Troubles bipolaires (bipolarité)


Rédigé par Estelle B. et publié le 1 mai 2024

Troubles bipolaires

Le ou les trouble(s) bipolaire(s) ou bipolarité, autrefois appelé maladie maniaco-dépressive, est une maladie psychique chronique caractérisée par un dérèglement de l’humeur. Elle se traduit par une alternance de phases d’excitation et de phases dépressives. Le diagnostic est souvent long, puisqu’on estime qu’il faut environ 10 ans avant la mise en place d’un traitement adapté. D’après les estimations, 2,5 % des Français seraient concernés par cette maladie psychique, qui représente la 6ème cause de handicap en France. La prise en charge est pluridisciplinaire et nécessite l’instauration d’un traitement permettant de réguler l’humeur.

Qu’est-ce que le trouble bipolaire ?

Le trouble bipolaire, encore appelé les troubles bipolaires ou la bipolarité, est une pathologie psychiatrique chronique caractérisée par des troubles récurrents de l’humeur. Ce trouble se manifeste souvent précocement, généralement après l’adolescence. La majorité des cas débute entre 15 et 25 ans, mais la maladie peut survenir à tous les âges, et peut même être diagnostiquée après l’âge de 60 ans.

La bipolarité touche de manière similaire les hommes et les femmes. Néanmoins, des différences sont observées entre les sexes sur les premiers symptômes.  Le trouble bipolaire débute plus volontiers chez les femmes par un épisode dépressif, et chez les hommes par un épisode maniaque.

À savoir ! Un épisode dépressif après l’accouchement, dans le contexte d’une dépression du post-partum par exemple, peut annoncer le développement d’un trouble bipolaire.

L’humeur des patients évolue typiquement en deux phases d’où l’appellation « bipolaire ». Les deux phases, d’excitation ou de dépression, surviennent en alternance. Lors des phases d’excitation, dites maniaque, le patient est très, voire parfois trop actif. Il s’engage, en effet, dans de multiples projets ou réalise de grosses dépenses. A l’inverse, pendant les phases dépressives qui se manifestent après un épisode maniaque, le patient peut éprouver une grande mélancolie et perdre tout désir d’activité. Il peut se replier sur lui-même, jusqu’à développer des idées suicidaires.

A noter ! Entre les deux types d’épisodes, l’humeur peut être normale. On parle d’intervalle de rémission.

Quels sont les trois types de bipolarité ?

Les spécialistes décrivent classiquement trois types de troubles bipolaires :

  • Le trouble bipolaire de type I, la forme la plus classique, où alternent des épisodes dépressifs majeurs et des épisodes de manie ;
  • Le trouble bipolaire de type II, marqué par au moins un épisode dépressif majeur et au moins un épisode d’hypomanie ;
  • Le trouble cyclothymique, qui est une forme légère de trouble bipolaire où les épisodes dépressifs et maniaques sont moins marqués.

Les troubles bipolaires s’expriment souvent différemment d’un patient à l’autre. Dans la majorité des cas, la maladie se traduit par la survenue d’un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs avec au moins un épisode hypomaniaque. Le terme hypomaniaque fait référence à des phases d’excitation moins prononcées que lors d’épisodes maniaques. Chez certains patients, le trouble se caractérise par plusieurs épisodes maniaques ou des épisodes mixtes (succession rapide de phases maniaques et dépressives dans une même journée).

D’où viennent les troubles bipolaires ?

Les origines et les causes exactes de la bipolarité restent encore mal connues. Il semble que la maladie soit multifactorielle et puisse impliquer :

  • Des troubles biologiques affectant le fonctionnement et la communication cellulaire dans le cerveau ;
  • Une prédisposition génétique;
  • Des facteurs environnementaux.

Chez les individus prédisposés, le trouble bipolaire peut débuter sans aucun événement déclencheur ou à la suite d’un événement particulier, tel que :

  • Un stress (divorce, déménagement, décès, etc.) ;
  • Une consommation d’alcool, de tabac ou de drogues ;
  • Un manque de sommeil ;
  • Certaines pathologies, par exemple l’hyperthyroïdie ;
  • La prise de certains médicaments (corticoïdes, anti-inflammatoires, antidépresseurs, etc.).

Quels sont les symptômes des troubles bipolaires ?

Le trouble bipolaire se caractérise par une alternance de symptômes dépressifs et de symptômes maniaques. Au début de la maladie, les épisodes dépressifs peuvent cependant être totalement absents. Chez certains patients, les phases maniaques et dépressives peuvent se succéder extrêmement rapidement dans une même journée. Parfois, les deux peuvent même survenir simultanément, ceux sont les épisodes mixtes.

L’épisode maniaque

Un épisode maniaque est souvent précédé de signes annonciateurs : sensation d’avoir une énergie ou une créativité décuplée, échanges sociaux facilités, sentiment d’euphorie, bien-être. Une irritabilité peut être associée.

Pendant la phase maniaque, le patient présente au moins trois des symptômes suivants :

  • Une augmentation des activités sociales, professionnelles ou sexuelles ;
  • La réalisation d’actes agréables sans se soucier des conséquences (achats inconsidérés par exemple) ;
  • Un sentiment de puissance avec un accroissement de l’estime de soi ;
  • Des troubles de l’attention, le patient a tendance à passer du coq à l’âne ;
  • Un besoin diminué de sommeil, et des insomnies ;
  • Une capacité de communication augmentée avec un discours rapide, difficile à suivre ;
  • Des hallucinations.

