Vous ne les voyez pas… et pourtant ils sont la hantise de nombre de sujets allergiques. Qui sont-ils ? Ce sont les acariens, présents dans nos logements, nos voitures, notre linge… et responsables d’allergies chez environ 10 % de la population mondiale. Voici tout ce qu’il faut savoir sur l’allergie aux acariens.
Les acariens, à l’origine d’allergies
Qui sont les acariens ? Les acariens sont de petits arachnides (famille des araignées) microscopiques se nourrissant de débris de peau humaine ou animale. Ils adorent les milieux chauds et humides et se nichent essentiellement dans les tissus, la laine et la plume. On les trouve le plus souvent dans les matelas, les oreillers, les tapis ou les canapés. En effet, compte tenu de la quantité de squames (débris de peau, d’ongle ou de poils) perdue dans la nuit, la literie représente un gigantesque garde-manger pour les acariens.
La poussière de maison est une mine d’or où l’on retrouve diverses particules en tous genres comme des moisissures, des pollens, des débris de peau ou de cheveux, mais aussi des acariens. Ces derniers représentent à eux seuls près de 90% de la poussière de maison. Ainsi, ce que l’on appelait autrefois « une allergie à la poussière » correspond en réalité à une allergie aux acariens.
À savoir ! L’allergie aux acariens n’a rien à voir avec l’infestation de votre lit par des punaises de lit, un autre fléau qui se loge dans votre matelas ou votre linge. Dans le cas des punaises de lit, les symptômes, principalement cutanés, ne sont pas liés à une réaction allergique mais à la piqûre de ces insectes qui se nourrissent de votre sang. Si les punaises de lit viennent s’ajouter à une allergie aux acariens, la situation peut devenir particulièrement difficile à vivre.
Qu’est-ce que l’allergie aux acariens ?
Une allergie est une réaction immunitaire inadaptée de l’organisme en contact avec une substance. On parle d’une hypersensibilité de l’organisme à certaines substances présentes dans l’environnement et le plus souvent inoffensives. Ces substances sont appelées des allergènes (ici les acariens) lorsqu’elles sont à l’origine de réaction allergique alors qu’elles ne le devraient pas. En France, on estime que 20 à 25% de la population est atteinte d’allergie. Par ailleurs, 60% des allergies respiratoires, en particulier la rhinite allergique et l’asthme allergique impliqueraient les acariens.
Le développement de l’allergie aux acariens survient en deux temps :
- La phase de sensibilisation à l’allergène passe totalement inaperçue. Lors d’un premier contact avec la substance en question, l’organisme va produire des anticorps (molécule chargée de repérer et éliminer la substance perçue comme étant une menace) appelés immunoglobulines E ;
- La phase de révélation durant laquelle les signes apparaissent. Lors d’un nouveau contact avec l’allergène, les immunoglobulines E sont effectives et vont déclencher une réaction inflammatoire par la libération de certaines molécules. La réaction peut alors être nasale, respiratoire, oculaire, cutanée, etc.
Par la suite, les signes de l’allergie apparaissent chaque fois que le nombre d’acariens présents augmente. Selon les patients, les manifestations allergiques les plus fréquentes sont :
- L’écoulement nasal et le nez qui gratte ;
- Les yeux rouges et larmoyants ;
- La toux ;
- Des difficultés à respirer ;
- Une éruption cutanée, associée de l’eczéma ou dermatite.
L’allergie aux acariens peut être la seule allergie ou être associée à d’autres allergies, respiratoires (allergie aux pollens par exemple) ou non (allergie au latex par exemple).
Comment reconnaître une allergie aux acariens ? Le diagnostic
Les acariens sont particulièrement présents dans les environnements intérieurs durant l’automne et l’hiver, deux saisons où nous aérons moins les logements et où nous vivons plus à l’intérieur. Les acariens peuvent pondre jusqu’à 300 œufs au cours de leur vie (durée de vie : 80 jours) et évacuer 200 fois leur poids en excréments. En moyenne, un lit peut être infesté par des millions d’acariens.
À savoir ! Les symptômes d’une allergie aux acariens sont souvent confondus avec un rhume ou une grippe saisonnière.
Le diagnostic de l’allergie aux acariens est établi lors d’un interrogatoire minutieux au cours duquel le médecin va rechercher la présence d’antécédents allergiques personnels ou familiaux et analyser les symptômes décrits par le patient et leur fréquence afin d’essayer de déterminer la nature de l’allergène en cause. Le risque d’allergie aux acariens est plus élevé chez les sujets ayant un terrain atopique, mais tout le monde peut développer une allergie aux acariens, dès l’enfance ou plus tard au cours de la vie.
