Des troubles visuels mal corrigés chez les personnes âgées !

Ophtalmologie Santé des séniors

Rédigé par Estelle B. et publié le 11 décembre 2018

La vue est l’un des sens les plus impactés par le vieillissement. Mais les troubles visuels chez les personnes âgées sont-ils tous correctement dépistés et pris en charge ? Pas vraiment à en croire une récente étude bordelaise, dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique JAMA Ophtalmology.

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Troubles de la réfraction chez les personnes âgées

Les troubles de la réfraction, ou troubles réfractifs, lorsque les rayons lumineux ne convergent plus sur la rétine, regroupent différents troubles visuels :

Ces troubles de la réfraction peuvent être isolés ou associés.

Selon les études, la prévalence des troubles de la réfraction varie de 2,4 à 20,5 %, mais ces chiffres ont été obtenus le plus souvent au sein d’une population relativement jeune. Qu’en est-il chez les personnes âgées ? Leurs troubles de la réfraction sont-ils tous dépistés et corrigés ?

Pour répondre à ces questions, des chercheurs bordelais ont entrepris une étude sur 707 patients âgés, auxquels un bilan ophtalmologique a été proposé pour rechercher et évaluer les troubles de la réfraction et les pathologies liées à l’âge.

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Près de 40 % de troubles de la réfraction non corrigés

L’âge moyen des participants de l’étude était de 84,3 ans, avec 64,8 % de femmes. Parmi les participants, près de 46 % conduisaient encore, 37 % décrivaient une limitation dans leurs activités quotidiennes et 14 % étaient atteints de diabète.

Le bilan ophtalmologique des participants a révélé que plus de 60 % d’entre eux avaient une acuité visuelle non corrigée inférieure à 20/25. La fréquence de la rétinopathie et du glaucome était de 45 %, tandis que celle de la cataracte  était de près de 8 %.

Au total, près de 40 % des personnes âgées présentaient des troubles de la réfraction non corrigés. La détection de ces troubles a permis de leur proposer une correction adaptée, améliorant en moyenne d’au moins 44 % leur acuité visuelle.

En s’intéressant aux caractéristiques des personnes âgées avec des troubles de la réfraction non corrigés, les chercheurs ont mis en évidence les facteurs de risque suivants :

  • La réalisation du bilan ophtalmologique à domicile et non dans un centre médical ;
  • Le fait de vivre seul ;
  • La perception que les consultations d’ophtalmologie coûtent cher ;
  • Le sentiment que le déclin de l’acuité visuelle est normal avec l’âge.

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Corriger les troubles visuels pour préserver l’autonomie

L’étude bordelaise menée auprès des personnes âgées présente des résultats inquiétants. Près d’une personne âgée sur deux vit en effet avec un trouble de la réfraction non corrigé. Un chiffre particulièrement préoccupant, car il concerne non seulement les personnes isolées, mais aussi celles suivies pour une pathologie oculaire.

La perception du coût élevé des consultations et du suivi ophtalmologiques, de même qu’une certaine résignation des personnes âgées vis-à-vis de leur acuité visuelle pourraient en partie expliquer l’insuffisance de correction de ces troubles visuels.

Pourtant, le dépistage et la correction des troubles visuels chez les personnes âgées constituent un point important dans la préservation de l’autonomie et de la qualité de vie. La vigilance de tous ceux qui interviennent auprès des personnes âgées, aides à domicile, infirmiers, médecins et proches, est capitale pour permettre un meilleur suivi ophtalmologique des personnes âgées et une préservation optimale de leurs capacités visuelles.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

Prevalence and Associated Factors of Uncorrected Refractive Error in Older Adults in a Population-Based Study in France. Naël, V. and al. 2018. JAMA Ophthalmol. doi: 10.1001/jamaophthalmol.2018.4229
  • Matthieu Gerber says:

    Bonjour
    Merci pour cet article très utile
    Cependant, il y a un contresens important car le fait de réaliser un bilan ophtalmologique à domicile et non dans un centre médical n’est pas un facteur de risques mais une recommandation de l’étude de mettre en place des solutions pour réaliser un bilan à domicile ou en Ehpad.
    Les personnes fragiles ne pouvant pas se déplacer ou difficilement. C’est là tout l’enjeu afin d’éviter le non recours aux soins. Le délai de rdv chez l’ophtalmologiste est très long pour une personne pouvant se déplacer mais pour une personne fragile à domicile ou en Ehpad l’accès est pratiquement impossible car justement l’ophtalmo ne se déplace pas. Pourtant les technologies permettent de le faire aussi bien sur le lieu de vie que dans un cabinet.
    Bien à vous
    Matthieu

  • Matthieu Gerber says:

    Bonjour
    Merci pour cet article très utile
    Cependant, il y a un contresens important car le fait de réaliser un bilan ophtalmologique à domicile et non dans un centre médical n’est pas un facteur de risques mais une recommandation de l’étude de mettre en place des solutions pour réaliser un bilan à domicile ou en Ehpad.
    Les personnes fragiles ne pouvant pas se déplacer ou difficilement. C’est là tout l’enjeu afin d’éviter le non recours aux soins. Le délai de rdv chez l’ophtalmologiste est très long pour une personne pouvant se déplacer mais pour une personne fragile à domicile ou en Ehpad l’accès est pratiquement impossible car justement l’ophtalmo ne se déplace pas. Pourtant les technologies permettent de le faire aussi bien sur le lieu de vie que dans un cabinet.
    Bien à vous
    Matthieu

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