Un épisode maniaque dure plus d’une semaine, entre 4 et 8 semaines le plus souvent. Une hospitalisation est généralement nécessaire.

L’épisode hypomaniaque

Tout comme l’épisode maniaque, l’épisode hypomaniaque est caractérisé par une augmentation anormale de l’énergie et de l’humeur d’un individu. Cependant, les symptômes sont moins prononcés et moins handicapants pour le patient. Pour parler d’épisode hypomaniaque, les symptômes doivent être présents au moins 4 jours d’affilée. Généralement, l’hospitalisation n’est pas utile.

L’épisode dépressif

Un épisode dépressif se traduit pendant au moins 2 semaines par une tristesse et une perte d’intérêt pour les activités habituelles. Le patient peut également souffrir d’insomnie ou d’un besoin excessif de sommeil, une perte d’appétit avec une perte de poids ou au contraire une prise de poids, des difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions, une sensation de vivre au ralenti ou à l’inverse avoir du mal à rester en place, une baisse de l’estime de soi.

Ces symptômes peuvent être associés à des idées ou des conduites suicidaires.

Généralement, les épisodes dépressifs durent plus longtemps que les épisodes maniaques. Sans traitement, ils peuvent durer jusqu’à 6 mois.

Les autres symptômes

En dehors des symptômes dépressifs et maniaques, d’autres symptômes peuvent être observés chez les patients. Ils peuvent parfois compliquer le diagnostic de la bipolarité et entraîner une confusion avec d’autres maladies psychiatriques, comme la schizophrénie. Ces autres symptômes peuvent être :

  • Des délires, en particulier chez les jeunes patients. Les patients imaginent et interprètent des événements de façon erronée.
  • Une mégalomanie ;
  • Un sentiment de persécution.

Comment savoir si je suis bipolaire ?

En cas de doute sur les symptômes d’un proche, n’hésitez pas à en parler avec le médecin. Le diagnostic d’un trouble bipolaire est établi par un psychiatre, en collaboration avec les autres professionnels de santé. Il réalise un bilan de santé initial qui a pour but de confirmer le diagnostic de trouble bipolaire en éliminant les pathologies présentant des symptômes similaires, d’évaluer la gravité de la psychose et de définir la stratégie thérapeutique la plus adaptée.

À savoir ! Les Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC) et les troubles bipolaires peuvent coexister chez un même patient. Dans ce contexte, les symptômes obsessionnels semblent s’accorder à l’humeur s’aggravant dans les périodes dépressives et s’améliorant dans les périodes maniaques. Un éventuel trouble bipolaire doit être recherché si un patient présente un TOC et une dépression, afin d’adapter la prise en charge médicamenteuse et de prévenir les virages maniaques

Certains critères sont en faveur d’un trouble bipolaire :

  • Survenue d’une dépression avant l’âge de 25 ans ;
  • Présence d’épisodes dépressifs fréquents (minimum 3 épisodes) ;
  • Survenue d’un seul épisode maniaque ;
  • Antécédents familiaux de troubles bipolaires ;
  • Dépression post-partum ;
  • Dépression mal soignée par des antidépresseurs.

Pour le bilan initial, le médecin examine le patient et l’interroge sur ses symptômes. Il peut réaliser des examens complémentaires, comme des analyses sanguines, un électrocardiogramme et un électroencéphalogramme.

Est-ce que le trouble bipolaire se soigne ? Quel est le meilleur traitement ?

L’évolution d’un trouble bipolaire est très variable d’un individu à un autre, mais la maladie est souvent associé à un impact fort sur la vie quotidienne et la qualité de vie. Sans traitement, les symptômes récidivent et finissent par s’accentuer. Avec un traitement adapté, les patients peuvent avoir une humeur stable sans répercussion sur la vie familiale, professionnelle et sociale.

La prise en charge d’un trouble bipolaire est multidisciplinaire. Elle fait intervenir plusieurs professionnels de santé comme le psychiatre, le psychologue, l’infirmier, les aides à domicile, etc. Leur objectif, en complément des médicaments, de permettre d’aider le patient à conserver une vie sociale et professionnelle aussi normale que possible. Les patients peuvent être pris en charge à domicile, mais aussi au sein d’ateliers thérapeutiques, d’un centre d’accueil thérapeutique ou encore dans un service d’hospitalisation de jour.

La prise en charge s’appuie sur des médicaments régulateurs de l’humeur et sur un suivi psychologique.

Les médicaments régulateurs de l’humeur les plus prescrits dans la bipolarité sont le lithium, certains antiépileptiques et certains psychotropes (neuroleptiques, benzodiazépines ou antidépresseurs). Des séances d’électroconvulsivothérapie (ou sismothérapie) peuvent être prescrites en complément. Cette thérapie consiste en l’administration de décharges électriques au niveau du cerveau, sous anesthésie générale. Cette thérapie est réservée aux formes sévères de trouble bipolaire ou aux formes résistantes aux traitements.

Parallèlement, un suivi psychologique est mis en place, avec des séances de psychothérapie et des séances de psychoéducation pour le patient et parfois pour ses proches.

Pour en savoir plus sur les troubles bipolaires, visiter notre site spécialisé : site troubles-bipolaires.com

Estelle B., Docteur en Pharmacie

 

Sources
– Trouble bipolaire. www.ameli.fr. Consulté le 22 avril 2024.
– LES TROUBLES BIPOLAIRES. www.frcneurodon.org. Consulté le 22 avril 2024.
– ALD n° 23 – Troubles bipolaires. www.has-sante.fr. Consulté le 22 avril 2024.

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