Hyperuricémie


Rédigé par Estelle B. et publié le 30 décembre 2020

des mains frottant des pieds

L’hyperuricémie est un trouble biologique fréquent dans la population, caractérisée par une élévation pathologique de l’uricémie, le taux sanguin d’acide urique. La forme la plus connue et la plus répandue d’hyperuricémie est la goutte. L’hyperuricémie affecte les articulations et les reins, au travers du dépôt de cristaux d’urate de sodium. La mise en place de mesures hygiéno-diététiques et d’un traitement médicamenteux permet de restaurer une uricémie normale et de limiter les conséquences de l’excès d’acide urique.

Définitions et symptômes de l’Hyperuricémie

Qu’est-ce que l’hyperuricémie ?

L’hyperuricémie, que l’on appelle également excès d’acide urique, est un trouble biologique, qui correspond à une élévation pathologique de l’uricémie. L’uricémie se définit comme le taux d’acide urique dans le sang. L’acide urique est le produit final du métabolisme des purines chez l’Homme. Les purines entrent dans la composition des acides nucléiques, en particulier de l’ADN et de l’ARN. Elles se retrouvent également dans certains pigments végétaux et facteurs cellulaires (les coenzymes).

À savoir ! Les valeurs normales de l’uricémie sont les suivantes :

En pratique clinique, l’hyperuricémie se définit par une valeur de l’uricémie supérieure à 420 micromoles par litre de sang chez les hommes et les femmes.

Dans l’organisme, l’acide urique a plusieurs origines :

  • La synthèse dans le foie de composés puriniques à partir de substances non puriniques ;
  • La dégradation des acides nucléiques (ADN, ARN) ;
  • La dégradation des purines présentes dans l’alimentation, qui représentent environ un tiers des apports puriques de l’organisme.

schéma pour décrire une hyperuricemie

Le maintien de l’uricémie dans des valeurs normales est fonction de l’équilibre entre la synthèse de l’acide urique et son élimination par les urines. Le maintien de cet équilibre est sous la dépendance de facteurs génétiques et alimentaires.

À savoir ! Comme pour de nombreux paramètres biologiques, différents systèmes de régulation permettent de maintenir l’uricémie dans les valeurs normales. Si l’hyperuricémie correspond à une élévation anormale de l’uricémie, il existe également des diminutions anormales de l’uricémie, appelées des hypouricémies. Les principales causes d’hypouricémie sont l’insuffisance hépatique sévère, des maladies génétiques rares, des troubles hormonaux ou la prise de médicaments hypouricémiants.

L’hyperuricémie est un trouble métabolique fréquent, qui concerne entre 5 et 15 % de la population adulte. Les hommes sont beaucoup plus touchés que les femmes, même si l’incidence chez les femmes tend à augmenter après la ménopause.

Les causes des hyperuricémies sont multiples, et impliquent des facteurs génétiques et/ou alimentaires :

  • Des hyperuricémies primitives, qui représentent 95 % des cas :
    • Les hyperuricémies alimentaires, liées à un excès d’aliments riches en purines ;
    • Le jeûne prolongé ;
    • La prise de certains médicaments, comme des diurétiques thiazidiques (médicaments antihypertenseurs), la ciclosporine A (médicament immunosuppresseur) et certains médicaments contre la tuberculose (pyrazinamide, éthambutol) ;
    • Un syndrome de Lesch-Nyhan, une maladie génétique rare caractérisée par un déficit héréditaire en une enzyme, l’hypoxanthine guanine phosphoribosyltransférase) ;
  • Des hyperuricémies secondaires :
    • Une insuffisance rénale chronique ;
    • Les états de déshydratation ;
    • L’acidocétose diabétique (complication métabolique du diabète) ;
    • Une hémopathie (maladie du sang) chronique et traitée, comme une leucémie;
    • Un saturnisme (intoxication chronique au plomb) ;
    • Le psoriasis ;
    • La toxémie gravidique ou pré-éclampsie: cette complication de la grossesse concerne environ 5 % des femmes enceintes et survient au cours du troisième trimestre de la grossesse. Elle associe une hypertension artérielle, la présence de protéines dans les urines, des œdèmes, une hyperuricémie, une chute des plaquettes sanguines, une augmentation de certaines enzymes hépatiques et un retard de croissance in utero. Sans traitement adapté, elle peut évoluer vers une éclampsie et mettre gravement en danger la santé de la mère et de l’enfant.

