herpès génital. Selon le type de germe responsable de l’infection, ces pertes vaginales sont décrites différemment :
    • Blanchâtres, épaisses et ressemblant à du lait caillé dans les vaginites dues à un champignon (vaginite mycosique ou mycose vulvovaginale).
    • Fluides, abondantes, grisâtres ou jaunâtres et malodorantes dans les vaginites bactériennes.
    • Mousseuses et aérées dans les vaginites parasitaires.
  • Des douleurs lors des rapports sexuels ;
  • Des signes urinaires: brûlures en urinant ou difficultés à uriner ;
  • Des grandes lèvres enflées, rouges et douloureuses avec parfois le développement de vésicules transparentes à la surface.

En cas de signes évocateurs d’une vaginite, il est important de consulter un médecin ou une sage-femme pour en rechercher la cause. En cas d’IST, un traitement adapté est indispensable, pour la patiente et pour ses partenaires sexuels. Un prélèvement vaginal peut être indispensable pour effectuer des analyses microbiologiques. Une éventuelle infection urinaire doit également être recherchée en cas de symptômes urinaires associés.

Comment traiter une vaginite ?

Le traitement de la vaginite dépend de sa cause. En cas d’infection, un traitement adapté est nécessaire pour éliminer l’agent pathogène responsable. Le traitement est le plus souvent local (crème, pommade, capsules ou ovules vaginaux), mais parfois un traitement par voie orale est nécessaire. Le traitement du ou des partenaires sexuels et une abstinence de rapports sexuels pendant plusieurs jours peuvent être recommandés.

Pour les autres causes de vaginites, il convient de rechercher la cause ou le facteur favorisant. Une hygiène inadaptée doit être corrigée par exemple. Des traitements adaptés de dermatose doivent être mis en place, si besoin après un avis dermatologique.

À savoir ! A partir de la ménopause, la vaginite est le plus souvent non infectieuse et souvent liée à la sécheresse vaginale et aux modifications vaginales. Un traitement à base d’œstrogènes peut être éventuellement proposé, se présentant sous forme d’ovules médicamenteux, de capsules vaginales, de gélules ou de crème. Il est aussi possible d’utiliser des produits hydratants vaginaux, disponibles en pharmacie ou parapharmacie.

Peut-on prévenir la vaginite ?

Il est souvent difficile voire impossible de prévenir toute forme de vaginite. En revanche, chez les femmes souffrant de récidives fréquentes de vaginites, certains conseils sont utiles pour en limiter la fréquence :

  • Ne pas effectuer plus de toilette intime par jour et ne pas réaliser de douche vaginale ;
  • Ne pas utiliser d’antiseptique moussant pour se laver. Plutôt privilégier un savon au pH neutre non parfumé ou des produits d’hygiène intime, non agressifs pour les muqueuses et la flore vaginale ;
  • Bien sécher la vulve après chaque toilette ;
  • Lors des règles, les tampons ou serviettes hygiéniques sont à changer régulièrement ;
  • Aux toilettes, s’essuyer d’avant en arrière ;
  • En cas d’utilisation d’un diaphragme, laver-le sans désinfectant après chaque usage, à l’eau savonneuse. Puis bien le rincer et le sécher ;
  • Ne portez pas de vêtements trop serrés ;
  • Privilégiez les sous-vêtements en coton ;
  • Évitez de rester dans des sous-vêtements mouillés (maillot de bain) ;
  • Évitez les crèmes contraceptives spermicides.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Mycose vaginale et autres vaginites. www.ameli.fr. Consulté le 4 juillet 2024.
– Revue générale des vaginites. www.msdmanuals.com. Consulté le 4 juillet 2024.