Différencier une mycose vaginale et une infection urinaire.

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Rédigé par Lucas SDC. et publié le 10 octobre 2020

La mycose vaginale ou candidose vulvo-vaginale est l’un des premiers motifs de consultation en gynécologie et concerne 10-20% des femmes en période d’activité sexuelle. Tandis que l’infection urinaire ou cystite aigue touche environ 50% des femmes adultes. Comment faire pour différencier ces 2 pathologies ?

femme qui souffre

Mycose vaginale, entre irritations et pertes blanches

La mycose est une infection génitale due à un champignon, le plus souvent Candida Albicans. Il profite d’un déséquilibre de la flore vaginale ou d’un déficit immunitaire pour se multiplier et coloniser la muqueuse vaginale. La contamination est principalement endogène, c’est-à-dire que l’on se contamine avec ses propres Candida. En effet, chez la femme, la flore vaginale est composée à environ 30% de C. Albicans. Le tube digestif est également un réservoir à C. Albicans et la colonisation du vagin peut se faire directement par passage de cette levure de l’anus vers le vagin.

Chez la femme, l’infection se traduit par une vulvo-vaginite c’est-à-dire une atteinte infectieuse et inflammatoire de la vulve et du vagin.

Les symptômes sont souvent typiques :

  • Démangeaison locale intense de la vulve et de l’entrée du vagin;
  • Sensations de picotements, brûlures vulvaires;
  • Muqueuse parsemée de rougeurs, parfois de petites coupures, fissures ou excoriations (= écorchures) au niveau de la vulve;
  • Aspect œdématié (=gonflé) de la vulve;
  • Pertes blanches-jaunâtres, abondantes, crémeuses, grumeleuses « en lait caillé » qui stagnent dans les plis de la muqueuse vulvovaginale, associées à une mauvaise odeur;
  • Douleurs lors des rapports sexuels(encore appelée dyspareunie)
  • Irritation ou sensation de brûlure possible lors de l’émission des urines.

À savoir ! L’intensité des symptômes varie d’une femme à l’autre et dans de rares cas les femmes peuvent ne présenter aucun symptôme.

Plusieurs facteurs favorisent le déclenchement des mycoses vaginales :

  • Les candidoses vulvo-vaginalessont hormonodépendantes : elles surviennent plus fréquemment pendant la seconde moitié du cycle et lors du troisième trimestre de la grossesse, après la ménopause, la prévalence décroit ;
  • Le stress ;
  • Un diabète mal équilibré ( albicans se développe très bien dans les milieux enrichis en glucose) ;
  • Une prise d’antibiotique à large spectre (déséquilibrant la proportion vaginale bactéries/levures) ;
  • Les dispositifs intra-utérins ;
  • Un déficit immunitaire.

La candidose vaginale n’est pas considérée comme une maladie sexuellement transmissible. Les rapports sexuels pourraient cependant induire des microtraumatismes de la muqueuse vaginale entretenant des récidives post-coïtales.

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Infection urinaire et douleur à la miction

Une infection urinaire, ou cystite, est une inflammation aigue ou chronique de la muqueuse vésicale. Elle est extrêmement fréquente et généralement sans gravité. Elle est souvent provoquée par la bactérie Escherichia Coli. En effet, elle est en cause dans 90% des cas, cependant d’autres bactéries ou micro-organismes peuvent la provoquer. C’est l’infection nosocomiale (lié au soins) la plus fréquente.

On estime qu’une femme sur deux connaîtra un ou plusieurs épisodes de cystite aigue au cours de sa vie. On observe deux pics de fréquence : au début de l’activité sexuelle et après la ménopause.

L’infection se développe lorsque la bactérie Escherichia Coli, naturellement présente dans le tube digestif, se retrouve au niveau de l’urètre puis migre dans la vessie où elle va se multiplier.

Une cystite peut se manifester de manière plus ou moins brutale.

Les symptômes sont :

  • Douleur ou sensation de brûlure à la miction ;
  • Sensation de poids dans le bas ventre ;
  • Besoin urgent et fréquent d’uriner (pollakiurie) ;
  • Urine trouble avec une odeur inhabituelle ;
  • Traces de sang possibles dans les urines, mais ce n’est pas un signe de gravité

À savoir ! Une cystite ne provoque aucune douleur lombaire ou fièvre.

Les symptômes peuvent persister quelques jours (2 à 3 jours) après le début du traitement avant de disparaître.

Chez la femme, plusieurs facteurs favorisant la survenue de l’infection sont connus :

  • La longueur de l’urètre. Plus l’urètre est petit, plus l’introduction anormale de micro-organisme est facile ;
  • Les rapports sexuels augmentent le risque (d’autant plus avec l’utilisation de spermicide) ;
  • L’incontinence urinaire;
  • La période post ménopausique (en raison d’un déficit en œstrogènes) ;
  • Lors de la grossesse, la vessie est comprimée par l’utérus, ce qui ralentit l’écoulement de l’urine et favorise sa stagnation ;
  • Le prolapsus génital et urinaire (ou glissement vers le bas des organes).

Dans la majorité des cas, les cystites n’entraînent pas de complications. Cependant, les bactéries peuvent parfois remonter le long de l’uretère (canal reliant la vessie aux reins) pour atteindre le rein. On parle alors de pyélonéphrite.

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Comment les reconnaitre ?

Ces 2 infections sont souvent confondues car elles ont presque la même localisation et des symptômes apparentés, mais il est important de les différencier afin d’avoir un traitement adéquat.

Souvenez-vous : Une cystite touche l’appareil urinaire, on retrouve donc des symptômes typiques de ce système : pollakiurie, brûlure à la miction et urine trouble.

Alors que la mycose touche l’appareil génital, les symptômes les plus communs sont les démangeaisons et les pertes blanches-jaunâtres. Il n’y a pas ou peu de symptômes urinaires.

Attention car le traitement de première ligne pour la cystite, entraine fréquemment des mycoses vaginales !

Pour la cystite, le diagnostic se fait à l’aide d’une bandelette urinaire ou d’un examen cytobactériologique des urines (ECBU). Le traitement de première intention consiste en une prise unique par voie orale d’un antibiotique.

Pour la mycose vaginale, un antifongique sous forme d’ovule ou de capsule associé ou non à une crème antifongique est recommandé.

Ces infections urinaires ou génitales se soignent relativement bien, c’est pourquoi il est important de contacter son médecin ou son gynécologue dès l’arrivée des premiers signes.

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Lucas SDC., Journaliste scientifique

Sources

– Cystite : symptômes et causes. Ameli. Consulté le 05 octobre 2020.

– Sexually Transmitted Disease. CDC. Consulté le 05 octobre 2020.

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