Thrombocytémie essentielle


Rédigé par Estelle B. et publié le 22 juin 2021

Thrombocytémie essentielle

La thrombocytémie essentielle, encore appelée la thrombocytose essentielle, correspond à un défaut de fonctionnement de la moelle osseuse, aboutissant à une surproduction de plaquettes sanguines. Ce néoplasme myéloprolifératif se développe lentement, généralement chez les personnes de plus de 60 ans, et augmente progressivement le risque de caillots sanguins et d’hémorragies. La cause de ce dysfonctionnement de la moelle osseuse reste encore mal connue, même si une mutation génétique a été identifiée. La prise en charge médicale est définie en fonction de l’importance de la surproduction de plaquettes et donc du risque de caillots sanguins et d’hémorragies.

Définitions et symptômes de la thrombocytémie essentielle

Qu’est-ce que la thrombocytémie essentielle ?

La thrombocytémie essentielle, également appelée la thrombocytose essentielle, correspond à un néoplasme myéloprolifératif.

Thrombocytémie essentielle vu au microscope

Les néoplasmes myéloprolifératifs sont un type particulier de cancer du sang associé à un dysfonctionnement de la moelle osseuse. Ils regroupent :

  • La thrombocytose essentielle;
  • La maladie de Vaquez ;
  • La myélofibrose (cancer du sang rare, marqué par des troubles dans le développement et le fonctionnement des cellules sanguines produites par la moelle osseuse. Progressivement, le tissu normal de la moelle osseuse est envahi par un tissu cicatriciel non fonctionnel.

Dans la thrombocytémie essentielle, le dysfonctionnement de la moelle osseuse (le tissu dans lequel est produit l’ensemble des lignées cellulaires sanguines (globules rouges, globules blancs et plaquettes sanguines)) provoque une production excessive de plaquettes sanguines. Les plaquettes sanguines jouent un rôle essentiel dans la coagulation du sang. La surproduction de plaquettes entraîne une augmentation de deux risques majeurs :

  • La formation de caillots sanguins ;
  • La survenue de saignements et d’hémorragies.

À savoir ! Le taux normal de plaquettes sanguines dans le sang est compris entre 150 et 400 x 109 plaquettes par litre de sang. La thrombocytémie essentielle est caractérisée par une valeur supérieure à 400.

La thrombocytémie essentielle est une maladie qui se développe lentement de manière chronique. Elle touche surtout les personnes âgées de plus de 50 à 60 ans. Elle peut également survenir à un âge plus jeune, notamment chez les femmes en âge de procréer.

L’origine de la thrombocytose essentielle n’est pas encore totalement élucidée par les scientifiques. Chez certains patients, des mutations génétiques particulières ont pu être identifiées :

  • Une mutation dans le gène JAK2 (Janus kinase 2) ;
  • Une mutation dans le gène du récepteur de la thrombopoïétine (MPL) ;
  • Une mutation dans le gène de la calréticuline (CALR).

Ces trois mutations aboutissent à une augmentation de la production des cellules sanguines.

La thrombocytémie essentielle est une forme primaire de la maladie, car elle a pour origine un dysfonctionnement de la moelle osseuse. Il existe également des formes secondaires de thrombocytose, lorsqu’une pathologie ou une situation clinique provoque une augmentation de la production des plaquettes sanguines (hémorragies, ablation de la rate, traumatisme, certains cancers, carence en fer, sarcoïdose, polyarthrite rhumatoïde).

Quels symptômes ?

La thrombocytémie essentielle est une maladie qui se développe lentement. Elle peut donc rester longtemps asymptomatique (sans symptômes associés). La surproduction de plaquettes sanguines peut progressivement augmenter le risque de formation de caillots sanguins ou au contraire de saignements en déréglant totalement le processus normal de la coagulation sanguine. Ces risques peuvent être associés aux symptômes suivants, en fonction de la localisation des caillots ou du saignement :

  • L’apparition de douleur, de rougeur, d’œdème ou de chaleur excessive au niveau des membres inférieurs ;
  • Des douleurs osseuses et/ou musculaires ;
  • Des maux de tête ;
  • Des étourdissements ;
  • Une fatigue intense et inexpliquée ;
  • Des troubles visuels (vision floue, tâches dans le champ visuel) ;
  • Des sensations anormales dans les extrémités (picotements) ;
  • L’apparition récurrente d’ecchymoses ou de saignements ;
  • Des hémorragies au niveau de l’appareil digestif, de la peau, des yeux, du nez (épistaxis), de la bouche ou de l’appareil génito-urinaire ;
  • Une douleur thoracique ;
  • Un essoufflement ;
  • Des malaises ou une faiblesse physique ;
  • Des démangeaisons ;
  • L’apparition d’une légère fièvre ;
  • L’augmentation du volume de la rate (symptôme plus fréquent chez les femmes).

La maladie évolue lentement, de manière chronique. Chez certains patients, elle peut se transformer en une autre forme de néoplasme myéloprolifératif (maladie de Vaquez, myélofibrose), mais aussi évoluer vers d’autres cancers du sang, comme :

  • Le syndrome myélodysplasique ;
  • La leucémie aiguë myéloblastique.