L’interrogatoire associé à l’examen médical permet de décider de la nécessité et de la nature des tests à effectuer. Si besoin, le médecin oriente le patient vers l’allergologue pour un bilan allergologique. Un simple test cutané pratiqué par l’allergologue suffit au diagnostic. Le test consiste à déposer une petite goutte d’allergène à tester sur la peau du bras sur laquelle une petite griffure a été réalisée au préalable. Le test est indolore et prend quelques minutes seulement. En effet, si après 15 minutes la peau rougit et gonfle, alors l’individu est allergique à l’allergène testé.
En cas de doute, le test cutané peut éventuellement être complété par un dosage sanguin des immunoglobulines E.
Comment soigner l’allergie aux acariens ?
La prise en charge de l’allergie aux acariens est adapté à l’intensité des symptômes. La première mesure à prendre après la confirmation du diagnostic est la diminution du nombre d’acariens présents dans l’environnement. Pour cela, il est conseillé de faire fréquemment et minutieusement le ménage de la maison en utilisant de préférence un filtre anti-acariens HEPA 13 pour l’aspirateur (il faut éviter le balai). Il est recommandé de :
- bien aérer l’habitat,
- limiter l’accumulation de poussière,
- changer régulièrement les draps,
- revêtir les matelas de tissus anti-acariens,
- changer régulièrement de matelas.
Parallèlement, des traitements médicamenteux peuvent soulager les symptômes de l’allergie, généralement des antihistaminiques. Parfois, un traitement de fond est nécessaire. Il est prescrit par le médecin traitant ou l’allergologue.
La désensibilisation est une autre option, plus durable. Ce traitement agit directement sur la réaction immunitaire en cause dans l’allergie en induisant progressivement une tolérance à l’allergène. L’organisme réapprend à supporter la présence des acariens. La désensibilisation est remboursée par la sécurité sociale et existe soit sous forme injectable soit sous forme de gouttes sublinguales à prendre tous les jours. Les bienfaits se font ressentir au bout du 3ème ou 4ème mois de traitement qui dure 3 ans au total. L’efficacité de ce traitement est variable, mais couvre généralement entre 3 à 5 ans.
Comment prévenir l’allergie aux acariens ? Les conseils indispensables
A la différence d’autres allergies, l’éviction totale des acariens est simplement impossible, même dans les maisons les plus propres. Toutefois, il est possible de réduire leur nombre et ainsi de diminuer voire supprimer les symptômes. Pour cela, plusieurs moyens existent et il faut souvent les associer pour obtenir un résultat satisfaisant. Ils sont détruits par de fortes températures (plus de 55°C) ou par certains produits chimiques (acaricides). Par ailleurs, en diminuant le chauffage de la chambre et en limitant l’humidité, leur survie et leur reproduction deviennent plus difficiles.
Voici quelques conseils essentiels à suivre pour éloigner l’allergie aux acariens :
- Aérer tous les jours pendant 30 minutes la chambre ;
- Limiter le chauffage (18-19°C) ;
- Limiter l’humidité en effectuant les réparations si nécessaire ou en déplaçant les meubles pour favoriser la circulation de l’air ;
- Limiter l’apport d’humidité (pas d’humidificateur, pas de plantes, ne pas saturer les radiateurs, etc.) ;
- Lutter contre les moisissures ;
- Préférer un sommier métallique ou à latte de bois et une literie synthétique ;
- Utiliser des housses spéciales imperméables aux acariens ou nettoyer une fois par mois à 60°C les couettes et oreillers ;
- Supprimer au maximum les peluches ou les laver au moins tous les 3 mois à 60°C ;
- Laver chaque semaine les draps à 60°C ;
- Ajouter un acaricide à la lessive pour les lavages à 30°C.
À savoir ! Le choix des matériaux pour la maison est déterminant dans l’allergie aux acariens. Il faut à tout prix éviter les moquettes et si possible les tapis. De même, les tapisseries sont à supprimer. Il est conseillé de choisir des matériaux facilement lavables.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– L’allergie aux acariens. allerg.qc.ca. Consulté le 19 juin 2024.
– Un vaccin contre les allergies aux acariens ? presse.inserm.fr. Consulté le 19 juin 2024.