Syndrome prémenstruel : quand les troubles psychologiques surviennent

Actualités Douleur Gynécologie Psychiatrie

Rédigé par Julie P. et publié le 25 novembre 2024

Humeur dépressive et instable, désintérêt pour les activités quotidiennes, anxiété… ces symptômes psychiques caractéristiques du trouble dysphorique prémenstruel sont une forme sévère du syndrome prémenstruel. Focus sur les symptômes et les thérapies associés à ce trouble qui touche 3 à 8% des femmes en âge de procréer.

Header-syndrome-premenstruel

A l’origine du trouble dysphorique prémenstruel

Le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) se caractérise par des symptômes psychologiques et psychiatriques survenant pendant la dernière semaine de la phase lutéale et s’améliorant au début de la phase folliculaire. Ce trouble a été identifié assez récemment puisqu’il faudra attendre 1953 pour que les médecins Raymond Greene et Katharina Dalton décrivent le concept de syndrome prémenstruel incluant un ensemble de symptômes physiques et psychiques liés au cycle menstruel.

À savoir ! La première phase du cycle menstruel (phase folliculaire) débute le premier jour des menstruations et s’étend en général sur 14 jours. Au cours de celle-ci, les follicules ovariens poursuivent leur croissance et la muqueuse utérine s’épaissit. Le taux d’œstrogènes augmente progressivement pendant cette première phase du cycle et jusqu’à l’ovulation au 14ème jour. Se poursuit alors la deuxième phase, la phase lutéale (ou phase progestéronique) toujours sur 14 jours. Le follicule ovarien se transforme en corps jaune et une variation hormonale (pic puis baisse de progestérone et diminution des œstrogènes) provoque les menstruations.

Actuellement, la recherche sur le TDPM s’oriente davantage vers des causes neurobiologiques et neuroendocrinologiques impliquant le système nerveux central, le système génital et endocrinien de la femme. Des données plus récentes avancent également que le TDPM peut survenir à cause d’une baisse de la concentration en sérotonine.

À savoir ! La sérotonine est un messager chimique, scientifiquement appelé neurotransmetteur, qui agit au niveau du système nerveux central (cerveau et moelle épinière). Elle est impliquée dans diverses fonctions de l’organisme telles que le sommeil ou l’humeur. Elle est synthétisée à partir du tryptophane, un acide aminé apporté par l’alimentation et notamment présent dans le riz complet, les produits laitiers, les œufs, la viande et le poisson ou les fruits à coque

Les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel

Dans le manuel diagnostique des troubles mentaux (DSM-IV), il est suggéré de différencier le TDPM du syndrome prémenstruel (SPM). Ce dernier, plus fréquent chez les femmes en âge de procréer, est réservé aux symptômes physiques et aux faibles changements d’humeur tandis que le TDPM présente au premier plan des symptômes psychiatriques.

Les caractéristiques essentielles du TDPM, comparables à une dépression majeure en sévérité, mais pas en durée, sont :

  • Une humeur dépressive ;
  • Une anxiété ;
  • Une instabilité émotionnelle marquée et une irritabilité ;
  • Une difficulté à se concentrer ;
  • Une survenue de colères soudaines ;
  • Perte d’énergie et fatigabilité ;
  • Des changements dans le comportement alimentaire et le sommeil ;
  • Une baisse de l’intérêt pour les activités de la vie professionnelle et de la vie sociale.

Afin d’élaborer le diagnostic et le différencier d’un trouble bipolaire de type I à cycles rapides, il doit exister un intervalle sans symptômes d’au moins une semaine dans la période suivant les règles. En général, le professionnel de santé demande à sa patiente de noter les symptômes pendant deux cycles consécutifs.

Les solutions naturelles et les traitements médicamenteux

Activité physique et sportive

De nombreuses études de suivi ont montré l’intérêt de pratiquer un exercice physique régulier. Il peut s’agir de sport d’endurance (exercices aérobies) mais aussi de sport demandant force et puissance (exercices anaérobies).

En effet, tous les travaux qui se sont penchés sur ce sujet, indépendamment du type d’activités physiques réalisées, montrent une amélioration nette des symptômes psychiques et physiques liés au TDPM.

L’activité physique, en augmentant les concentrations d’endorphines (hormones et neurotransmetteurs) dans l’organisme, inhibe la libération de l’hormone lutéinisante (LH) et améliore l’humeur.

À savoir ! Pendant la première phase du cycle menstruel, le taux d’œstrogènes augmente progressivement jusqu’à atteindre un certain seuil qui déclenche la libération soudaine de l’hormone LH (hormone lutéinisante) produite et stockée par l’hypophyse, une glande endocrine située à la base du cerveau. Cette hormone permet de rompre le follicule pour délivrer l’ovule : c’est l’ovulation et la fin de la première phase.

Régime Alimentaire

Les recommandations alimentaires consistent en la réduction d’apport en sel, sucre, alcool et caféine. Des études cliniques montrent également qu’une supplémentation en calcium et en magnésium fait reculer la rétention d’eau, les douleurs abdominales et les symptômes psychiques.

Les traitements médicamenteux

Si pendant 2 à 3 mois, les patientes ne constatent pas d’amélioration, et ceci en dépit de la mise en place de solutions naturelles (alimentation, activité physique), un traitement continu ou discontinu à base de psychotrope et notamment d’inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS), peut être mis en place.

À savoir ! Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine sont une classe d’antidépresseurs recommandés comme traitement de première intention dans la prise en charge des épisodes dépressifs caractérisés d’intensité modérés à sévères. Ces antidépresseurs sont qualifiés de sérotoninergiques car ils restaurent les concentrations de sérotonine intrasynaptique (au niveau des zones de communication entre les neurones).

En cas de non-réponse au traitement, le professionnel de santé peut prescrire un traitement hormonal. Cependant, certains réduisent de manière continue les concentrations d’œstrogènes exposant ainsi les patientes à un risque accru d’ostéoporose en cas d’administration prolongée.

Une psychothérapie, et notamment une thérapie cogntivo-comportementale, sera recommandée comme thérapie complémentaire.

Sources
– Les troubles dysphoriques prémenstruels. www.revmed.ch. Consulté le 12 novembre 2024.