Quels symptômes ?

schéma des reins

L’hyperuricémie se manifeste dans le corps par l’accumulation d’acide urique et de sels d’urate (la forme conjuguée de l’acide urique à des sels, principalement le sodium ou le calcium). Les sels d’urate sont solubles à pH neutre ou alcalin, tandis que l’acide urique est une substance particulièrement insoluble. Les cristaux de sels d’urate s’accumulent principalement à trois niveaux :

  • Dans les articulations, où ils provoquent des crises de goutte. Les crises de goutte, qui se manifestent surtout au niveau du gros orteil sont responsables de fortes douleurs, d’une importante gêne fonctionnelle et d’une fièvre modérée ;
  • Au niveau des reins, où ils sont responsables de calculs rénaux (lithiase rénale). Progressivement, les dépôts d’urate endommagent les reins ;
  • Dans le cœur et les vaisseaux sanguins. L’hyperuricémie est ainsi considérée comme un facteur de risque cardiovasculaire.

Si seulement 10 % des sujets hyperuricémiques développent des crises de goutte (une proportion qui tend à augmenter avec l’âge), l’hyperuricémie, le plus souvent insidieuse et sans symptômes associés, provoque progressivement des lésions au niveau des reins et du système cardiovasculaire.

L’hyperuricémie représente un facteur de risque cardiovasculaire, indépendant des autres facteurs de risque. Des études ont démontré un lien entre l’hyperuricémie et l’hypertension artérielle. D’autres études concluent à un lien potentiel avec le diabète de type 2 et l’obésité.

Dans les hémopathies malignes, comme les leucémies, les traitements de chimiothérapie peuvent provoquer un syndrome de lyse tumorale, correspondant à la destruction simultanée d’un grand nombre de cellules cancéreuses. Cette destruction provoque la libération de quantités importantes de purines et donc une forte hyperuricémie. Le syndrome de lyse tumorale constitue une urgence médicale en cancérologie.

Diagnostic et traitements de l’Hyperuricémie

Quel diagnostic ?

L’hyperuricémie, en dehors des épisodes de crises de goutte, peut passer totalement inaperçue pendant de longues années, tout en induisant des lésions sur le système cardiovasculaire, les reins ou les articulations. Ce trouble biologique peut donc être découvert de manière totalement fortuite, à l’occasion d’examens sanguins de contrôle ou d’un bilan de santé lors du diagnostic d’une nouvelle pathologie.

Le diagnostic de l’hyperuricémie repose sur le dosage sanguin de l’acide urique, à partir d’une prise de sang veineux. Le dosage des sels d’urate dans les urines est également un élément important du diagnostic. L’examen des urines peut notamment révéler la présence de cristaux d’urate.

Une fois l’hyperuricémie diagnostiquée, des examens complémentaires peuvent être prescrits chez certains patients pour détecter :

  • Des lésions rénales, par des examens d’imagerie de l’appareil génito-urinaire (échographie rénale, urographie, …) ;
  • Des lésions articulaires, en particulier au moment des crises de goutte dans les articulations touchées.

Quels traitements ?

Dès qu’elle est détectée, et même si elle ne provoque aucun symptôme particulier, l’hyperuricémie nécessite une prise en charge adaptée pour limiter les conséquences rénales et articulaires à long terme.

En cas de crise aiguë de goutte, un traitement médicamenteux spécifique est nécessaire, en association avec du repos. Il repose sur l’administration par voie orale de colchicine ou de certains anti-inflammatoires non stéroïdiens sur quelques jours, selon un protocole d’administration précis.

Plus largement, la prise en charge de l’hyperuricémie comprend plusieurs aspects complémentaires :

  • Des mesures alimentaires pour réduire les apports en purines de l’organisme et limiter les apports caloriques à 2 000 kcalories par jour. Il est notamment conseiller de limiter les aliments gras, les abats, les viandes et certains poissons (anchois, sardines) ;
  • La pratique d’une activité physique régulière et adaptée ;
  • La réduction de la consommation d’alcool ;
  • La consommation d’eaux minérales en quantité suffisante, entre 1,5 et 2 litres par jour ;
  • La prescription de médicaments hypouricémiants : il existe différents médicaments en fonction de leur mode d’action :
    • Les médicaments qui favorisent l’élimination de l’acide urique (les uricosuriques), comme la benzbromarone, mais ces médicaments sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale ou de calculs rénaux ;
    • Les médicaments qui inhibent la production endogène d’acide urique (les urico-inhibiteurs), comme l’allopurinol ;
    • L’urate oxydase est un médicament réservé aux hyperuricémies majeures, lorsque les autres médicaments restent inefficaces.

aliments à éviter lorsque l'on à une hyperuricemie

À savoir ! Certaines cures thermales peuvent être bénéfiques pour les patients atteints d’hyperuricémies, car la consommation de certaines eaux favorise l’élimination rénale de l’acide urique.

Le recours à la chirurgie peut être nécessaire dans certaines formes sévères de goutte ou en cas de calculs rénaux sévères.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Un aperçu sur l’hyperuricémie. nutripro.nestle.fr. Consulté le 2 décembre 2020.
– LA GOUTTE. esculape.com. Consulté le 2 décembre 2020.
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