Généralement, les saignements ou les caillots sanguins ne sont pas graves. Mais parfois, des complications graves peuvent survenir et mettre en jeu le pronostic vital, lorsque de gros vaisseaux sanguins sont atteints. Parmi ces complications, il est possible de noter :

Le risque de complications graves est supérieur chez les personnes âgées présentant par ailleurs d’autres pathologies susceptibles de fragiliser les vaisseaux sanguins, comme :

Au cours de la grossesse, l’existence non connue d’une thrombocytémie essentielle peut avoir des conséquences graves sur la santé du fœtus :

  • La survenue d’une fausse couche ;
  • Un retard de croissance intra-utérin (RCIU) ;
  • Un accouchement prématuré.

Diagnostic et traitements de la thrombocytémie essentielle

Quel diagnostic ?

Si la thrombocytémie essentielle ne provoque aucun symptôme, elle est souvent découverte par hasard lors d’un bilan de santé. En cas de symptômes, c’est souvent la prise de sang qui orientera le médecin vers le diagnostic.

Diagnostic de la Thrombocytémie essentielle

Après un interrogatoire et une auscultation, le médecin prescrit plusieurs examens complémentaires pour confirmer le diagnostic :

  • Une Numération Formule Sanguine (NFS) pour mettre en évidence une quantité excessive de plaquettes sanguines dans le sang ;
  • Un frottis sanguin (observation du sang au microscope pour repérer des anomalies caractéristiques) ;
  • Des analyses de sang pour vérifier le bon fonctionnement des organes (foie, rate, cœur, …) et éliminer d’autres problèmes de santé (dosage du fer, recherche d’une inflammation, …) ;
  • La recherche des mutations génétiques associées à la thrombocytémie essentielle ;
  • Une biopsie de moelle osseuse pour confirmer le dysfonctionnement de la moelle osseuse.

Quels traitements ?

La prise en charge médicale de la thrombocytémie essentielle est adaptée au cas de chaque patient, en fonction de l’importance des symptômes du patient et de son état de santé général. L’âge et le risque de complications sont des paramètres déterminants pour le choix du traitement médical. Un traitement médical n’est pas toujours obligatoire pour certains patients jeunes et à risque faible de complications.

Les traitements actuellement disponibles pour la prise en charge de la thrombocytémie essentielle sont les suivants :

  • L’hydroxyurée, le médicament le plus ancien et encore le plus prescrit actuellement, pour réduire la production de plaquettes sanguines ;
  • L’anagrélide pour diminuer la quantité de plaquettes sanguines en agissant directement sur les plaquettes sanguines sans affecter les cellules souches de la moelle osseuse ;
  • L’interféron pégylé alpha 2 b, qui tend à réduire la production de plaquettes sanguines ;
  • Le ruxolitinib pour réduire le volume de la rate, diminuer le taux de plaquettes sanguines et améliorer la qualité de vie ;
  • L’aspirine à faible dose pour soulager certains symptômes et réduire le risque de complications, sauf chez les personnes présentant des saignements importants ;
  • Le pipobroman, abandonné pendant quelques années, déconseillé à long terme en raison d’un risque d’évolution vers une leucémie.

Lorsque ces traitements médicamenteux sont insuffisamment efficaces ou perdent de leur efficacité avec les années, des thérapies plus lourdes peuvent être envisagées :

  • Une thrombocytaphérèse (procédure qui permet de retirer les plaquettes du sang, selon un procédé identique à un don de sang) seulement lorsque la quantité de plaquettes sanguines est très élevée ;
  • Une greffe de moelle osseuse (allogreffe de cellules souches hématopoïétiques) uniquement dans des cas exceptionnels.

Association de patient

association patient ALTE-SMP

Crée il y a près de vingt ans, ALTE-SMP compte aujourd’hui près de 1000 membres actifs et un millier de sympathisants. Elle étend son activité à l’ensemble des pays francophones (Belgique, Suisse, Québec, Maghreb et à de nombreux autres pays dans le monde.

L’association est spécialisée sur les syndromes myéloprolifératifs.

L’activité de ALTE-SMP est développée à la fois sur la prise en charge individuelle et l’activité collective.

Sur le plan individuel, ALTE-SMP propose aux malades de nombreux documents mis à disposition gratuitement, mais aussi ses forums spécialisés par maladie. Un suivi individuel permet à chaque malade de recevoir toute l’aide nécessaire pour obtenir le meilleur diagnostic et la meilleure prise en charge médicale, mais aussi sociale.

Un congrès annuel, mais aussi des réunions locales, permettent aux malades d’avoir accès à toutes les nouveautés relatives à leur pathologie.

Sue le plan collectif, ALTE-SMP est présente dans toutes les manifestations susceptibles de faire avancer la prise en charge des malades, mais surtout finance la recherche fondamentale auprès d’une équipe du CNRS.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Thrombocytose essentielle. cancer.ca. Consulté le 18 juin 2021.
– Thrombocytémie essentielle (Primary Thrombocythemia). Jane Liesveld. msdmanuals.com. Mis à jour en septembre 2020.

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